Le tapage nocturne fait un mort, un blessé dans un état critique et un blessé léger
Un travailleur privé de sommeil s'est plaint du bruit, avant de tirer sur une bande de jeunes désoeuvrés.
En pleine nuit, ce vendredi, dans la cité de l'Oly à Montgeron (Essonne), il ne s'est pas fait respecter sans recourir aux armes. Des sirènes des pompiers, du Samu et des véhicules de police trouèrent le silence soudain rétabli. A la lumière tragique des gyrophares, une cinquantaine de proches des perturbateurs se tenait derrière le cordon de sécurité, sidérée.
A l'intérieur de la tour G de la place du Soleil à Montgeron (Essonne), il est 2h30 du matin, les secours comprennent qu'ils ne sauveront pas Ahmed, 31 ans, l'un de ces "jeunes". Son corps sans vie est transporté au commissariat voisin.
Un autre individu est pris en charge dans un état critique, orienté vers un hôpital de la petite couronne parisienne. Un troisième blessé est seulement touché au bras.
Hakim, 25 ans, a tiré avec un pistolet sur un groupe de jeunes
Il était environ 1h du matin, dans le quartier sensible de la Prairie de l'Oly, quand Hakim a tiré avec un pistolet sur un groupe d'excités montés au 2e étage pour le provoquer en frappant à sa porte. Il s'est ensuite retranché chez lui.
Le Raid, troupe d'élite de la police, s'est rapidement déployé autour de son appartement pour le forcer à se rendre peu avant 6 heures du matin. Lors de la perquisition, les enquêteurs de la police judiciaire ont retrouvé une dizaine d'armes, dont plusieurs fusils-mitrailleurs.
A l'origine de ce drame, un tapage nocturne de plus, de trop. Hakim, dont les fenêtres donnent sur la place, interpelle les mineurs et les menace verbalement, tout en exhibant une arme.
La bande se disperse et part chercher les "grands frères" de la cité. Ces derniers décident d'une expédition punitive contre l'empêcheur de tourner en rond.
Les justiciers du quartier montent les étages et sont accueillis par plusieurs coups de feu.
Deux victimes tombent au sol. Deux autres parviennent à fuir en hurlant. Des témoins appellent les secours. "Celui qui a tiré, c'est un mec qui vit là depuis peu; il s'est installé chez sa tante", indique un habitant sous le choc.
"Un petit groupe pourrit la vie de tous les habitants"
Quarante-huit heures plus tôt, dans la cité voisine de Montgeron, au centre commercial de La Forêt, deux hommes ont été blessés par balle dans un règlement de comptes devant un café. Les deux affaires ne sont pas liées, mais Sylvie Carillon, la maire (LR ou UMP depuis 2014) de la commune, a attiré l'attention de la préfecture. "C'est une situation triste et malheureuse, mais elle était prévisible. Nous souffrons d'une baisse d'effectifs dans la police nationale inacceptable sur notre secteur."
L'ancien maire UMP de Montgeron est président du Conseil départemental de l'Essonne depuis le 2 avril 2015. Déjà en matière de transports, il se plaignait déjà des "lenteurs administratives". Lors de son élection, François Durovray révéla une ardoise laissée par l'ancienne majorité départementale socialiste présidée par le PS Jérôme Guedj, impactant les aides sociales : 108 millions d'euros de factures impayées aux établissements de personnes âgées et handicapées du département. Par ailleurs, Guedj remboursait les repas de cantine aux familles des collégiens musulmans s'absentant en période de ramadan, "en vertu du principe de laïcité".
Guedj était joueur de Scrabble à l'Assemblée |
Sylvie Carillon ajoute qu'elle a déjà alerté le préfet et le ministre à de multiples reprises, mais en vain. "Nous avons 12 policiers municipaux qui ne peuvent pas absorber tout le travail de la police nationale, reprend-elle. Un petit groupe de jeunes pourrit la vie de tous les habitants de nos quartiers sensibles. Et après on se retrouve avec des gens qui se font justice eux-mêmes."
Un policier pour 900 habitants. La maire a relancé le ministre de l'Intérieur ce vendredi par courrier et formulé une demande expresse pour doter le commissariat de Montgeron (qui gère aussi les villes de Yerres et Crosne, notamment) de renforts. Une requête appuyée aussi par Nicolas Dupont-Aignan, député (DLF) du secteur.
"Il y a un policier pour 900 habitants sur cette circonscription, détaille le syndicat de police Alliance 91. A Evry, l'une des communes les mieux dotées de l'Essonne, et ancien fief du député-maire Manuel Valls, ancien ministre de l'Intérieur et locataire de Matignon, c'est 1 pour 580 habitants, et quand on sait qu'à Paris on tourne aux alentours d'un policier pour 250 habitants... A cause de ce sous-effectif, nous ne pouvons agir en sécurité et répondre aux attentes de la population." Selon ce syndicaliste, ce qui se passe à l'Oly peut se dérouler ailleurs. "On nous demande de mettre en place la police de proximité, mais sans nous donner les moyens », déplore-t-il.
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