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lundi 17 décembre 2018

COP 24 : l'accord de Paris est sur les rails, selon Rugy, mais reste à quai, selon Etienne

Rugy y voit pourtant une "étape clé", une transition écologique ?...

Sans ambitions nouvelles, malgré l'urgence et les catastrophes qui se déchaînent à travers le monde : Rugy se contente parfois de peu

Mieux vaut voir le verre à moitié plein... Le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, l'avait probablement bu, lorsqu'il s'est félicité samedi de l’adoption par près de 200 Etats des règles d’application de l’accord de Paris à la COP24 en Pologne, "une étape clé" de la lutte contre le changement climatique, selon lui, sur place, au cœur du bassin houiller de Silésie.



La communauté internationale a en effet doté samedi l’accord de Paris de la boîte sans les outils

Elle a refusé de s’engager à faire plus et plus vite contre le réchauffement climatique malgré l’urgence et les catastrophes qui frappent le monde, phénomènes cycliques amplifiés par les media en mal de buzz vertueux. 

Il y a quelques semaines, les scientifiques du GIEC tiraient la sonnette d’alarme : c'est la fonction de cet organisme intergouvernemental d'experts attentifs à l'évolution du climat. "Les évaluations de ce groupe sont principalement fondées sur les publications scientifiques et techniques dont la valeur scientifique est reconnue," mais contestées, notamment pour des raisons essentiellement politiques, car biaisées par une orientation idéologique catastrophiste. 
L'un de ses deux participants français, Valérie Masson-Delmotte, est par ailleurs membre du Haut conseil pour le Climat, créé en 2018 et placé auprès du premier ministre et nommée par Macron, pour conseiller le gouvernement en matière de transition écologique, en doublon avec des comités existants.

Dans un monde à +2°C, objectif minimal du pacte climatique de 2015, les impacts seraient bien plus importants que dans un monde à +1,5°C, limite idéale de l’accord. Mais pour rester sous +1,5°C, il faudrait réduire les émissions de CO2 de près de 50 % d’ici 2030 par rapport à 2010, alors que les engagements actuels des Etats l'estiment à +3°C avec son lot de tempêtes, sécheresses, inondations…

Un brin de mauvaise foi, Rugy transforme un accord a minima en "accord ambitieux"...

Des participants manifestent pendant la COP 24 qui s’est terminée à Katowice samedi 15 décembre. 
Des participants manifestent pendant la COP 24 qui s’est terminée
à Katowice? samedi 15 décembre
Le ministre de la Transition écologique n'avait pas d'autre choix que de focaliser sur les aspects positifs de la COP24 : "Le chemin est encore long et difficile, mais nous sommes maintenant collectivement mieux armés pour le parcourir", a commenté François de Rugy, amateur de sur-place.

"Un énorme gâchis", selon Jean-Louis Etienne

L’explorateur français déplore le manque d’ambition de la conférence mondiale pour le climat qui s’est achevé ce week-end en Pologne, après 15 jours de négociations marathons, sans nouveaux objectifs de réduction des émissions de CO2. Pour Le Parisien, l’explorateur français Jean-Louis Etienne, 72 ans, dresse un bilan contrasté de cette COP24.

Alors que les ONG déplorent son "manque d’ambition", le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, salue le succès de la COP24. Qu’en pensez-vous ?

JEAN-LOUIS ETIENNE. François de Rugy est dans son rôle, il n’a pas le choix. Il n’y aurait pas pire option que de dire que le dialogue international est enterré. Et il est vrai qu’à l’issue de ces quinze jours, on a sauvé l’accord de Paris, qui prévoit de limiter à 2 °C la hausse du réchauffement d’ici à la fin du siècle. Mais les Etats n’ont pas réussi à rehausser leurs engagements. C’est un gâchis énorme étant donné l’urgence.

Comment l’expliquer ?
Ces négociations sont d’une grande complexité. Le charbon, par exemple, c’est l’ennemi numéro un du climat. Mais pour des raisons économiques, aucun pays n’a pourtant pris de décision d’en sortir définitivement [pas même l'Allemagne et surtout pas la Pologne, pays d'accueil de la COP24...]. 
Pendant six ans, des militants écologistes ont occupé la forêt de Hambach afin d’empêcher l’expansion d’une mine de lignite, avant d’être expulsés fin septembre 2018.
[L'Allemagne rechigne à sortir du charbon. 
En 2013, l’avenir de cette source d’énergie constituait déjà une pomme de discorde dans les négociations entre les futurs membres de la coalition allemande (entre les conservateurs (CDU/CSU), les libéraux (FDP) et les écologistes Die Grünen : dite 'jamaïcaine', elle n'aboutira pas), alors même que la conférence internationale sur le climat (COP23) se tenait à Bonn. Angela Merkel se garda bien d'ailleurs de définir un calendrier de sortie.
A l’image de Notre-Dame-des-Landes, des dizaines de militants écologistes allemands ont occupé la forêt de Hambach durant six ans, afin d’empêcher l’expansion d’une mine voisine de charbon à ciel ouvert. Cette occupation a pris fin avec leur expulsion manu militari, fin septembre 2018. Les 80 cabanes de planches installées dans les arbres ont été détruites, et depuis début octobre, RWE, le géant allemand de l’électricité, fait creuser une tranchée autour de la forêt.]
Il ne fallait pas s’attendre à des miracles en Pologne, pays qui tire 80 % de son électricité du charbon… Le problème est que l’ennemi est invisible. Si le CO2 dans l’atmosphère était noir, on dirait qu’il faut faire quelque chose. Mais on ne le voit pas. Et il est lié aux intérêts énergétiques, donc c’est compliqué.

Il n’y a donc aucun espoir ?
Certains Etats ont promis d’être plus ambitieux [une trentaine ont signé une coalition pour une haute ambition, dont la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni). Le problème, c’est que ce sont souvent les pays qui émettent déjà peu de gaz carbonique. J’ai un espoir, c’est que les citoyens prennent la situation en main et fassent pression sur leurs dirigeants. C’est déjà en partie le cas. En France, par exemple, où l’on a été sensibilisé par des épisodes météorologiques sans précédents, les collectivités territoriales agissent désormais davantage en faveur des transports en commun et des modes de circulation doux…

Greta Thunberg, 15 ans, a appelé les écoliers du monde entier à déserter les classes [un appel à la grève] afin d’inciter les politiques à prendre des mesures pour protéger la planète…
Cette adolescente suédoise était impressionnante, non pas par son jeune âge mais par la précision de son discours. On aurait pu attendre un message d’espoir un peu gentillet sur l’environnement, mais au contraire, ses mots frappent dur.

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