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mardi 14 janvier 2020

Enquête judiciaire suite au croche-pied volôntaire de policier sur manifestante à Toulouse

Le policier malveillant a été filmé en action collective

Une enquête disciplinaire est en cours : un avertissement ou un blâme est "envisageable" 

Filmée par un internaute, à défaut de presse institutionnelle suffisamment respectueuse de la déontologie professionnelle, la scène a tourné sur les réseaux, sans qu'elle puisse être censurée, ni tronquée. Le 9 janvier à Toulouse, lors d'un rassemblement contre la réforme des retraites, un policier a délibérément fait chuter une manifestante en lui faisant un croche-pied. 

Le geste malveillant a été réalisé en équipe et en deux temps : un scénario bien huilé dans lequel un premier policier pousse la personne visée brutalement en avant, tandis qu'un second venant en sens opposé laisse traîner un pied pour parachever l'opération de déséquilibre. Au football, la faute est sifflée instantanément et le coupable exclu sur le champ. Dans la police, les faits de violences policières sont mieux tolérés...
L'agent en cause a pourtant été identifié, mais il faut qu'une enquête disciplinaire soit ouverte pour que soit prononcé un simple avertissement ou qu'un blâme sans conséquences puisse être envisagé. 

Christophe Castaner a fait référence à cette vidéo lors de ses voeux à la police nationale lundi. 
Pour la énième fois et dans un flot de paroles prononcées sans respirer, le ministre apparent de l'Intérieur a rappelé les forces de l'ordre au devoir d'"exemplarité", avec un "usage juste et proportionné de la force". Rien de nouveau : des grands mots donc, pour ne rien dire. "C'est l'honneur de la police qui est en jeu, on ne fait pas de croche-pied à l'éthique, sauf à s'abaisser", a assuré le ministre adjoint à Laurent Nuñez-Belda.  

Les violences et brutalités policières contraires à la loi française!

Cela va-t-il mieux en le disant ? 
Dimanche soir, Edouard Philippe, tout en affichant sa "confiance" aux forces de l'ordre, a lui aussi rappelé que lorsqu'il est "fait un usage disproportionné (de la force), alors il doit y avoir enquête, et sanction le cas échéant.
Macron demande des "propositions" pour... "améliorer la déontologie..."

Dans le "même temps", la famille de Cédric Chouviat s'est déclarée déçue que les policiers impliqués ne soient pas suspendus... 
Mardi 14 janvier, Castaner a reçu la famille du livreur mort à 42 ans des suites d'une interpellation musclée par la police.  Mediapart révèle que le père de la victime compte demander au ministre de l'Intérieur l'interdiction du plaquage ventralparfois avec une clé de bras ou un menottage dans le dos, une technique d'immobilisation décriée et abandonnée dans d'autres pays démocratiques, car jugée dangereuse.  La Suisse et la Belgique l’ont par exemple interdite, mais pas la France.

"Je n’attends pas grand-chose du ministre qui est dans le déni des violences policières, a déclaré Christian Chouviat au media trotskiste en ligne. Mais je vais m’adresser au père de famille et lui demander s’il trouve normal qu’un fils qui part le matin au travail, ne rentre pas le soir parce que les policiers l’ont tué ?"

Au moment de l’intervention des pompiers, Cédric Chouviat était déjà en état de mort cérébrale, faute d’oxygène. Les premiers résultats d’autopsie ont ensuite révélé une asphyxie avec fracture du larynx. "Une mort atroce et extrêmement violente", ont commenté les avocats de la famille, qui dénoncent une "bavure policière".

La presse aux ordres banalise la bavure policière mortelle

Le livreur n’est pas la première victime du plaquage ventral, peut-on lire. 
Adama Traoré était déjà mort étouffé sous le poids de trois gendarmes, en 2016. 
Bien avant le décès du jeune délinquant, en 1998, il y avait déjà eu la mort de Mohamed Saoud, qui avait valu à la France une condamnation par la Cour européenne des droits de l’Homme en 2007. 
En 2018, la France avait de nouveau été condamnée pour le décès dans des conditions similaires d’Ali Ziri. 

Depuis des années, Amnesty International alerte sur le danger que représente le plaquage ventral. L’association Acat (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) livre le même combat et milite elle aussi pour une interdiction. 

Pour l’instant, la technique est seulement strictement encadrée par une circulaire de 2008 complétée en 2015. Le texte indique que "la compression - tout particulièrement lorsqu'elle s'exerce sur le thorax ou l'abdomen - doit être la plus momentanée possible et être lâchée dès que la personne est entravée par les moyens réglementaires et adaptés". 
Le 8 janvier, Christophe Castaner a déclaré attendre la fin de l’enquête sur la mort de Cédric Chouviat - et un éventuel décès supplémentaire - pour éventuellement reconsidérer la pratique du plaquage ventral. "S’il est établi qu’une technique, quelle qu’elle soit, et je ne suis pas dans l’affirmative, peut générer la mort d’un homme, évidemment nous étudierons la question de suspendre cette technique", a-t-il pris le risque d'indiquer, dans l'incapacité de prendre une décision qui braquerait les policiers sur lesquels s'appuie le régime.

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