Hortefeux : «Il n'y a pas d'avenir pour les délinquants»
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a accordé un entretien au Figaro
Il y revient sur les récents épisodes de violences urbaines et met les maires face à leur responsabilité.
LE FIGARO.- La mise à sac de Saint-Aignan démontre que la violence s'empare aussi des campagnes. Cela vous inquiète-t-il?
Brice HORTEFEUX. - Il n'y a pas d'un côté les banlieues, qui seraient au cœur de notre action, et de l'autre le monde rural, dont on ne devrait pas s'occuper. La sécurité, c'est pour tous. Je me suis donc rendu à Saint-Aignan pour rappeler qu'il n'y a pas de territoire négligé, ni de population oubliée, ni de forme de délinquance tolérée. La mort d'un jeune de 22 ans constitue un drame familial, mais face à des exactions inadmissibles, j'ai décidé une présence massive et dissuasive des forces de l'ordre, comme je l'ai fait 48 heures plus tôt en me déplaçant à Grenoble. Ces mesures sont comprises par les populations qui aspirent à vivre tranquillement et dissuadent les délinquants, permettant le retour au calme.
À Grenoble comme à Saint-Aignan, les forces de l'ordre sont critiquées, accusées de «bavure».
Je suis scandalisé des déclarations de certains à l'égard de la police. Ils oublient une réalité. Dans les deux cas, les personnes décédées étaient des délinquants connus. Le premier, à Grenoble, avait été condamné trois fois, venait de braquer un casino, portait un gilet pare-balles et disposait d'un pistolet-mitrailleur. Le second, dans le Loir-et-Cher, affichait le triste palmarès d'une vingtaine de procédures à son encontre. Policiers et gendarmes n'ont fait que riposter à des agressions qui auraient pu être mortelles. Je les soutiens sans réserve. Attention à ne pas inverser les rôles et les responsabilités !
Des socialistes, comme Manuel Valls, veulent un «Grenelle de la sécurité urbaine».
Je suis stupéfait de l'attitude des socialistes, qui semblent réduits à souhaiter l'échec de la politique de sécurité. Pourtant, la lutte contre la délinquance conduite sous l'autorité du président de la République obtient des résultats nets. Légèrement à la hausse il y a un an, la délinquance est aujourd'hui clairement orientée à la baisse. La chasse aux trafiquants de drogue a permis des prises spectaculaires et certains secteurs sensibles ont été sécurisés, comme à Saint-Denis ou à Tremblay. Les services fiscaux traquent désormais ceux qui ont un train de vie sans aucune mesure avec leurs revenus légaux, la menace des bandes est maintenant anticipée. Nous avons même cassé la spirale de la hausse des atteintes aux personnes, fléau auquel n'échappe aucune société postindustrielle. Toutes ces actions ne sont pas dues à une opération du Saint-Esprit, mais à la détermination des forces de sécurité. Au lieu de s'en réjouir, le PS semble le regretter pour une raison que je ne comprends pas ou, au contraire, trop bien. Quelle est sa réponse? J'ai entendu à Grenoble que les socialistes souhaitaient un «Grenelle de la sécurité». Moi, je veux surtout un Grenoble sécurisé. Par tempérament et par conviction, je suis ouvert et respectueux des suggestions des élus. Mais je le dis clairement: nous n'avons pas besoin de «grenelliser» une nouvelle fois, nous n'avons pas besoin de colloques, mais d'action, de fermeté et de résultats sur le terrain.
Des élus affirment que la réponse sécuritaire ne doit pas être la seule.
Justement, que chacun fasse son bilan. Pourquoi certaines villes socialistes refusent-elles encore la vidéoprotection? Où en sont certains élus sur la responsabilisation des parents et la suspension des allocations familiales? Où en sont-ils en matière de rénovation urbaine ou même d'éclairage public, qui fait encore cruellement défaut par endroits? Sans jeter l'opprobre sur telle ou telle gestion, je n'entends pas recevoir de leçons de ceux qui aujourd'hui se réveillent après avoir tant laissé faire.
On vous accuse d'une inflation de lois sécuritaires.
Face aux nouvelles initiatives que j'ai engagées, j'ai reçu des soutiens de toutes les sensibilités et je les en remercie. Je n'ai aucun complexe sur ces textes et souhaite même qu'il y en ait d'autres -je présenterai la LOPPSI au Sénat dès septembre- car les formes de délinquance évoluent sans cesse. Il faut anticiper. C'est le cas pour la loi votée au printemps sur les bandes qui a été appliquée dans les Yvelines et le sera encore à Saint-Aignan. Il n'y a pas que celui qui porte un coup de hache qui est condamnable, mais aussi ceux qui l'ont accompagné en étant cagoulés.
Comment évaluer les dispositifs?
Comme leur a demandé le président de la République, les préfets s'impliquent davantage dans les questions de sécurité. Chaque mois, nous faisons un bilan, département par département, et adaptons nos dispositifs dès que nécessaire. Par exemple, nous allons systématiser la saisie des véhicules de luxe acquis avec de l'argent sale. Quand on recense 350 Ferrari en Seine-Saint-Denis, on est en droit de se poser quelques questions. Je vais aussi demander aux préfets de me rendre compte dans quelle mesure les dispositifs de sécurité et de prévention mis à la disposition des maires des villes de plus de 30.000 habitants sont utilisés ou pas. Il faut faire la différence entre les élus qui parlent et ceux qui agissent. Chacun a le droit de savoir qui fait et qui ne fait pas. Mon message est clair : dans notre pays, il n'y a pas d'avenir pour les délinquants. L'autorité de l'État finit toujours par l'emporter.
