Le président se mure dans le silence, suite aux révélations des brutalités et des privilèges de son favori à l'Elysée
Une série de mises en examen s'annonce
Mensonge de l’Elysée : Benalla assurait encore la protection rapprochée du Président, le 13 juillet à Giverny |
La crise politique provoquée par l'entourage d'hommes en noir du président Macron ne cesse de prendre de l'ampleur, à partir des violences de ses hommes de main, masquées pendant onze semaines, nourrie du silence d'Emmanuel Macron et des rebondissements - dignes d'une république bananière - de l'enquête, avec une possible mise en examen dimanche de son ex-collaborateur à l'Elysée, dans l'attente de l'audition du fusible gouvernemental, Gérard Collomb, lundi à l'Assemblée.
Flagrant délit de violences par deux hommes en noir du président :
Vincent Crase (lunettes sur le front) et Alexandre Benalla (casque et capuche) tabassant un manifestant, le 1er mai à Paris
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Cinq suspects au total doivent être présentés dans la journée à un juge d'instruction. Les 'Men in Black' de Macron, censés protéger son "monde nouveau" sont Alexandre Benalla, filmé frappant des manifestants le 1er mai, en garde à vue depuis vendredi matin, Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie employé de LREM à ses côtés lors de la Fête du travail, et de trois policiers soupçonnés d'avoir transmis à Benalla des images de vidéo-surveillance.
La femme et l'homme frappés le 1er mai ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs.
Alors que les révélations tombent comme si elles n'attendaient que le signal notamment sur les avantages accordés à l'ex-collaborateur de 26 ans (d'un logement quai Branly de fonction et d'un véhicule avec chauffeur à un badge pour accéder à l'hémicycle du Palais Bourbon, en passant par un salaire d'environ 10.000 euros mensuel disproportionné eu égard à son grade au sein de la réserve citoyenne, le chef de l'Etat a provoqué sa plus grave crise politique depuis le début du quinquennat, mais reste mutique.
D'après le Journal du Dimanche, Emmanuel Macron a parlé au téléphone à son chargé de mission préféré, licencié à contre-coeur vendredi matin.
Alors que le porte-parole de l'Elysée, un ex-journaliste connu pour ses parti-pris et sa servilité, Bruno Roger-Petit, avait affirmé seul devant la caméra, jeudi, qu'il avait été après le 1er mai soi-disant "démis de ses fonctions en matière d'organisation de la sécurité des déplacements du président", A. Benalla apparaît sur plusieurs clichés récents au côté de Macron ou du couple présidentiel, notamment le 13 juillet à Giverny (Eure), alors qu'il était déclaré "suspendu" (document 1, ci-dessus). L'Elysée ne fait plus aucune communication.
Les oppositions de droite et de gauche sont montées au front pour demander au président "des comptes", selon les mots de Laurent Wauquiez (LR).
L'affaire est un 'Benallagate' "du niveau du Watergate", considère Jean-Luc Mélenchon, le leader des Insoumis.
Mais le porte-parole du parti du président, La République en marche (LREM), Gabriel Attal, qui fut socialiste et membre du cabinet de la ministre de la Santé Marisol Touraine, argue que si le président s’exprimait "sur cette affaire, on trouverait partout des commentateurs pour s’indigner du poids potentiel de ses mots sur les enquêtes en cours".
"On dirait que (sa parole) interférerait", lui fait écho Marc Fesneau, chef de file des députés MoDem, interrogé dimanche par France Info, et soucieux du qu'en-dira-t-on ! Le Monsieur Propre bien connu du paysage politique, François Bayrou, n'est en revanche pas venu devant micros et caméra bafouiller ses conseils et sentences.
Collomb, bientôt sacrifié sur l'autel du président Macron ?
Le premier à donner sa version des faits ne fait qu'appliquer les ordres. Le ministre de l'Intérieur est attendu lundi à 10h00 devant la commission des Lois de l'Assemblée, qui dispose de prérogatives d'enquête. Les députés d'opposition, qui dénoncent un mensonge jeudi dernier devant le Sénat, ne vont pas manquer de le passer à la question, sans violence, ni arme de poing.
L'Elysée a organisé un déjeuner de crise samedi autour d'Emmanuel Macron, réunissant Gérard Collomb et la ministre de la Justice Nicole Belloubet.
Celle-ci, tremblante, est en première ligne à l'Assemblée, à l'origine sur le projet de révision constitutionnelle, dont l'examen est bloqué depuis jeudi soir, mais à l'arrivée pour transmettre les ordres de l'Elysée, via le premier ministre.
Dans l'hémicycle dimanche matin, les représentants de la nation se livraient encore un bras de fer autour de l'"affaire Macron-Benalla", comme la désigne le patron du groupe LR Christian Jacob.
Dans une atmosphère tendue, les oppositions ont de nouveau réclamé la venue du Premier ministre ou, "au moins", de Castaner, secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.
"On ne lâche pas", assurait-on dans les rangs de la majorité, alors que samedi soir, la séance nocturne avait été écourtée après des heures de dialogue de sourds.
Les élus juppéistes d'UDI-Agir ont en revanche décidé de ne plus "participer à ce triste spectacle". Abstentionnistes ?...
Un affrontement verbal a marqué les esprits: salle des Quatre colonnes samedi en fin de journée, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen et Christophe Castaner ont eu une vive altercation, la première déplorant notamment que ses "amis de LREM refusent" de le convoquer devant la commission d'enquête.
Affaire #Benalla : à l'Assemblée, le ton monte entre Christophe Castaner et Marine Le Pen.— Le JDD (@leJDD) 21 juillet 2018
Vidéo via @Chr_Ollivier pic.twitter.com/o8KqDpfJvf
Il est aussi légitime de souhaiter assister à cette querelle dans son intégralité:
L'hyper-président est-il paradoxalement l'artisan du retour à la IVe République ?
castaner l idiot inutile
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