Paris a fait protéger son ambassade à Bangui attaquée mercredi par des manifestants
Les rebelles du Séléka sont les maîtres de la Centrafrique
Au lendemain de Noël, la France s'est employée à protéger leurs ressortissants alors que F. Hollande était en vacances à Angers.
Les Nations unies et les Etats-Unis ont de leur côté annoncé mercredi le retrait "temporaire" de la République centrafricaine (RCA) de tous leurs employés jugés non indispensables et de leurs familles, soit 200 personnes pour l'ONU et un nombre non précisé pour les personnels de l'ambassade de Bangui et leurs familles.
Les renforts tchadiens sont le dernier rempart contre une avancée des insurgés vers la capitale.
Les secours militaires campent aux portes de Bangui à l'appel du président centrafricain.
Les rebelles de la coalition Séléka CPSK-CPJP-UFDR ont affirmé que "par mesure de sécurité et de protection des populations civiles, nous ne considérons plus nécessaire de mener la bataille de Bangui et d'y faire entrer nos troupes, car le général François Bozizé (...) a déjà perdu le contrôle du pays".
"Nous demandons à tous les fils et filles de Centrafrique, à tous les éléments de forces de défense et de sécurité encore fidèles au régime de François Bozizé (...) de déposer les armes immédiatement", ont ajouté les rebelles, après plus de quinze jours d'opérations et de conquête de villes.
"Nous demandons à tous les fils et filles de Centrafrique, à tous les éléments de forces de défense et de sécurité encore fidèles au régime de François Bozizé (...) de déposer les armes immédiatement", ont ajouté les rebelles, après plus de quinze jours d'opérations et de conquête de villes.
Le Séléka ("Alliance ", en sango, la langue nationale) a déclaré lundi 24 décembre "l'arrêt de ses opérations" et demandé au président centrafricain François Bozizé un cessez-le-feu "en vue de favoriser la préparation du dialogue", se déclarant prêt à ouvrir un couloir humanitaire aux ONG.
La rébellion "se tient à la disposition des ONG afin d'organiser l'accès aux prisonniers" de l'armée régulière. Elle dit détenir "39 éléments (...) faits prisonniers de guerre".
Plusieurs centaines de personnes, proches du pouvoir ont lancé des projectiles sur l'ambassade de France à Bangui
Après avoir fait un sit-in devant l'ambassade des Etats-Unis, ils dénoncent ouvertement la passivité de la France.
VOIR et ENTENDRE le témoignage d'un observateur à Bangui:
VOIR et ENTENDRE le témoignage d'un observateur à Bangui:
Mercredi le gouvernement centrafricain a ouvertement lancé un "appel à la France" pour l'aider au dialogue avec la coalition rebelle du Séléka.
"Nous remercions la France d'avoir condamné les attaques rebelles, d'avoir pris position pour le dialogue inter centrafricain, et d'avoir proposé son appui à la concrétisation de ce dialogue", a déclaré le ministre centrafricain de l'administration du territoire Josué Binoua dans un communiqué qui fait suite à une déclaration en ce sens émanant de Paris.
Paris fait protéger ses ressortissants
Après les incidents aux abords de l'ambassade, le président François Hollande a demandé au ministre de la Défense "de prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité" des 1.200 Français vivant en Centrafrique et de l'ambassade.
"Ces mesures ont été mises en oeuvre dans les délais les plus courts et seront prolongées autant que nécessaire", a indiqué l'Elysée par communiqué.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a confirmé que la représentation diplomatique a été "sécurisée" par une trentaine de soldats française et le calme rétabli.
Deux cents militaires français sont basés en Centrafrique, en majorité à Bangui.
Des manifestants protestent contre la passivité de Paris dans le conflit
"Nous sommes ici à l'ambassade de France, parce que c'est la France qui nous a colonisés. Mais la France a tendance à nous lâcher. On n'a plus besoin de la France, la France n'a qu'à prendre son ambassade et partir", gronde une manifestante amère.
Des jeunes ont jeté des projectiles sur l'ambassade dont ils ont cassé des vitres, ainsi que sur la représentation d'Air France. La compagnie aérienne française a fait faire demi-tour à son vol hebdomadaire Paris-Bangui.
L'ambassadeur de France à Bangui, Serge Mucetti, a déclaré que "le drapeau français a été descendu de son mât et emporté par des manifestants", qualifiant la manifestation de "particulièrement violente".
