Les professions recommandées aux harceleurs sexuels: la presse et la politique...
LCP avait suspendu Frédéric Haziza
Haziza et le candidat Macron |
Le présentateur de la Chaîne parlementaire (LCP) visé par une enquête suite à des accusations d'agression sexuelle portées par une journaliste, Astrid de Villaines, le 20 novembre 2014, a fait l'objet d'un simple rappel à la loi, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
"Le Parquet de Paris lui a remis une convocation devant le délégué du procureur qui lui a notifié un rappel à la loi", a précisé une source judiciaire, confirmant l'annonce faite par le journaliste dans la matinée sur le site La Règle du jeu.
"Je n'ai jamais été un agresseur sexuel", en a conclu Frédéric Haziza dans une tribune sur ce site, évoquant un "pincement aux mollets blagueur", alors que la journaliste l'accuse d'un pincement à la fesse.
Deux témoins rapportent ce qu'ils ont vu: interrogés par Buzzfeed, ces deux journalistes de LCP présents au moment des faits racontent. Pour l'un : "Je l'ai vu lui attraper la fesse. Elle est partie très choquée", et pour l'autre : "J'étais juste derrière eux deux. Lorsqu'Astrid est passée, Frédéric lui a donné une fessée. J'ai juste entendu le bruit et Astrid crier : Ça va pas Fred, t'es pas bien ? On est en 2014 !" BuzzFeed affirme avoir contacté "douze salariés anciens et actuels de la chaîne" qui estiment que Frédéric Haziza était "coutumier de propos et comportements déplacés" et qui dénoncent "l'influence" et "l'impunité » de cet obsédé.
"Il m'a juste été rappelé, le 11 juillet, qu'il valait mieux éviter désormais les blagues vaseuses", s'est-il amusé à la suite de ce rappel à la loi, une mesure alternative aux poursuites pénales devant un tribunal.
Cet avertissement judiciaire met ainsi un terme à l'enquête confiée par le Parquet à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne après la plainte pour agression sexuelle déposée le 19 novembre dernier par son ancienne collègue de la chaîne, Astrid de Villaines.
Hou la menteuse ! |
Dans un communiqué diffusé sur Twitter, la journaliste et son avocat, Simon Clemenceau, ont dénoncé "une offense pour toutes les victimes d'abus sexuels". "Nous examinerons dans les prochains jours toutes les suites à donner à cette décision" de nature, selon eux, "à décourager toutes les victimes qui hésitent encore" à porter plainte, ont-ils réagi.
"Selon nous, l'infraction est bien constituée, et si elle ne l'avait pas été, le Parquet aurait privilégié le classement sans suite et n'aurait pas décidé de ce rappel à la loi", a commenté l'avocat, sans exclure une éventuelle nouvelle action judiciaire.
Le Parquet a notifié ce rappel à la loi en présence "de versions contradictoires", a, de son côté, affirmé l'avocate de Frédéric Haziza, Jacqueline Laffont. Selon elle, son client a reconnu "qu'il a eu un geste lourd, mais jamais à connotation sexuelle". La confusion entre le mollet et la fesse n'a pas encore été décrite, en effet, dans les ouvrages de psychiatrie dédiés aux déviances sexuelles. Une lacune ?
Dans sa plainte révélée par le site Buzzfeed, Astrid de Villaines expliquait qu'en novembre 2014, Frédéric Haziza lui avait pincé la fesse après lui avoir bloqué le passage dans les bureaux de la chaîne, un geste qui avait valu à l'époque un avertissement au présentateur, selon LCP. Sans doute est-ce une pratique courante, dans le cercle judiciaire, de coincer les jeunes filles entre deux portes et encore plus de se laisser titiller le mollet par un vieux barbon : Haziza a 58 ans. La jeune journaliste affirmait s'être décidée à parler à la faveur du mouvement planétaire #Metoo consécutif au scandale Weinstein et de #BalanceTonPorc.
LCP avait suspendu Frédéric Haziza
Les accusations d'Astrid de Villaines avaient suscité des remous au sein d'une partie seulement de la chaîne. Dans la foulée, elle avait donc suspendu son présentateur, le 21 novembre 2017, avant de le réintégrer, début janvier 2018, avant l'aboutissement de l'enquête préliminaire.
Mais Bernard-Henri Lévy avait apporté son soutien à Frédéric Haziza, issu d'une famille juive d'Algérie, comme Jean-François Kahn, de souche juive alsacienne et qui trouve naturel un "troussage de domestique", à Dominique Strauss-Kahn, né de parents juifs d'origine tunisienne et impliqué dans l'agression sexuelle du Sofitel de New York en mai 2011 : "Qui nous fera croire qu'Haziza est le Weinstein français ? Et comment mettre un signe égal entre ce qui lui est reproché et ce dont on accuse Ramadan? Amitié à Frederic #Haziza"... Amalgames ?
Cette réintégration avait suscité la colère d'une partie de la rédaction, qui avait voté une motion de défiance à l'encontre des dirigeants de la chaîne et motivé, en partie, la décision en février de son accusatrice de démissionner, pour signer un contrat de trois mois au journal Le Monde. Une rupture conventionnelle sera refusée par le PDG de la chaîne, une femme, Marie-Eve Malouines. Celle-ci a été désignée par le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, né à Tunis.
La direction avait justifié cette réintégration par le fait qu'une enquête interne avait conclu que, depuis la sanction reçue en 2014, Frédéric Haziza n'avait pas eu de comportements inappropriés. Et pour cause : il était en télé-travail...
"J'ai toujours contesté cette histoire [de fesse pincée]. Je suis un blagueur, mais ce n'est pas parce qu'on est un plaisantin qu'on est un agresseur sexuel", a estimé Frédéric Haziza. Et d'ajouter que, depuis la plainte, il "ne plaisante plus": "j'ai complètement changé de comportement, je serre à peine la main"...
Sur LCP, Frédéric Haziza anime l'émission "Question d'Info" (en partenariat avec l'AFP et Le Point). Chaque dimanche, il interroge également une personnalité politique sur Radio J.
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