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dimanche 2 décembre 2018

Gilets jaunes : les syndicats avaient cautionné le rassemblement du 1er décembre qui a tourné à l'émeute

Après leur rencontre avec Edouard Philippe, les syndicats dépités avaient appelé la population à se joindre au rassemblement

La CGT a appelé "tous les citoyens, les salariés actifs et retraités" à grossir les rangs de la manifestation prévue le samedi 1er à Paris 

Appel  de la CGT, avec mots d'ordre particuliers (image) 
Comme d’autres, les organisations syndicales ont été reçues, vendredi 30 novembre, par le premier ministre, Edouard Philippe, dans le cadre de la préparation de la concertation décentralisée que l’exécutif accepte sous la pression de mettre en place. Et comme d’autres, elles sont reparties déçues de ce rendez-vous censé apporter un élément de réponse au sujet controversé de la sur-fiscalité sur les carburants, élargi au pouvoir d’achat défendu par mouvement des 'gilets jaunes'.

"On a redit qu’il fallait des mesures concrètes. On ne rentre pas dans un processus s’il n’y a pas de marge de manœuvre pour des mesures réelles pour les travailleurs", a expliqué, pour la CFDT, Laurent Berger, le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), à sa sortie de Matignon. Il est pourtant celui qui se montre le plus ouvert à cette idée de dialogue au plus près du terrain entre associations, corps intermédiaires, élus, Etat et protestataires dont il a lui-même proposé l’idée. Mais "à une seule condition", a-t-il prévenu, sur la défensive, "que ça ne soit pas un jeu de dupes".

Ses homologues sont plus réticents. 
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"Les grand-messes qui associent tout le monde, ce n’est pas trop ma tasse de thé. J’ai peur qu’on noie le poisson dans l’eau", considère Yves Veyrier, le nouveau secrétaire général de Force ouvrière (FO), ci-contre, à gauche, qui ne pouvait être présent vendredi. 

Le président de la Confédération française de l’encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC),

François Hommeril, est aussi critique (ci-contre, à droite): "Je ne suis jamais contre discuter, mais on est comme les médecins de Molière : on va se retrouver autour du corps malade de la société française pour parler de la taille du bouton ou de la marque du thermomètre. Si c’est ça, ça n’a aucun intérêt. Ça doit se faire sur la politique économique du gouvernement avec laquelle nous sommes en total désaccord."

Le gouvernement jugé "hors sol"

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La Confédération générale du travail (CGT) est hostile. "On veut des réponses immédiates et pas des comités Théodule, explique Fabrice Angei, ci-contre en noir, membre du bureau confédéral de la centrale de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le gouvernement ne peut pas jouer la montre jusqu’à ce que le mouvement s’épuise. Il ne prend pas la mesure de ce qui se passe dans le pays. Il est hors sol et le montre." Pour lui, "seule la mobilisation peut le contraindre à changer son fusil d’épaule". La CGT a appelé "tous les citoyens, les salariés actifs et retraités" à venir, samedi, grossir une manifestation prévue de longue date à Paris contre le chômage et pour le pouvoir d’achat.


Les syndicats en ont aussi profité pour pousser leurs revendications. 
Comme le président de l'UDI et la député LREM, Brigitte Bourguignon, ou les présidents de région, FO a réclamé un "moratoire" sur la hausse des taxes sur les carburants prévue au 1er janvier. 
Avec la CFDT, elle a aussi demandé la généralisation de la prime pour les transports pour les salariés contraints de prendre leur voiture pour aller au travail. 

A la différence de Philippe Portier, CFDT, qui estime qu’Edouard Philippe s’est montré "ouvert", Michel Beaugas, FO, souligne que "le premier ministre n’a pris aucun engagement" sur le sujet. 

Entre rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et suppression de la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour les retraités, la question de la revalorisation des salaires a également été très présente. Mais, déplore M. Beaugas, "le premier ministre a rappelé qu’il ne faut pas augmenter le coût du travail". Une fin de non-recevoir, selon lui. 

Ces derniers jours, plusieurs confédérations ont regretté l’absence de "coup de pouce" sur le SMIC. Le salaire minimal sera seulement revalorisé de façon automatique au 1er janvier, comme c’est le cas depuis années, a déclaré E. Philippe mardi.

Au-delà du fond, la forme a aussi dérangé. 
D’ordinaire, ce type d’annonce survient après qu’un avis consultatif a été donné par une instance réunissant les partenaires sociaux. Au moment où l’exécutif veut signifier qu’il ne dédaigne pas les corps intermédiaires, comme cela lui a été reproché, c’est au mieux "maladroit" de la part du premier ministre, pointe M. Veyrier. "Cela montre la réalité du mépris que le gouvernement a envers les acteurs sociaux", estime pour sa part M. Angei.

S'il est reproché au mouvement des "gilets jaunes" de ne pas être structuré, voire trop divers, et d'être un interlocuteur insaisissable, que dire des syndicats qui avancent en rangs dispersés malgré leurs cotisations, leur presse et leurs subventions ?

Qui a appelé à se joindre au rassemblement du 1er décembre ?
Outre l'association lycéenne UNL, proche de l'UNEF, FO Transports (FO-UNCP), troisième syndicat du secteur, a appelé à rejoindre le mouvement, contrairement à la CFDT Transports, majoritaire. 

De son côté, la CGT avait appelé les "gilets jaunes" à manifester le 1er décembre.
Sortant de sa réserve, la CGT cherche à reprendre la main sur le combat pour les «attentes sociales» des Français. Mardi, la première organisation syndicale a appelé "tous les citoyens, les salariés actifs et retraités" à manifester le 1er décembre en vue d'exiger "des réponses immédiates et précises" du gouvernement et du patronat sur les thématiques de pouvoir d'achat. L'organisation formule des revendications précises: elle exige notamment une hausse du SMIC à 1800 euros, une prise en charge des transports par les employeurs, une TVA réduite à 5,5% pour les "produits de première nécessité", ainsi qu'une "fiscalité juste, tenant compte des revenus".
Dans son entreprise de récupération du mouvement citoyen, la CGT critique également la politique fiscale sur les carburants, et considère, à l'instar d'autres personnalités comme l'ancienne ministre socialiste de l'Environnement Ségolène Royal, que le gouvernement ..."instrumentalise les enjeux environnementaux" dans le cadre de sa politique fiscale.
Benjamin Cochin, porte-parole du mouvement à Toulouse, s'est dit "heureux que les corps intermédiaires bâillonnés depuis 18 mois sortent du bois; ça nous fait plaisir mais on ne veut pas voir les drapeaux et les pancartes FO (...) Les organisations syndicales sont les bienvenues, mais il ne faut pas se tromper :  les "gilets jaunes" veulent eux-aussi discuter avec le gouvernement", a-t-il déclaré.

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