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mardi 13 septembre 2011

Isabelle Prévost-Desprez, une juge politique de combat

L'Etat est-il 'violable' à l'envi,
mais la presse et la magistrature intouchables ?


La démocratie d'influence
s'auto-détruit
à vouloir se substituer
à la démocratie élective

L'opposition ne manque pas de ressources

Isabelle Prévost-Desprez est juge et partie dans l'affaire
La présidente du tribunal a cru pouvoir mettre en cause le Chef de l'Etat en déclarant à deux journalistes du Monde qu'elle avait deux témoins pour assurer que le président de la République était allé en personne chercher de l’argent en liquide chez Liliane Bettencourt. Les deux lascars s'étaient empressés de publier ces allégations, parmi d'autres, dans un thriller politique. L'un, Fabrice Lhomme, s'était déjà distingué dans cette affaire, lorsque Mediapart en faisait ses choux gras, et l'autre, Gérard Davet, s'est porté en avant, quand le premier a transporté l'affaire avec lui au journal Le Monde qui l'a relancée.

Mais la juge a reçu un camouflet avec deux démentis, l'un de celle qui était supposée avoir assisté à la scène, l'infirmière, et l'autre de celle qui aurait prétendument reçu ses confidences, la greffière de la magistrate. L’affaire Bettencourt aurait donc pu se rendormir à Bordeaux, mais Isabelle Prévost-Desprez est une militante et ne lâcha pas prise: la campagne des primaires socialistes servant de caisse de résonnance, l'affaire a redémarré sans crier gare sur la place publique comme un incendie mal éteint attisé par des pompiers pyromanes.

Le feu est reparti où on ne l'attendait évidemment pas
La juge d’instruction parisienne Sylvia Zimmermann a probablement auditionné Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, et Bernard Squarcini, patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), soupçonnés d’avoir espionné Gérard Davet, l’un de ces deux journalistes du Monde chargés d'alimenter ce sulfureux dossier. Ces hauts fonctionnaires auraient donc enfreint la loi du 4 janvier 2010 sur la protection des sources des journalistes.
Or, Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur soi-même, est venu éclairer la lanterne des malveillants, expliquant que l'Etat ne peut rester les "bras ballants" quand fuitent ses services et qu'il se doit de procéder à des « repérages de communications » pour identifier le traitre.

Ce double rebondissement est symptomatique de ce que le Parti socialiste attend de ses primaires, une pré-campagne dans la campagne présidentielle
Le premier spectacle des six marionnettes socialo-radicales, organisé pendant trois longues heures et sur le service public, n'est pas seulement en temps d'antenne exorbitant. Il confirme que les candidats n'ont rien à dire pour se distinguer mais que cette primaire est une opportunité pour accabler le pouvoir: le gentil Hollande a tenté de se construire une stature présidentielle en adressant ses attaques au Chef de l'Etat plutôt qu'à ses concurrents, incitant ceux-ci à l'imiter et détournant ainsi le débat de son objectif des primaires.
Lien PaSiDupes
Le probable candidat Nicolas Sarkozy doit donc s’attendre à bien d'autres attaques frontales et plein écran. Aussi n’est-il pas surprenant que quelques poids lourds du gouvernement – François Baroin, Valérie Pécresse et Alain Juppé – jouent leur rôle de cordon sanitaire contre l'infection de gauche, alors que le chef de l’État se tient aux commandes, occupé à la fois par la situation au Proche Orient et par la crise économique et financière internationale -et singulièrement européenne-, au service de tous les Français.

