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mardi 26 novembre 2013

Réforme de la lecture: l'inspection des instits n'est pas fameuse

La critique des enseignants à nouveau possible

20 % des enfants ne maîtrisent pas les fondamentaux en fin de CM2
Le ministre Peillon a-t-il fait une nouvelle erreur de diagnostic? 
Le ministre a prévu de revoir les programmes du primaire, alors qu'il se confirme que c'est la formation des enseignants qu'il faudrait revoir ? Mais Peillon bat en retraite face au mamouth. La question des rythmes scolaires lui a aliéné la grande majorité des instits, alors il refuse de se poser maintenant celles qui les met en cause. La lecture du rapport saignant de l'Inspection générale de l'Education nationale le décidera-t-il à l'affrontement ?

Sous le titre "École primaire : le rapport qui accuse"le site internet du Monde a révélé  la semaine dernière ce qui bloque.
Premiers cités à comparaître : les professeurs des écoles. Ils se sont fait bombarder "professeurs" pour être mieux payés, mais les instituteurs ne sont pas pour autant devenus meilleurs, selon les inspecteurs qui en ont inspecté des dizaines et ont visité autant d'écoles, dans toute la France. Leur jugement est sévère. Il apparaît en fait que tout ce qui va dans le sens d'une plus grande autonomie des établissements est facteur de désorganisation. 
Il faut en outre déplorer que cette dérégulation a favorisé l'interprétation et la dénaturation de la plupart des nouveautés introduites ces dernières années sous la pression pourtant du SNU-ipp.  

Les principaux échecs

La lecture, pourtant priorité des priorités.
Si on fait abstraction du grignotage du temps réél consacré aux enseignements fondamentaux par l'éveil et les animations, la lecture occuperait bien la majorité du temps d'enseignement dans les premières années mais, selon le rapport, "la majorité des maîtres ne dispose pas des cadres théoriques minimaux, ce qui ne leur permet pas d'être lucides quant à leurs pratiques."

En clair chacun bricole dans son coin en fonction de son idéologie personnelle, pour le meilleur et pour le pire, au risque de discontinuité et de confusion chez l'apprenant, sans avoir vraiment métabolisé les tenants et les aboutissants des méthodes préconisées et laissées au libre choix des enseignants, meême débutants qui ne dominent pas le sujet, faute du recul de l'exprience et d'unité des pratiques en travail d'équipe.

La mise en cause de la
 formation nie le besoin d'un choix de méthode unique
L'enseignant revendique le droit d'être seul maître de son enseignement. Livré à lui-même, il n'est pas toujours au point et ne peut prendre en compte le suivi de son enseignement. Et, puisqu'il faut ménager les ego des instits, le reproche qui parcourt les 100 pages du rapport contourne cet état de fait qui nuit à tous les acteurs de l'éducation.  
Le rapport n'est pas non plus exempt 'arrières-pensées politiques
Il s'agit pour les rapporteurs de dénoncer un défaut de formation initiale depuis 2008, date de sa suppression par le ministère Darcos, qui prenait pourtant en compte l'inadaptation des IUFM, obsolètes, théoriques et donc coupés de la réalité concrète du terrain. Le rapport n'est pas non plus le premier à pointer un défaut plus ancien de formation continue à destination des enseignants déjà en poste, sans pour autant rappeler d'une part l'hostilité du SNU-ipp à une formation en dehors des heures de présence et, d'autre part, l'indignation des parents d'élèves qui doivent assurer la garde de leurs enfants pendant les temps de formation des maîtres. Résultat : les principales réformes menées "depuis dix ans" (et bien plus!) donnent des résultats modestes et surtout des avis contradictoires.

Exemple avec les langues vivantes, dont l'enseignement est censé avoir été généralisé. Les intervenants extérieurs, profs de collèges ou de lycées et natifs, ont été écartés pour laissé aus instits la haute main sur les écoles. La réalité de l'enseignement confié à des "professeurs" des écoles non spécialistes, est tellement contrastée et, souvent, tellement décevante, que les inspecteurs se demandent même s'il faut vraiment persévérer. Que dit le rapport? "Cet enseignement a incontestablement une apparence : les programmes, les horaires affichés, une certaine pratique dans les classes, un accompagnement didactique, une validation. Cependant, la réalité sur l'ensemble du territoire est si diverse que l'on peut se poser la question de savoir si les conditions sont réunies pour parler d'un véritable enseignement". Mais pourquoi ce qui est particulièrement vrai de l'enseignement de l'anglais, presqu'exclusivement, n'est-il pas admis de l'apprentissage de la langue maternelle ?  

Idem de l'instruction morale, qualifiée de "variable d'ajustement des horaires"
En clair, on en fait quand on a le temps.
On pourrait encore parler de la réalité du "socle commun de connaissances et de compétences", colonne vertébrale de la loi de 2005.
En fait, ce socle co-existe avec les programmes sans véritablement se confondre avec. On juge donc le scolaire au regard des programmes et on tente d'évaluer les à-côtés à partir du socle.

Le numérique, dont on parle beaucoup ?
Marginal. "Au cycle 2, 10 % des maîtres consultés par questionnaire disent mettre régulièrement leurs élèves en situation d'écrire avec un clavier (c'est une composante explicite du programme) et 54 % reconnaissent ne jamais le faire." Cette pratique est certes un variable d'ajustement, lorsqu'un directeur doit abandonner sa classe pour accomplir ses tâches administratives, mais cette évaluation du numérique est aussi tendancieuse que les autres car les enseignants ont souvent conservé leur engouement initial, d'autant que les logiciels se sont améliorés. Le rapport fait croire que l'usage de l'ordinateur resterait extrêmement limité dans la classe et quasiment réservé aux  enseignants qui s'en serviraient pour préparer leurs cours.
On commence à comprendre que ce rapport tend à dessiner les grands axes des futures coupes budgétaires...

