Snobisme anglophone et dynamisme faible de la création de mots français nouveaux
La lettre au président français plaide non pas pour une réhabilitation du français, mais pour sa revivification
Que les journalistes à bac +5 (?) apprennent d'abord à prononcer 'The Guardian' ou 'bunker' proprement et 'Peter', en fonction de la langue d'origine, et qu'ils viennent ensuite nous revoir ! |
Plusieurs auteurs ont signé un texte en défense de la langue française, non pas celle de Molière, mais celle de notre culture vivante contemporaine, non pas "étouffée par l’anglo-américain", mais négligée.
Une centaine d’intellectuels, responsables associatifs ou politiques et auteurs ont publié dans Le Parisien, dimanche 16 juin, une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, lui enjoignant de "refuser la dictature du tout-anglais". Parmi les signataires figurent les prix Goncourt Tahar Ben Jelloun et Didier Van Cauwelaert, l’écrivain franco-russe Vladimir Fédorovski, l’académicien Jean-Marie Rouart ou encore le poète Alain Borer.
- « Les Chinois sont très addicts aux smartphones » (Télématin du 20 mai 2016)
- « On inaugure des fans zones » (Journal de 13 h du 9 juin 2016)
- « […] le pitch de ce film » — « […] la French-touch aujourd’hui » (Télématin du 15 juin 2016)
- « […] les humoristes voteront en live » (Télématin du 16 juin 2016)
- « […] permet d’ouvrir le top case » (Télématin du 17 juin 2016)
- « liker – followers » à propos du compte Facebook de Télématin (Télématin du 29 juin 2016)
"La langue française va mal, avertit le collectif.
Les Français font de l'anglais une boucherie : à chacun son problème ! |
Etouffée par l’anglo-américain, elle voit désormais son usage même évincé par la langue des affaires. Confrontée à cette invasion, notre mémoire renvoie en écho un passé douloureux de soumission et d’oubli de soi. Une majorité capitulatrice plaidera le réalisme, hermétique aux cris sourds d’une identité enchaînée par une pseudo-langue universelle en réalité servante d’un maître particulier. Le français outragé, le français brisé, le français martyrisé."
Les pétitionnaires déplorent l’attitude du chef de l’Etat français envers la francophonie. Ils l'accusent d’organiser une "marche suicidaire vers l’intronisation de la langue anglo-américaine comme seconde langue officielle de la nation". Bien que le français soit langue officielle de l'Union européenne, il est relégué sans que nos eurodéputés ne veille à maintenir la flamme. Est-il une seule liste aux élections du 26 mai 2019 qui s'est engagée sur la protection de la langue française - et de notre culture - en Union européenne ? En fait, quand fut créée l'Union européenne, en 1993, le français était déjà noyé dans onze langues reconnues officielles : l'allemand, l'anglais, le danois, l'espagnol, le français, le finnois, le grec, l'italien, le néerlandais, le portugais et le suédois, comme si la Finlande ou le Portugal était un état-fondateur, alors que le français est une langue partagée par plusieurs membres européens.Il est loin le temps où, en 1957, la Communauté économique européenne (CEE) avait quatre langues officielles pour six pays fondateurs : l'allemand, le français, l'italien, le néerlandais. Au Parlement de Strasbourg, sur territoire français, le multilinguisme intégral est d'ailleurs la règle pour l’ensemble des séances plénières, des réunions des organes parlementaires, des commissions parlementaires et des groupes politiques : le français est une parmi 24.
Le texte des pétitionnaires d'après-scrutin des européennes fait le constat de "l’adoubement, lors du dernier Sommet de la francophonie, de l’anglo-américain comme langue d’usage pour le monde", ainsi que du projet du président de dispenser des cours de matières générales en anglais.
"Il y va de notre identité nationale"
Comme chaque année à la même époque, on s'alarme. Cette fois, ce qui surprend, hormis les post-modernes tiers-mondistes c'est, de surcroît, la nomination récente de la rwandaise Louise Mushikiwabo au poste de secrétaire générale de la Francophonie, qu’ils qualifient de "membre actif d’un régime politique détestable. Il est attendu du chef de file de l’OIF qu’il défende l’usage de la langue française, non qu’il le rétrécisse," fait valoir le collectif.
Pour protéger l’usage de la langue française, les signataires proposent notamment d’encourager "les appellations françaises pour baptiser nouveaux produits et services créés par toute entreprise" qui touche des fonds publics, ou bien de renforcer "par une loi le dispositif linguistique présent, en en rendant notamment l’application contraignante". On pense notamment au mot "challenge" n'apporte aucune valeur ajoutée qui justifierait la relégation de notre mot "défi". Pourtant, la langue française dispose parfois de plusieurs possibilités "made in France" : ainsi, les mots "méthodes", "processus", "marche à suivre" ou "procédés" existent-ils en français sans besoin d'un recours à "process" dont se gargarisent les "femmes savantes" de Molière (oui, Marlène, et les hommes!) de notre temps d'ignares prétentieux. Les pétitionnaires ne mettent en revanche pas en garde contre certaines traductions stupides telles que "scène de crime" pour "lieux du crime", importé des feuilletons américains traduits servilement de "crime scene", au motif d'impératifs de doublage, ou "dispositif médical" littéralement inspiré de "medical device".
Et de conclure: "Faute d’avoir su précéder le Québec comme référence mondiale pour la défense du français, du moins sachons nous inspirer de sa pugnacité et abandonner nos comportements serviles. Il y va de notre identité nationale et de l’avenir de la francophonie." Le Québec a voté en 1977 la Charte de la langue française dite Loi 101 pour officialiser l'usage du français jusque dans l'économie et la politique.
On ne peut passer sous silence l'entreprise de Jacques Toubon, ministre de la Culture d'Edouard Balladur, qui fut le premier à réunir la francophonie à proposer, pour lutter contre le franglais, une liste complète de mots à utiliser à la place des mots anglais. Cette tentative ne fut pas toujours couronnée de succès. Sa proposition fut même l'objet de moqueries en son temps et la loi Toubon (loi no 94-665) pour la promotion de la francophonie fut ironiquement surnommée 'loi AllGood'. Les mots "mél" et "pourriel" étaient-ils tellement risibles ? De plus, la loi no 94-88 du 1er février 1994 impose aux radios "qu’au moins 40 % de la totalité des chansons diffusées mensuellement entre 6 h 30 et 22 h 30 soient des chansons d’expression française". Voyez le résultat dans l'émission The Voice France...
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