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mardi 18 décembre 2018

Le pouvoir annule, puis rétablit, ses propres mesures sociales déjà annoncées

Ce pouvoir qui se croit "trop intelligent" et "trop subtil" se révèle "trop nul"

Alors qu'il avait annoncé le contraire quelques heures auparavant, l'exécutif a annoncé qu'il appliquera bien toutes les mesures annoncées en novembre 

Résultat de recherche d'images pour "girouette"en réponse à la crise sociale incarnée par les "gilets jaunes" restés mobilisés après quatre semaines de lutte pour le pouvoir d'achat des Français.

Contre-ordres et rétropédalages en série 

En fin d'après-midi du mardi 18 décembre, le gouvernement a fait savoir à l’Agence France-presse (AFP), puis confirmé au Monde, que plusieurs mesures annoncées en novembre seront abandonnées, annulées, oubliées, première réponse aux 'gilets jaunes'.Parmi les dispositions annulées, puis maintenues : l’extension du chèque énergie, le relèvement du barème kilométrique et le doublement de la prime à la conversion (ou à la casse) pour les gros rouleurs.

Rétropédalage quelques heures plus tard : elles sont finalement toutes maintenues,  fait savoir  Edouard Philippe. Matignon venait tout juste d'assurer qu’elles ne s’imposaient plus en raison de l’annulation de la hausse des taxes sur le carburant. L’explication a fait long feu.

Interrogé par Le Monde, l’entourage du chef du gouvernement "assume"  - une fois de plus - d’avoir changé d’avis en moins de deux heures, parlant d’un "choix politique" préféré à un "choix budgétaire":
"Il nous apparaissait normal de supprimer les compensations à la hausse de la taxe carbone à partir du moment où cette hausse était elle-même supprimée. Mais au vu de l’incompréhension suscitée par cette annonce, le premier ministre a préféré revenir aux mesures initiales"... L'intelligence limitée des Français a eu du bon...
Pris pour des girouettes, les députés godillots de la majorité se sont rebiffés

"Après discussion avec les parlementaires de la majorité, le gouvernement maintient l'ensemble des mesures annoncées par le premier ministre en novembre", explique une source ministérielle qui préfère garder l'anonymat.


Des tâtonnements qui signalent l'amateurisme de l'exécutif et le décrédibilisent 

130 millions d'euros en jeu.
Dans un premier temps, l'exécutif justifiait ce rétropédalage par les décisions prises en décembre, telles que le gel des taxes sur les carburants et la hausse de la prime d'activité. 
Au total, ces mesures de pouvoir d'achat devraient coûter plus de 10 milliards d'euros. Pour le gouvernement, il s'agissait alors d'équilibrer au mieux les comptes pour le budget 2019 en cours d'adoption à l'Assemblée nationale, fût-ce en détournant une large part de la taxe carbone vers le budget général de l'Etat, en catimini. 
"Ces dernières semaines nous ont appris à ne surtout pas laisser s’installer les incompréhensions une fois qu’elles sont décelées", plaide une source, laquelle n'envisage pas un instant que les vire-voltes du pouvoir soient tout bêtement incompréhensibles.

Ainsi, l'annulation d'une partie des premières mesures permettait de réaliser une économie de 130 millions d'euros sur les 500 millions prévus initialement.
"Il faudra les trouver ailleurs", reconnaît rétrospectivement Matignon, contraint d'admettre que la population comprend beaucoup plus que n'imagine la clique d'énarques. 
"On a eu le sentiment de prendre le risque de ne pas être compris", continuait-on d'expliquer au gouvernement en début de soirée, puisqu'ils persistent à se prendre plus intelligents et subtils qu'ils ne sont, alors que l’ensemble des mesures sera bien soumis à la discussion l'approbation des députés et intégré au projet de loi de finances (PLF) en débat mardi soir.

A noter que la hausse de 50 euros en moyenne du chèque énergie au 1er janvier pour les bénéficiaires actuels (environ 3,6 millions de foyers) et la "surprime" à la conversion des voitures pour les foyers modestes n'étaient pas concernés par le projet initial d'abandon d'une partie des mesures.

Vote du gel des taxes sur les carburants 
En parallèle, l'Assemblée nationale a acté le gel des taxes sur les carburants jusqu'en 2022, dans le cadre du projet de budget pour 2019. Cela revient à supprimer la hausse en 2019 de 3 centimes sur l'essence et 6 centimes sur le gazole, et au total, d'ici à 2022, de 10 centimes sur l'essence et 19 centimes sur le gazole. Le gel concerne la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE, qui profite à l'Etat), la taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN) et la taxe intérieure sur la consommation de charbon (TICC).

Le gouvernement avait d'abord annoncé une suspension pour six mois de la hausse des taxes, avant d'opter finalement pour un gel, au minimum, pour l'année prochaine. Les députés ont donné leur feu vert quasiment sans débat : les députés LREM votent tout et son contraire comme un seul homme...

"Renoncer à des mesures pour accompagner la transition énergétique (…) est une VRAIE ERREUR. Et inaudible et incompréhensible dans la situation actuelle ", avait notamment écrit sur Twitter le député (La République en marche) du Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin. 

"Je donne, je reprends, et elle est où "l’écologie populaire" quand on revient sur l’élargissement du chèque énergie et les primes à la conversion ! ? ", avait raillé de son côté le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, tandis que le porte-parole du Parti communiste, Ian Brossat, dénonçait "une honte".

Ironie de l’histoire, dans la matinée de ce mardi de valse-hésitation, le premier ministre et des membres du gouvernement rencontraient les députés de la majorité pour discuter des mesures à intégrer dans le PLF. Rien, alors, ni le recul sur certaines propositions ni leur maintien, n’avait été annoncé.

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