Les plaintes des maîtres

Les inspecteurs ont-ils choisi leurs interlocuteurs ? 
"Manque de matériel aisément mobilisable, nécessité de travailler en groupes réduits dès que l'on recourt au numérique et temps à consentir pour cela". Le temps, qui revient d'ailleurs comme un leitmotiv dans les témoignages des enseignants qui ont le sentiment de courir en permanence après la montre. Ainsi les instits ne voudraient plus travailler à petits effectifs: qui peut y croire ?

Les programmes sont-ils trop lourds ou trop éparpillés ?
Le rapport ne tranche pas. Lourds ou légers, les programmes apparaissent finalement comme une donnée assez fictive. Et cela restera le cas tant que leur mise en œuvre, notamment en cas de changement, ne fera pas l'objet d'actions de formation robustes et massives, prétend le rapport, qui ne se risque pas à préconiser une reprise en main des professeurs.  Ne serait-ce que pour aider certains maîtres à profiter de ce qui est censé faire la force du primaire, à savoir la polyvalence des enseignants. Cette polyvalence ne supposerait-elle pas une révision du programme et des modalités du concours d'entrée dans la carrière? La prééminence du scientifique assure-t-elle en effet le recrutement d'enseignants motivés par l'apprentissage de la tecture ou des langues?

Les auteurs du rapport confirment que la formation demeure théorique. 
Outre que les formateurs se prennent aussi pour des professeurs d'Université face à des auditoires d'étudiants recrutés à la licence qui ne veulent d'ailleurs plus s'en laisser compter, la formation dispensée réussit certes à fabriquer des "hussards noirs de la république", mais échoue à armer les nouveaux maîtres de l'enseignement élémentaire face à des petits "apprenants" que Philippe Meirieu et Lionel Jospin ont placés "au centre du système éducatif" et qui, avec leurs parents, n'entendent pas le restituer aux "sachants. "

Le rapport ressert les critiques tarte à la crème rancies
"Les professeurs des écoles peinent incontestablement à exploiter les avantages liés à leur polyvalence: l'enseignement demeure scindé en champs disciplinaires trop cloisonnés. Les champs transversaux n'ont pas été déminés qu'ils sont prêts à reservir. L'intérêt de réinvestir ce qui a été appris en français vers les sciences ou, réciproquement, ce qui a été découvert en sciences dans des activités liées à la maitrise de la langue est sous-évalué, à moins que cette pratique ne se heurte à une véritable difficulté pédagogique nécessitant de véritables actions de formation." L'idée unique à tous les services ! Le rapport fait du neuf avec de l'ancien.

Enfin, le rapport ne manque pas d'être compassionnel et démagogue

Les inspecteurs s'auto-flagellent. Ils ont le sentiment que certains enfants sont littéralement sacrifiés sans que l'institution ne fasse rien: "Quelques professeurs des écoles, même s'ils sont très rares parmi ceux qui ont été rencontrés, n'ont pas eux-mêmes une maîtrise optimale de la langue, surtout à l'écrit, indiquent les auteurs du rapport. Ni le bac, ni le concours à bac +3 (avant l'année de formation), rien ne les a écartés. La majorité d'entre eux manquent de connaissances, ne perçoivent pas la langue comme un système et n'ont pas la vue d'ensemble qui leur permettrait d'établir une hiérarchisation entre les notions à étudier, une progression, des relations fructueuses entre domaines.

La querelle sur les rythmes scolaires avait-elle besoin de cette polémique?

A quinze jours d'une grève nationale dans le primaire, la parution de ce rapport n'est pas de nature à apaiser les instituteurs...
Cela ferait maintenant sept ans (ne calculez pas: c'est 2007 !) que le ministère ou l'Etat, sous diverses formes, critiquent fortement l'école primaire et le changement annoncé par Hollande n'y change rien. Et, selon certain ce rapport refléterait un formidable cynisme de l'institution qui adresse des reproches à des professeurs des écoles qui n'auraient pas été  formés... 
La vérité est en fait beaucoup plus embarrassante: plus ils sont formés longtemps, plus ils sont inadaptés. Le problème de la formation initiale et continue des enseignants durera aussi longtemps que l'idéologie marxisante  sapera une éventuelle "refondation" de l'école.

Devoir de mémoire
Les "maths modernes" ont commencé leurs ravages dans les années 70. C'est un avatar du structuralisme en sciences humaines et de la pédopsychologie de Piaget. Cette réforme élitiste fut pilotée sans grande concertation au moment de la massification de l'enseignement. Elle fut abandonnées par la plupart des enseignants durant les années 1980.
La méthode "globale" -par opposition à la méthode syllabique- est une méthode dévastatrice d'apprentissage de la lecture et elle a été mise en oeuvre dans les années 80, sous la présidence du socialiste François Mitterrand.

Un cruel constat d'échec pour Jospin (PS) et Meireu (EELV)
Ce Meirieu est l'inspirateur de réformes pédagogiques du PS (instauration des modules au lycée, ainsi que des IUFM au début des années 1990), il y a donc plus de 10 ans, ces années coupables de tous les maux de Hollande et sa bande. Et il continue de sévir en Rhône-Alpes.

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