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dimanche 2 juin 2019

Laurent Wauquiez démissionne de la présidence des Républicains

Pouvait-il redresser le parti en 18 mois ?

Le défi était difficilement surmontable, dès l'instant où les battus de 2017 ne serraient pas les rangs

Résultat de recherche d'images pour "Les victoires sont collectives, les défaites sont solitaires"Une semaine après le nouveau revers de la droite - aux européennes, deux ans après celle de la présidentielle -, de nombreux élus avaient appelé à un changement de direction. Telle est la règle, bien que ni Mélenchon à La France insoumise (LFI), ni Benoît Hamon à Génération.s ne se l'applique. 

Une semaine jour pour jour après le score décevant des Républicains aux élections européennes (8,48%), la pression était devenue intenable. Le patron de LR a accédé à la demande des anciens et des modernes, face aux sondages dépeignant une image de plus en plus contestée auprès des Français - contrairement à celle de François-Xavier Bellamy ; aux critiques répétées en Bureau politique et en réunion de groupe sur sa ligne stratégique ; à l’échec de sa proposition de lancer des "états généraux de la refondation" en attendant la rentrée de septembre; et aux appels du pied de la majorité présidentielle aux élus LR pour qu’ils quittent le parti, le patron de Vaugirard a préféré rendre son tablier à ceux et celles qui n'en auraient voulu pour rien au monde au lendemain de la présidentielle. Il pourra se consacrer entièrement à la région Auvergne-Rhône-Alpes, la plus peuplée de France métropolitaine. 

Depuis sa région, il a toutefois tenté d’échanger avec plusieurs ténors de LR au téléphone ce week-end.
Mais son sort était scellé : sa démission semblait être un préalable à la reconstruction du parti, depuis qu'en 1999, Sarkozy avait quitté la présidence du RPR après l’échec du parti aux européennes, déjà.

Ce mardi, le président du Sénat a d'ailleurs prévu de lancer un "travail de reconstruction collective" autour des présidents de région - à l’exception de Xavier Bertrand (Hauts-de-France), qui n’a pas l’intention de s’y rendre -, ainsi que des présidents d’associations d’élus et des présidents de groupe de la droite et du centre. "Il faut bien trouver une solution! Ça prend l’eau de toute part", s’inquiétait un élu anonyme en fin de semaine dernière, alors que les municipales de 2020 approchent à grands pas et qu'il faut tenir de grandes villes LR, comme Marseille ou Bordeaux, à l'écart du grand doute actuel. "Laurent Wauquiez, c’est François Fillon en pire," se réjouissait d’ailleurs un ex-LR rallié à LREM, convaincu de pouvoir bénéficier «de l’effet repoussoir» du président de LR pour attirer de nombreux élus de droite dans le camp pro-Macron.

Il y a dix-huit mois, les mêmes l'avaient élu avec près de 75% des suffrages.
Le 10 décembre 2017, il remporta l'élection dès le premier tour l'élection pour la présidence du parti Les Républicains (LR), contre le juppéiste Macron-compatible Maël de Calan (9,25%). Avec 74,64%, Laurent Wauquiez démontrait sa popularité parmi les militants LR.
Alors qu'en 2017 de nombreuses personnalités de droite poussaient Laurent Wauquiez au renouvellement des idées et des personnes, Bruno Retailleau avait exprimé un avis contraire. Le chef de "Force Républicaine" avait jugé que le nouveau président des Républicains devait "s’appuyer" sur les idées qui ont fait le succès de François Fillon durant les primaires de la droite et du centre.
"Je veux qu’on s’appuie sur le socle de François Fillon, qui est un socle libéral," avait-il défendu, ajoutant : "je suis en train de dire que je veux peser dans ma propre famille politique avec des idées qui ont montré qu’au moment des primaires, elles étaient capables de rassembler une très grande partie de l’électorat de droite et du centre autour de la liberté, de l’autorité de l’Etat et d’un certain nombre de valeurs, la fierté française, la famille et d’autres".

