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lundi 6 janvier 2020

Harcèlement sexuel: les députés ne s'épuisent pas surtout au travail

L'Assemblée reconnaît de "nombreuses" situations

Face à des conditions propices au harcèlement moral ou sexuel,
 

Les ronflements de députés alimentent l'antiparlementarisme 

travail de nuit, promiscuité, relation de pouvoir, etc..., l'Assemblée nationale muscle son dispositif. Mais, deux ans après #MeToo, les collaborateurs s'alarment de situations encore "nombreuses et préoccupantes". Et encore, seul(e)s sont en cause des adultes.

"Un cas de harcèlement, c'est déjà trop, il faut que ça s'arrête," s'étrangle d'emblée Brayen Sooranna, représentant CFDT des quelque 2.000 "petites mains", hommes et femmes vaccinés qui assistent les élus du Palais Bourbon, sur place ou en circonscription : bien évidemment, ils ne sont recrutés qu'au vu de leurs seules compétences, mais la plupart ont des ambitions politiques et nombreux sont les députés qui ont commencé comme collaborateur ou collaboratrice d'élu. Les moyens mis en oeuvre par les uns pour parvenir à leurs fins, comme ceux exigés par les autres, renvoient au monde interlope de la nuit qu'imaginent les électeurs et qu'évoquent les carrières de starlettes soi-disant tombées aux mains de tous les Harvey Weinstein ou Gabriel Matzneff qui n'ont qu'à se baisser pur ramasser des Adèle Haenel et autres Vanessa Springora, qui vingt et trente ans plus tard crient leur dégoûts d'elles-mêmes. Les unes et les autres font tout-à-coup oeuvre de salut public, quand, lesbiennes ou féministes, elles ne sont pas mues, avant tout, par la haine du sexe opposé. 

La presse se fait rarement mais régulièrement l'écho de procédures aux prud'hommes à l'encontre de députés 

Comme dans les cas de pédérastie ou/et de pédophilie - on pense à Daniel Cohn-Bendit et Gabriel Matzneff ou Frédéric Mitterrand - , les dossiers ne sont qu'entr'ouverts et traités de manière allusive, tel celui de la LFI Muriel Ressiguier dernièrement (en novembre 2019, deux anciennes attachées parlementaires de la communiste Muriel Ressiguier, leur bourreau au Parti de gauche, l'attaquent aux prud'hommes pour motif de licenciement abusif et de harcèlement moral) ou, plus ancien, de Clémentine Autain, fille d'actrice (et petite-fille du fondateur du Front national pour l'Algérie française) et de chanteur, victime d'un viol à l'âge de 23 ans, et collaboratrice d'un sénateur, puis d'une conseillère de Paris. 

Des accusations démenties à chaque fois par les intéressés, certains portant plainte pour "dénonciation calomnieuse", comme cet ex-Cap21 toulousain, Pierre Cabaré (62 ans, LREM), vice-président de la Délégation de l'Assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Il n'existe pas de statistiques du harcèlement à l'Assemblée.
En matière de sexualité, la transparence n'est pas du voyeurisme et encore moins qu'ailleurs à l'Assemblée. Le 30 janvier 2019, dans son rapport annuel remis au Président et au Bureau, la Madame Déontologie du Palais Bourbon avait pourtant indiqué avoir en moyenne deux rendez-vous par mois avec des personnes se disant victimes, principalement de harcèlement... moral. L'honneur est-il sauf ?

Depuis 2013, cette personnalité indépendante - on peut donner son nom, Agnès Roblot-Troizier (non pas sexologue, ni psychologue, mais juriste) : elle n'est pas islamiste -  a en sus de ses attributions (conflits d'intérêts, contrôle des frais de mandat...) une mission de lutte anti-harcèlement, avec un "référent". 

Au vu d'un dispositif "insuffisant" de son propre aveu, et après des alertes répétées, une cellule "de prévention et d'accompagnement", avec un médecin, un psychologue et un juriste spécialisé - c'est du lourd ! - est lancée en janvier, conformément à un vote des députés au printemps. En accord avec la victime, la cellule pourra transmettre son analyse à la déontologue.