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a accordé un entretien au Figaro
Il y revient sur les récents épisodes de violences urbaines et met les maires face à leur responsabilité.
LE FIGARO.- La mise à sac de Saint-Aignan démontre que la violence s'empare aussi des campagnes. Cela vous inquiète-t-il?
Brice HORTEFEUX. - Il n'y a pas d'un côté les banlieues, qui seraient au cœur de notre action, et de l'autre le monde rural, dont on ne devrait pas s'occuper. La sécurité, c'est pour tous. Je me suis donc rendu à Saint-Aignan pour rappeler qu'il n'y a pas de territoire négligé, ni de population oubliée, ni de forme de délinquance tolérée. La mort d'un jeune de 22 ans constitue un drame familial, mais face à des exactions inadmissibles, j'ai décidé une présence massive et dissuasive des forces de l'ordre, comme je l'ai fait 48 heures plus tôt en me déplaçant à Grenoble. Ces mesures sont comprises par les populations qui aspirent à vivre tranquillement et dissuadent les délinquants, permettant le retour au calme.
À Grenoble comme à Saint-Aignan, les forces de l'ordre sont critiquées, accusées de «bavure».
Je suis scandalisé des déclarations de certains à l'égard de la police. Ils oublient une réalité. Dans les deux cas, les personnes décédées étaient des délinquants connus. Le premier, à Grenoble, avait été condamné trois fois, venait de braquer un casino, portait un gilet pare-balles et disposait d'un pistolet-mitrailleur. Le second, dans le Loir-et-Cher, affichait le triste palmarès d'une vingtaine de procédures à son encontre. Policiers et gendarmes n'ont fait que riposter à des agressions qui auraient pu être mortelles. Je les soutiens sans réserve. Attention à ne pas inverser les rôles et les responsabilités !
Des socialistes, comme Manuel Valls, veulent un «Grenelle de la sécurité urbaine».
Je suis stupéfait de l'attitude des socialistes, qui semblent réduits à souhaiter l'échec de la politique de sécurité. Pourtant, la lutte contre la délinquance conduite sous l'autorité du président de la République obtient des résultats nets. Légèrement à la hausse il y a un an, la délinquance est aujourd'hui clairement orientée à la baisse. La chasse aux trafiquants de drogue a permis des prises spectaculaires et certains secteurs sensibles ont été sécurisés, comme à Saint-Denis ou à Tremblay. Les services fiscaux traquent désormais ceux qui ont un train de vie sans aucune mesure avec leurs revenus légaux, la menace des bandes est maintenant anticipée. Nous avons même cassé la spirale de la hausse des atteintes aux personnes, fléau auquel n'échappe aucune société postindustrielle. Toutes ces actions ne sont pas dues à une opération du Saint-Esprit, mais à la détermination des forces de sécurité. Au lieu de s'en réjouir, le PS semble le regretter pour une raison que je ne comprends pas ou, au contraire, trop bien. Quelle est sa réponse? J'ai entendu à Grenoble que les socialistes souhaitaient un «Grenelle de la sécurité». Moi, je veux surtout un Grenoble sécurisé. Par tempérament et par conviction, je suis ouvert et respectueux des suggestions des élus. Mais je le dis clairement: nous n'avons pas besoin de «grenelliser» une nouvelle fois, nous n'avons pas besoin de colloques, mais d'action, de fermeté et de résultats sur le terrain.
Des élus affirment que la réponse sécuritaire ne doit pas être la seule.
Justement, que chacun fasse son bilan. Pourquoi certaines villes socialistes refusent-elles encore la vidéoprotection? Où en sont certains élus sur la responsabilisation des parents et la suspension des allocations familiales? Où en sont-ils en matière de rénovation urbaine ou même d'éclairage public, qui fait encore cruellement défaut par endroits? Sans jeter l'opprobre sur telle ou telle gestion, je n'entends pas recevoir de leçons de ceux qui aujourd'hui se réveillent après avoir tant laissé faire.
On vous accuse d'une inflation de lois sécuritaires.
Face aux nouvelles initiatives que j'ai engagées, j'ai reçu des soutiens de toutes les sensibilités et je les en remercie. Je n'ai aucun complexe sur ces textes et souhaite même qu'il y en ait d'autres -je présenterai la LOPPSI au Sénat dès septembre- car les formes de délinquance évoluent sans cesse. Il faut anticiper. C'est le cas pour la loi votée au printemps sur les bandes qui a été appliquée dans les Yvelines et le sera encore à Saint-Aignan. Il n'y a pas que celui qui porte un coup de hache qui est condamnable, mais aussi ceux qui l'ont accompagné en étant cagoulés.
Comment évaluer les dispositifs?
Comme leur a demandé le président de la République, les préfets s'impliquent davantage dans les questions de sécurité. Chaque mois, nous faisons un bilan, département par département, et adaptons nos dispositifs dès que nécessaire. Par exemple, nous allons systématiser la saisie des véhicules de luxe acquis avec de l'argent sale. Quand on recense 350 Ferrari en Seine-Saint-Denis, on est en droit de se poser quelques questions. Je vais aussi demander aux préfets de me rendre compte dans quelle mesure les dispositifs de sécurité et de prévention mis à la disposition des maires des villes de plus de 30.000 habitants sont utilisés ou pas. Il faut faire la différence entre les élus qui parlent et ceux qui agissent. Chacun a le droit de savoir qui fait et qui ne fait pas. Mon message est clair : dans notre pays, il n'y a pas d'avenir pour les délinquants. L'autorité de l'État finit toujours par l'emporter.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):