"Les victoires sont collectives, les défaites sont solitaires"
(Wauquiez, le 2 juin 2019) 
"Si j’étais à sa place, et vu la situation, sans doute que je démissionnerais", avait indiqué la présidente LR de la région Ile-de-France sur RTL, avant de rappeler que Nicolas Sarkozy, en 1999, avait "pris très courageusement et avec beaucoup de panache la décision de démissionner" de la présidence du RPR, après avoir obtenu 12,9% des suffrages. 
"J’espère qu’à sa place j’aurais démissionné", avait abondé, quelques heures plus tard, le patron de la droite sénatoriale, Bruno Retailleau. Si Gérard Larcher n’avait, quant à lui, "appelé à la démission de personne", le président du Sénat avait toutefois observé que Laurent Wauquiez avait à faire face à un "sacré défi" qui exige de se "remettre très profondément en question". "La logique gaulliste voudrait qu’il démissionne, mais s’il ne le fait pas, les statuts le protègent", avait ajouté le deuxième personnage de l’Etat.

Ce dimanche encore, dans un entretien avec le JDD , le président de la Commission des finances de l’Assemblée, Eric Woerth, avait appelé Laurent Wauquiez à "prendre ses responsabilités". "Ce n’est pas en mettant la poussière sous le tapis, en ayant peur des débats que nous nous en sortirons. Oui, il faut le dire. Il y a aussi un débat sur le leadership. Oui, il y a un rejet des Républicains aujourd’hui. Il faut affronter ce sujet de façon claire, sereine et responsable", insistait l’ex-ministre du Budget.

Au-delà de ces déclarations, quelques élus ont traversé la rue pour préserver leur emploi (le maire de Quimper, Ludovic Jolivet, quitte LR et rejoint la droite pro-Macron d'Agir animé par Franck Riester, ministre 'constructif' de la Culture), ainsi que de menaces de scission d'une vingtaine de membres du groupe LR à l’Assemblée. Ce qui faisait dire à nombre d’élus que le parti est "de plus en plus rétréci". "Il n’y a plus de droite", aurait même estimé Nicolas Sarkozy dimanche soir dernier, en découvrant les résultats des européennes en petit comité. Si rien dans les statuts de LR ne pouvait contraindre Laurent Wauquiez à quitter son poste, c’est donc cette pression des parlementaires et des maires qui l’aura emporté... Un an et demi seulement après son élection à la tête du parti.
La vingtaine  de députés ne quitte pas le navire, quant à eux. Parmi eux, Jean-Carles Grelier (53 ans, Sarthe), Robin Reda (28 ans, Essonne, soutien de Florence Portelli en 2017), Eric Pauget (49 ans, Alpes-Maritimes, membre de 'Libres !', le mouvement de Valérie Pécresse), Stéphane Viry (séguiniste de 50 ans, Vosges) ou encore Arnaud Viala (44 ans, qui parraina Laurent Wauquiez en 2017, Aveyron) ont prévu de se réunir une nouvelle fois mardi matin et d'attendre l’initiative de Gérard Larcher, mardi en fin de journée, pour "observer ce qui se passe". "On n’est pas pressé. On envisage de créer un groupe mais rien n’est encore totalement décidé", précise un élu.
Un nouveau groupe qui ne serait pas sans rappeler
le 'RUMP" mis en place par François Fillon au plus fort de sa guerre avec Jean-François Copé, en 2012. Au RUMP, se retrouvaient Baroin, Bussereau, Chartier, Ciotti, Bernard Debré, Estrosi, Goujon, Lamour, Lellouche, Léonetti, Pécresse, Vigier, Woerth et Wauquiez. 
"
Ce n’est pas une déclaration de guerre; c’est fait sans rancœur, ce n’est pas contre Christian Jacob [président de groupe à l'Assemblée], mais on a besoin d’un second souffle", explique un autre député.
Parmi les ambiguïtés du paysage politique, notons le groupe "UDI-Agir" à l’Assemblée, dès lors que l'UDI a présenté son propre candidat aux Européennes, Jean-Christophe Lagarde, face à la liste présidentielle menée par Nathalie Loiseau, soutenue par Agir!. Pourquoi un Jolivet préfère-t-il se rallier à LREM plutôt qu'à l'UDI, si ce n'est par opportunisme ?

"A mon avis, Les Républicains sont morts. On devra recréer autre chose", se met à penser un élu défaitiste, et pourtant membre de la direction, mais qui préfère garder l'anonymat. 
En attendant, selon les statuts de LR, c’est au vice-président délégué Jean Leonetti d’assurer l’intérim, le temps que la Haute Autorité organise une nouvelle élection. Il va devoir faire surgir des hommes de convictions.

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