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samedi 1 décembre 2018

Macron attire à nouveau les "gilets jaunes" aux Champs-Elysées

Le mépris de la majorité présidentielle exacerbe la colère populaire

Les "gilets jaunes" en colère contre la hausse des taxes et la baisse du pouvoir d'achat réinvestissent la capitale samedi

Après deux rassemblements en deux semaines sur les Champs-Elysées à Paris, le pouvoir macronien reste sourd aux cris de misère de la population pressurée de taxes injustifiées et le mouvement citoyen s'engage donc dans une troisième journée d'action aux contours encore incertains, tandis qu'une centaine de "gilets jaunes" belges ont également manifesté vendredi en Belgique, pays de l'Union européenne qui arrive deuxième, derrière la France.

Avec un taux de prélèvement de 45,3 % du produit intérieur brut, la France se hisse au 2e rang du palmarès des pays où les cotisations sociales, impôts et taxes sont les plus élevés, selon le dernier rapport de l'OCDE.
La France est désormais vice-championne du monde de la pression fiscale derrière le Danemark, selon l'étude annuelle de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). En 2016, les impôts (sur le revenu, les sociétés et la fortune), les taxes et les cotisations sociales représentaient, à elles seules, 45,3 % du PIB (Produit intérieur brut), tandis que la moyenne de l'OCDE se situait à plus de 10 points, au-dessous de la barre de 35 %.
 

Ce mouvement de colère sourde a trouvé à s'exprimer le 17 novembre,
commence à déborder les frontières de l'Hexagone.

Encouragé par le soutien de plus de huit Français sur dix et une pétition "pour une baisse des prix du carburant à la pompe" qui a dépassé le million de signatures, le mouvement entend de nouveau se faire entendre au coeur de Paris, à portée de voix du tandem Macron-Philippe.
Selon une enquête Odoxa-Dentsu Consulting réalisé par Le Figaro et Franceinfo, 84 % des Français trouvent le mouvement justifié.
L'exécutif et ses députés ne manifestent aucune volonté de réforme de leurs modes de pensée. Désarçonnés par les revendications protéiformes de ce mouvement né des réseaux sociaux, hors de tout cadre politique ou syndical, l'amateurisme des élus LREM entrave la réflexion et la prise de décisions innovantes et justes. Ils ont en revanche voté l'interdiction de la fessée dans les familles...

Alors que ses élus locaux, incapables d'autonomie, sont interpellés par leurs concitoyens, le gouvernement est saturé d'appels à faire un geste pour ces revendications des citoyens les plus fragilisés. Surpris d'être désavoué et désarçonné dans les théories hors-sol développées par leur maître à penser azimuté, les blancs-becs tentent d'engager le dialogue en écho des tentatives tardives et du coup infructueuse du gouvernement d'organiser la concertation avec des représentants, après avoir considéré le mouvement populaire de haut : nos concitoyens ne comprennent rien, mais on va faire de la pédagogie : nous les sachants, on va faire mine de les écouter, pour mieux les anesthésier ensuite avec des discours d'intentions, des promesses d'avenir et de cité radieuse.

Les annonces faites cette semaine par Macron - un dispositif pour limiter l'impact des taxes sur le carburant, ainsi qu'une "grande concertation" sur trois longs mois - ont plus irrité que convaincu.
"Du vent", du "blabla", ont réagi les "Gaulois réfractaires" - "fainéants" ou "cyniques" maltraités et injuriés, mais tous "séditieux" - qui restent rivés sur les routes ou les ronds-points. "Il nous faut du concret, pas de l'enfumage", a résumé Yoann Allard, un ouvrier agricole de 30 ans.

Une volonté de pourrissement 
De Buenos Aires où il participe au G20, comme si de rien n'était en France, 
le président français a redit jeudi vouloir répondre à "la colère légitime" et "la souffrance d'une partie du peuple" par "des décisions supplémentaires dans les semaines et les mois à venir", mais qui "ne seront jamais des reculs", alors que l'exécutif - relayé par ses élus bénis-oui-oui et sa presse "indépendante" (LCI- CNews et BFMTV) - continue de faire du chantage à l'urgence écologique pour tenter de justifier ses taxes sur les carburants (TICPE et TVA), alors que chacun sait qu'il confisque la fiscalité sur les carburants - au prétexte de la lutte pour la transition écologique -  et la détourne au profit du budget général en déficit.