Le PS, par la voix de François Hollande, en a entre autres profité pour accuser le pouvoir de main-mise sur la justice.
Classique, direz-vous. Mais alors qu'il est aux prises avec des affaires judiciaires fort peu reluisantes, Jean-Noël Guérini (" prise illégale d'intérêts ", " trafic d'influence " et " association de malfaiteurs " ) et Sylvie Andrieux à Marseille ou Robert Navaro à Montpellier (malversations et abus de confiance), soutien de François Hollande à la primaire socialiste et membre de son équipe de campagne depuis août 2011, l'ex-premier secrétaire passif du PS s'est payé le luxe insensé d'assurer qu’il y aurait " à l’Élysée, au côté même du président de la République, une cellule qui, avec la police, avec la justice, ferait pression pour que des affaires soient lancées et d’autres étouffées ". Au moment où la militante de l'USM, la juge Prévost-Desprez, fait des siennes, l'accusation ne manque pas de sel et ces accusations sont graves de la part d'un candidat à la fonction suprême…

D'autant que le PS porte encore les stigmates des écoutes téléphoniques pratiquées dans les années 1983-1986 par une cellule placée auprès du président François Mitterrand et dirigée par Christian Prouteau. Le PS renvoie la pareille à la majorité: il sait d'expérience que le parti au pouvoir est tenté d'imposer des freins à la justice pour qu’elle se hâte lentement. Ce fut le cas dans l’affaire Urba… jusqu’au vote d’une amnistie. Le PS refait donc le coup, sans pouvoir administrer la preuve de ce qu'il avance.

Le remake socialiste est en cours de tournage
Avec l’affaire Bettencourt
, le PS met en scène Éric Woerth, à l’époque ministre du Travail, et Nicolas Sarkozy, au cours de l’été 2010.
Selon le scénario, un témoin, Claire Thibout, comptable vénale de Mme Bettencourt,la richissime vieille dame de l'histoire, inscrit au PV la remise d’argent en liquide, via Éric Woerth, pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Mais, en vérité, la greffière admet avoir peut-être interprété ses propos ! En effet, l’infirmière de la vieille dame aurait d'abord confirmé, mais seulement...hors PV. Puis, à la suite, selon elle, de menaces de mort, elle ne voudrait plus rien dire. La justice est ainsi à la merci des élucubrations d'acteurs en quête de notoriété. Mais lorsque les artistes sont des fonctionnaires du théâtre national, on se dit que la réforme de la justice ne peut rien quand la politique gangrène ses membres.

La juge Prévost-Desprez – qui a entendu ces deux employées dans le cadre du supplément d’information délivré pour abus de faiblesse – l’a permise, voire encouragée. A-t-elle d'ailleurs résisté au plaisir de la restituer, affirme-t-elle, dans le livre des deux journalistes. Voici l'exposé de son sentiment : " Ce qui m’a frappée, c’est la peur des témoins. Ils avaient peur de parler sur procès-verbal à propos de Nicolas Sarkozy. "
Puis vient la bombe incendiaire : " L’infirmière de Liliane Bettencourt a confié à ma greffière après son audition par moi : j’ai vu des remises d’espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais le dire sur PV. […] Bref, ce procès représentait pour l’Élysée un risque majeur. […] Il était impératif de me débarquer. " C'est la somme des troubles personnels et des ragôts douteux de protagonistes sans foi ni loi pour en arriver à se poser en victime.
Lien PaSiDupes

Isabelle Prévost-Desprez n'est pas une débutante
Elle a instruit à Paris plusieurs dossiers sensibles comme l’Angolagate (avec Philippe Courroye, aujourd’hui procureur de Nanterre où elle est présidente de Chambre) ou l’affaire du Sentier II, dans laquelle elle avait mis en examen -mais un peu vite - le patron de la Société générale, Daniel Bouton.
À Nanterre, elle a eu aussi à juger l’affaire du piratage du compte bancaire de Nicolas Sarkozy. La juge s'était illustrée en décidant que ce dernier n’étant pas une victime comme les autres, il ne pouvait prétendre à des dommages et intérêts: selon cette juge de choc, la justice n'est donc pas la même pour tous !

Isabelle Prévost-Desprez ne manque pas d'assurance
Mais ce petit chef du Tribunal de Nanterre, protégé de l'USM et de Régnard, est semble-t-il expéditif et un peu léger.
Ainsi, dans l’affaire Bettencourt, ses révélations sont-elles visiblement en carton-pâte, plutôt qu’en béton. Lorsqu’elle reçoit, au cours de l’été 2010, le témoignage de sa greffière, qui elle-même le tient de l’infirmière, le respect de la procédure voulait qu'elle consigne les deux témoignages au PV. Hors procédure, leurs affirmations n’ont évidemment aucune valeur juridique et semblent ajoutées dans l''intérêt' de la cause. Entendues la semaine dernière par la PJ, à la demande des juges bordelais, les deux femmes ont d'ailleurs démenti la juge Isabelle Prévost-Desprez.