En matière de harcèlement sexuel, la collaboratrice parlementaire de la députée Danièle Obono (LFI), Mathilde Julié-Viot, du collectif "Chair collaboratrice" (un jeu de mots malin qui en dit long du sérieux du problème), qui a lancé un site recensant les cas de sexisme en politique et qui avait dénoncé fin mars la persistance de ces phénomènes, estime que les choses n'ont pas évolué en dépit de la vague #MeToo: "messages à connotation sexuelle" et agressions "comme des mains aux fesses" restent d'actualité. Tous les députés ne sont pas des Brad Pitt...

Des harceleurs sont même "promus ou maintenus", s'offusque la collaboratrice. "Je ne vois aucun mec grillé !", s'étonne-t-elle, alors que "dès qu'une femme bouge un neurone cil, il y a une plainte".  Ainsi, bonne nouvelle, les "pots à tabac" seraient-elles également portées sur la bagatelles: simplement, elles réclament l'impunité ?

Le harcèlement moral a "explosé sous cette législature"
Résultat de recherche d'images pour "deputés endormi bancs Assemblée"
Surmenage de député (ou ministre) : est-ce crédible ?
Astrid Morne (UNSA-USCP, Union Syndicale des Collaborateurs Parlementaires) le dénonce, évoquant "une constante malheureuse" en matière de harcèlement sexuel, plusieurs groupes étant concernés.
De février 2018 à octobre 2019, "34% des collaborateurs sont partis", souligne un autre responsable syndical. "Ceux qui font la loi ne la respectent même pas" et la "seule échappatoire est de partir" face à un supérieur hiérarchique qui a "droit de vie ou de mort sur votre contrat de travail". 

Dans la majorité, on renvoie certains conflits député-collaborateur à un enjeu de "compétences" et de "compréhension" de la fonction. Un jeune collaborateur, qui ne pointe aucun sexe en particulier - toutes les options sont ouvertes -, raconte avoir subi un processus "toxique": ce sont des "petites remarques", puis "on vous rabaisse" et ensuite viennent des "brimades en public"... aboutissant à une "perte de confiance". Et, très "fashion", le burn-out ? On se croirait chez Orange...

De Rugy et Ferrand successivement auraient des verges à donner à fouetter
Les syndicats déplorent un certain manque d'allant au plus haut niveau de l'institution, qui n'est pas employeur des députés. Ils espèrent que la nouvelle cellule ne sera pas "de l'affichage", déplorant ne pas y être associés.

"Deux points essentiels" manquent, affirme en outre l'assistant parlementaire Les Républicains Gonzague de Chantérac (CFTC Parlement): un lien avec l'inspection du travail, qui ne peut pas intervenir à l'Assemblée, et la capacité de saisir la justice. "Si c'est une marche supplémentaire pour atteindre la déontologue (...), c'est décevant", abonde Mathilde Julié-Viot.

La Fondation Jean Jaurès (PS) a épinglé l'Assemblée mi-décembre pour la "lenteur" de sa réponse, soulignant que l'institution "ne paraît pas déterminée" à des sanctions en interne, contrairement au Parlement européen et au Sénat.
"On privilégie le droit commun avec une saisine de la justice plutôt que des petits accommodements pour régler en interne des sujets de nature pénale", rétorque l'entourage du président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM). Et de souligner que la cellule, "parfaitement indépendante", pourra aider les potentielles victimes à porter plainte.

Co-signataire en 2008 d'une proposition de loi visant à interdire la chasse à courre, le député LFI de l'Ariège Michel Larive, qui a présidé un groupe de travail consacré notamment à ces questions, pousse - comme les syndicats - pour une meilleure formation des députés-employeurs. Il note une volonté des députés "d'essayer de réagir". "Pas d'omerta", assurent des élus de divers bords.

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