Les forces en présence
Les effectifs et la puissance de feu de la rébellion demeurent flous.
Mais les insurgés se sont rapidement emparés de villes stratégiques, Bria (ville diamantifère du centre), Bambari (ville aurifère du centre sud), avant de prendre Kaga Bandoro (centre nord) mardi, s'approchant dangereusement de Bangui par le nord et par l'est. Ils ont pris les armes le 10 décembre pour réclamer "le respect" d'accords de paix conclus entre 2007 et 2011.
Sous-équipée, démotivée et mal organisée, l'armée régulière n'a opposé que peu de résistance.
Le contingent de l'armée tchadienne arrivé en renfort des militaires centrafricains doit servir de "force d'interposition" selon N'Djamena.
Il s'est positionné sur le dernier axe routier menant à Bangui. Présents sur les deux derniers "verrous", Sibut (130 km de Bangui) et Damara (60 Km), les Tchadiens, rompus au combat et plus lourdement équipés, pourraient être le dernier rempart contre les rebelles.
N'Djamena, allié historique de François Bozizé, avait déjà envoyé ses troupes en 2003 pour l'aider à prendre le pouvoir, et à nouveau fin 2010 pour combattre des rébellions dans le nord.
La Centrafrique - 5 millions d'habitants - était engagée depuis 2007 dans un processus de paix après des années d'instabilité, de rébellions multiples, mutineries militaires et putschs.
VOIR et ENTENDRE un reportage de France 24, le 26 décembre 2012:
VOIR et ENTENDRE un reportage de France 24, le 26 décembre 2012:
Au moins 2.000 personnes déplacées
Tout en affirmant vouloir négocier, comme l'ont demandé les chefs d'Etats d'Afrique centrale, la rébellion a continué à avancer, refusant de quitter les villes conquises sans un cessez-le-feu préalable, que le président centrafricain ne semble pas prêt à accorder.
Au moins 2.000 Centrafricains ont fui dans le nord de la RDCongo voisine tandis qu'en Centrafrique même, des ONG humanitaires se sont inquiétées du sort des déplacés.
Aux origines du conflit
Le premier chef de l'État, Barthélemy Boganda (mort en 1959), considéré comme le père de la Nation centrafricaine, préconisait l'indépendance des colonies et la création d'un État d'Afrique Centrale unique, regroupant Gabon, Congo, Cameroun et Centrafrique, y voyant la seule solution permettant d'éviter l'éclatement de la région en territoires trop petits, non viables, et sans rôle à jouer sur la scène internationale. Il mourut dans un mystérieux accident d'avion.
Son successeur fut renversé fin 1965 par un coup d'État mené par le capitaine Jean-Bedel Bokassa qui se fit couronner empereur en 1977 avant d'être renversé en 1979.
Son successeur fut à son tour renversé en 1981 par le général André Kolingba, qui établit un régime militaire et se maintiendra au pouvoir jusqu'en 1993, année où, suite au sommet de La Baule, les premières élections multipartites ont lieu et Ange-Félix Patassé, aujourd'hui décédé, est élu président de la République.
Après une nouvelle série de troubles et malgré l'intervention de la communauté internationale (MINURCA), en 2003, le général franc-maçon (GLNF) François Bozizé, né au Gabon de Omar Bongo, réussit, avec l'aide de militaires et miliciens tchadiens, son nouveau coup d'État et renverse le président Patassé. Le général Bozizé chasse alors les rebelles congolais, auteurs d'innombrables exactions, notamment autour et dans Bangui.
Lors de l'élection présidentielle de mars 2005, plusieurs candidatures furent éliminées par la médiation gabonaise, puis seule la candidature de l'ancien président Ange-Félix Patassé fut définitivement rejetée par la commission électorale constituée par les accords de Libreville (Gabon).
La chute de Bozizé entraînerait la montée au pouvoir en RCA d'une coalition qui compte en son sein des groupuscules tchadiens, lesquels pourraient y constituer une base pour un futur front contre Idriss Deby, président tchadien dont le le régime, soutenu par les Français, est harcelé et par les rebelles tchadiens du Commandement militaire unifié (CMU , une coalition d'opposants désunis) et par des rebelles venus du Soudan.
Des violences interconfessionnelles se multiplient
En 2011, elles ont fait une dizaine de morts à Bangui. Elles visaient des musulmans après la découverte du corps de deux garçonnets (4 et 5 ans) dans le coffre du véhicule d'un musulman.
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