À quel jeu la magistrate joue-t-elle ?
Croit-elle tenir le rôle de toute une vie dans cet emploi de victime d’une affaire d’État qui la dépasse ? Après toutes ses précédentes répliques, ne clame-t-elle pas qu'ON voulait la “ débarquer” ? Il semble bien plutôt que, dans cette intrigue tortueuse où sa tirade portait sur un éventuel 'abus de faiblesse', elle se soit écarté de son texte pour se livrer à des digressions sur un éventuel 'trafic d’influence' ou un 'financement politique' illicites. Aucune de ces deux infractions imputées à Éric Woerth ne pouvait certes laisser indifférent le gouvernement auquel il appartenait. D’autant que l’élu UMP était spécialement exposé, puisqu'il devait mener à bien la réforme des retraites.

Les rebondissements du feuilleton Bettencourt laissaient incrédule, tant ils étaient partisans.
Les 'révélations'du site trotskiste Mediapart et du journal socialiste Le Monde n’en finissaient pas de distiller des 'informations' exclusives, mais sans preuves. En juillet, Le Monde publia des extraits de PV du gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, sans que personne ne s'étonnât ou s'indignât de trouver ces pièces du dossier dans la presse.
La séparation des pouvoirs, ça va bien un moment, tant que la justice instruit et ne s'étale pas dans les media. A l’Élysée, on considéra alors que le temps n’était plus à l'angélisme.

Qui organise ces fuites ?

Les services jouent leur rôle d'auto-protection et ciblent bientôt un membre du cabinet de la Garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie. Décision est prise Place Beauvau, en liaison avec le patron de la DCRI, Bernard Squarcini, d’adresser une réquisition à l'opérateur Orange pour obtenir les “fadettes” de ce fonctionnaire. Grâce à ces relevés téléphoniques, on découvrit de fréquents appels entre le conseiller de la ministre de la Justice et un certain Gérard Davet, le journaliste du Monde.
La DCRI s'en serait tenue à l'identification du correspondant privilégié du haut fonctionnaire. Sauf que l’instruction de la juge Sylvia Zimmermann démontrerait que la DCRI s’est d’abord intéressée aux relevés téléphoniques du journaliste, et non pas à ceux du serviteur de l'Etat.

Comme la juge, cette direction n'aurait pas respecté la procédure
La DCRI aurait en effet enfreint la loi du 4 janvier 2010 sur le secret des sources des journalistes, qui dispose : « Il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d’intérêt public le justifie. » Mais suppose-t-elle qu'on puisse impunément porter atteinte directement ou indirectement au services de l'Etat ?
Lien PaSiDupes

La presse est mieux protégée que l'Etat
Alors que, sans entraves, le juge jouit de son indépendance et le journaliste de libertés exorbitantes, la loi ne met pas le pouvoir à l'abri des trahisons internes et des fuites. Elle ne prévoit que les cas extrêmes d'atteinte à la sûreté de l’Etat ou de menace terroriste.
La loi n'envisage donc pas la déstabilisation politique de l'opposition. Ce n'est pas tant que le législateur ne parviendrait pas à imaginer l'opposition capable de bassesse, mais bien plutôt qu'il se réserve la liberté de s'y livrer à son tour le moment venu.

Le secret des sources maintient une double faille dans l'Etat
Dans un entretien accordé à Libération, le délégué général de la Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité l’a dit clairement : « Si nous avions été consultés, nous aurions rendu un avis défavorable [pour obtenir les listings téléphoniques du journaliste]. » Les services de l'Etat sont donc ouverts à tous les vents mauvais et cafards visqueux.

Les pseudo-révélations de la juge Prévost-Desprez ont cependant permis à la majorité de donner de la voix. Faiblement.

1 commentaire:

  1. Etes vous sur que ceci a été écrit en septembre 2011 ? :-)

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