Résultat : Macron fabrique des casseurs 

A la veille de l'acte III de cette mobilisation moins visible dans la rue mais de plus en plus populaire et alors qu'Edouard Philippe devait recevoir des "gilets jaunes" vendredi, Macron a envenimé la situation en excluant d'avance tout "recul" de Matignon.

Des "gilet jaune" devant l'Arc de Triomphe, le 24 novembre 2018 à Paris ( AFP/Archives / Lucas BARIOULET )

Filtrage, fouilles et vérifications d'identité
Dans un geste de renoncement, après avoir été bafoué dans son interdiction lors du rassemblement du 24 novembre dernier, le gouvernement s'est résigné à ouvrir les Champs-Elysées aux piétons samedi, comme le demandaient les "gilets jaunes".

Le président Emmanuel Macron s'adresse à la communauté française, le 29 novembre 2018 à Buenos Aires, en Argentine ( AFP / Ludovic MARIN )
Macron s'adresse à la communauté française, le 29 novembre 2018 depuis l'étranger, Buenos Aires, en Argentine 
Mais un filtrage et des fouilles seront "systématiquement" organisés, a précisé le demi-ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, contraint par les échauffourées qu'il a favorisées lors de la précédente manifestation du 24 novembre.
Sur cette artère où déambulent entre 200.000 et 300.000 visiteurs par jour, les commerçants prenaient cette fois leurs précautions pour se prémunir contre de nouvelles dégradations samedi. 
Quant à la Mairie de Paris, elle a de nouveau laissé en place des éléments de chantiers qui avaient pourtant déjà servi à dresser des barricades, le 24...

Des rassemblements citoyens pacifiques sont aussi annoncés dans plusieurs autres villes du pays
Des 'gilets jaunes' font face aux forces de police devant un dépôt de carburant, le 29 novembre 2018 au Mans/AFP

Ainsi, le député LFI parachuté Mélenchon se rendra finalement à Marseille, sur l'emblématique Vieux-Port de Marseille, après avoir été annoncé à Paris.

Mais, dans les territoires français d'Outre-mer, à La Réunion en état d'insurrection, la ministre Annick Girardin a dû être exfiltrée  par son service d'ordre lors d'une rencontre devenue trop houleuse, jeudi soir. Signe d'une colère qui ne faiblit pas parmi ceux et celles pour qui les fins de mois sont de plus en plus difficiles. 

A Pau, des gilets jaunes se sont invités dans la mairie où le suppôt de Macron, François Bayrou, présidait une réunion.

Dans le sud-est de la France, neuf personnes ont été placées en garde à vue vendredi après des heurts dans la nuit à un péage de La Ciotat.

Dans la majorité présidentielle, l'inquiétude monte devant le rejet exprimé, au point que l'idée d'un moratoire sur la hausse des taxes commence à faire débat.

Du côté de l'opposition, à droite comme à gauche, les positions oscillent entre soutien et souci de ne pas prêté le flanc à l'accusation de récupération.

"Parce que nous avons pris la décision que chacun soit dans sa région", le leader de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, a annoncé vendredi qu'il ne manifesterait pas sur les Champs-Elysées mais qu'il serait à Marseille dans une marche réunissant des "syndicats, des révoltés du logement, des 'gilets jaunes' et des lycéens".

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan sera lui à Paris, à nouveau aux côtés des opprimés. La cheffe de file du RN, Marine Le Pen, a réclamé une dissolution de l'Assemblée nationale.

Le patron des Républicains (droite), Laurent Wauquiez, ira "à la rencontre" des manifestants dans sa circonscription. 

Quant à l'ex-président socialiste, François Hollande, il est allé voir des "gilets jaunes" pour défendre son bilan mis en cause par son protégé Macron ou ses affidés, s'attirant les railleries du président Macron pour avoir rappelé qu'il avait donné "un coup de pouce" au Smic, sous la pression.


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