Collomb annonce sa candidature à Lyon en 2020 et envisage de quitter le gouvernement dès 2019
Programmer sa démission, est-ce choisir une mort politique dans la dignité ?
Gérard Collomb a choisi son Ehpad : il sera candidat en 2020 aux municipales à Lyon, ainsi qu'à la métropole. Pour mener sa campagne, le futur ex-ministre d'Etat envisage de quitter le gouvernement après les européennes de juin 2019, annonce-t-il dans un entretien avec L'Express paru mardi. Numéro 2 du gouvernement, ce fidèle parmi les fidèles du chef de l'Etat a décidé de lâcher la longe et de laisser son poulain gambader dans le pré présidentiel.
En 2017, Emmanuel Macron l'avait récompensé d'une nomination au poste stratégique de ministre de l'Intérieur.
"C'est loin, les municipales. Si d'ici là on ne m'a pas diagnostiqué de maladie grave , je serai candidat à Lyon", affirme le septuagénaire à l'hebdomadaire qui l'interrogeait sur son implication dans les futures municipales lyonnaises, objet de spéculations.
Collomb avait dirigé pendant seize années la capitale des Gaules, après qu'elle lui a échappé pendant autant de longues années.
Collomb incite les membres du gouvernement à aller coloniser les communes
"Je pense que les ministres qui veulent être candidats aux municipales de 2020 devraient pouvoir quitter le gouvernement après la bataille des européennes" en juin 2019, a exhorté le ministre âgé de 71 ans.
"Je ne serai pas ministre de l'Intérieur jusqu'à l'avant-dernier jour. A partir d'une certaine période, il vaut mieux être totalement disponible pour la campagne", a-t-il ajouté.
Après la récente démission surprise de Nicolas Hulot, le gouvernement perdrait donc un autre poids lourd même s'il aura cette fois plusieurs mois pour s'y préparer et trouver un successeur à G. Collomb.
Voyant son étoile pâlir, Gérard Collomb briguera un quatrième mandat à la mairie de Lyon où il sera tête de liste en 2020.
"On se dit les choses en face", a assuré le ministre à propos de Macron
Les relations entre le président et son ministre de l’Intérieur ne semblent plus aussi confiantes qu’au début du quinquennat. Ainsi, la lecture de l’agenda du chef de l’Etat est-elle révélatrice : depuis son élection, celui-ci recevait son ministre toutes les semaines, le lundi, pour un entretien bilatéral, mais le rendez-vous, depuis cet été, n’a plus eu lieu.
Habituel relais discipliné de la "pensée complexe" élyséenne, Collomb fait cette annonce alors qu'il vient de pointer un "manque d'humilité" de l'exécutif, début septembre, sur fond de chute de popularité d'Emmanuel Macron et de couacs en série des ministres contredits par le président.
"L’hubris, c’est la malédiction des dieux quand, à un moment donné, vous devenez trop sûr de vous, que vous pensez que vous allez tout emporter", avait épinglé Gérard Collomb sur BFM-TV et RMC. Or, de sources concordantes, cette sortie au canon sur l’arrogance de l’exécutif n’était pas concertée avec Jupiter.
La sortie du septuagénaire a provoqué l'ire de Jupiter qui a invité son ami à un dîner de rupture, lundi 17 septembre.
Le ministre de l’Intérieur, qui a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas dans la majorité présidentielle, a pour sa part reçu des SMS de soutien de proches du chef de l’Etat. "Gérard, tu as bien fait", lui a écrit l’un d’eux. C’était un reproche "collectif", assure le locataire de la place Beauvau.
Cet été, le ministre de l'Intérieur s'était déjà fait prendre dans la tourmente de l'affaire Benalla. Le franc-maçon était sorti politiquement déconsidéré de la Commission d'enquête parlementaire dirigée par une députée de la majorité présidentielle, pour avoir juré ne pas connaître l'ex-chargé de mission de l'Elysée et semblant renvoyer les responsabilités aux autres, le préfet de police et le directeur de cabinet de Macron.
En affirmant à L'Express vouloir être candidat "à la Ville et à la Métropole", Gérard Collomb n'a cependant pas levé toutes les incertitudes concernant son retour dans l'arène politique lyonnaise. En connaisseur des collectivités locales, Il sait qu'en 2020, la loi n'autorisera plus le cumul des fonctions de maire et de président de la Métropole de Lyon.
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