Les propriétaires de vieux véhicules ne sont pourtant pas des "nantis" !
Vendredi prochain, le 1er juillet prochain, les véhicules particuliers et camionnettes antérieurs à 1997 seront interdits de circulation en semaine dans Paris
Les contrevenants seront alors passibles d'une amende allant jusqu'à 135 euros. Une interdiction qui pourrait avoir de sérieux impacts sur le marché des véhicules d'occasion, selon la presse qui se dit progressiste, mais surtout sur les budgets des foyers défavorisés.
MétroNews a interrogé Vincent Hancart, directeur général de AutoScout24, plus grande plateforme de petites annonces de véhicules en Europe.
A combien estimez-vous le nombre de propriétaires de voitures qui vont être impactés par l'interdiction du 1er juillet à Paris ?
Vincent Hancart : L'ensemble des véhicules susceptibles de rouler dans Paris-Ile-de-France est estimé à 6,1 millions, soit 16% de l'ensemble du parc automobile français. L'interdiction touche les véhicules ayant plus de 20 ans, immatriculés avant 1997. Mais on a estimé que les Franciliens seront principalement concernés. Ce ne sont pas forcément des propriétaires qui circulent tous les jours dans Paris, mais qui y vont régulièrement ou potentiellement peuvent y aller. D'après nos calculs, entre 300.000 et 600.000 véhicules vont être impactés, sur toute l'Ile-de-France, par cette interdiction.
Et cette interdiction va, selon vous, avoir un réel impact sur le marché des véhicules d'occasion ?
Il est toujours très difficile d'évaluer comment les conducteurs concernés vont réagir. Ils vont peut-être choisir de venir à Paris par un autre moyen de locomotion. Mais il y a aussi un gros risque qu'ils se débarrassent de leur voiture. Et donc qu'on assiste à une augmentation du nombre de véhicules mis en vente. [En régions, les acquéreurs potentiels seront-ils assez sots pour les acheter ? Attendez-vous plutôt à des abandons dans des lieux publics: une "avancée" écologiques...
Actuellement, en se basant sur nos données, on estime que le marché des véhicules de plus de 20 ans est de 250.000. Donc dans l'hypothèse où les propriétaires d'un véhicule concerné par l'interdiction sur la petite couronne décident de le vendre, il faudrait ajouter 300.000 voitures de plus. Ce qui va doubler l'offre [sic]. Il est fort probable qu'avec une telle abondance, le marché français ne puisse pas absorber cette offre [!]. Et il sera très difficile pour les propriétaires de trouver un acheteur. Et ce, sans tenir compte du fait que peut-être d'autres villes françaises vont suivre la même initiative que Paris et venir gonfler encore l'offre au niveau national.
Les véhicules interdits risquent donc de subir une forte décote ?
Assez bien pour Daesh ? |
Chaque voiture – sur notre site la valeur moyenne de ce type de véhicule est de 3.936 euros – va perdre environ 1000 euros. La décote peut aller jusqu'au moins 50%.
Les voitures finiront à la casse ou quitteront le territoire. Il y aura sans doute un débouché à l'étranger [exportation de véhicules trop polluants pour Anne Hidalgo...]: ce sont les pays de l'Est de l'Europe qui risquent d'absorber le plus gros surplus, suivis par les pays du Maghreb et d'Afrique.
Vous estimez aussi que cette interdiction va surtout frapper les ménages les moins aisés...
Dans nos annonces, les modèles les plus courants mis en vente sur le créneau des plus de 20 ans, on retrouve beaucoup de petites voitures, star de leur époque, comme la Renault Clio, la VW Golf, Peugeot 106, 306, 205, Renault Twingo. Plutôt des véhicules de petite taille, utilisés par des gens modestes.
En effet, les propriétaires de voitures avec 20 ans d'âge sont souvent des ménages qui n'ont pas le choix, peu aisés, et qui gardent leur véhicule par souci économique, pour l'amortir. Ils ne vont pas forcément acheter un véhicule neuf, ou n'ont pas les moyens de mettre 20.000 euros dans une nouvelle voiture. Alors oui, cette mesure risque de les mettre dans l'embarras.
Que pensez-vous de cette interdiction ?
Renault Clio 1: mort programmée non assistée |
Un phénomène analogue de revente avait été observé en Allemagne, qui avait mis en place un système de pastilles dans les grandes villes, mais la mesure avait été lancée de façon plus concertée. Là, c'est un peu dogmatique, et on a l'impression qu'il n'y a pas eu beaucoup de concertation avec les professionnels. C'est quand même un couperet, qui va trancher toute une partie du parc automobile. Et l'affluence d'une masse de véhicules sur un marché n'est jamais bon, cela détruit un équilibre, va favoriser l'export, et… polluer ailleurs.
Colère des propriétaires de véhicules concernés
L'association "40 millions d'automobilistes" a annoncé en mai une action collective en justice contre la décision de la mairie de Paris d'interdire la circulation des véhicules anciens dans la capitale à partir du 1er juillet. Elle réclame l'indemnisation des automobilistes lésés. D'après l'association, 800.000 autos [et foyers] sont concernées, qui subiront une décote d'environ 1.250 euros [et non pas seulement 1.000] en moyenne.
L'action collective de "40 millions d'automobilistes" contre la mairie de Paris visait à obtenir en justice une compensation pour la perte de valeur des voitures interdites de circulation dans la ville. Les voitures essence ou diesel mises en service avant le 1er janvier 1997, considérées comme trop polluantes, ne seront plus autorisées à circuler intramuros entre 8h et 20h en semaine.
"La mesure est votée, actée. Un arrêté sera pris automatiquement le 1er juillet. Dès qu'il le sera, nous serons prêts" à saisir le tribunal administratif, a expliqué Me Jean-Baptiste Iosca, qui porte la procédure. "L'idée est de rassembler un maximum de personnes qui vont souhaiter se faire indemniser d'un préjudice évident", car les propriétaires de ces voitures, qui "ne pourront plus rouler avec", "ne pourront plus non plus les vendre", car "personne ne voudra les racheter", tonne Pierre Chasseray, le délégué général de "40MA".
La mairie socialiste pratique la "ségrégation par l'argent"
D'après l'association, 800.000 autos sont concernées, qui subiront une décote d'environ 1.250 euros en moyenne, soit un préjudice total de plus d'un milliard d'euros. "Est-ce que Mme Hidalgo (Anne, la maire PS de Paris) est prête à prendre un risque à un milliard d'euros pour une idéologie ?", a ironisé M. Chasseray, critiquant la "ségrégation par l'argent" que porte, selon lui, une telle mesure, au détriment des plus pauvres. "Comment va faire un plombier francilien auto-entrepreneur, qui a du mal à boucler ses fins de mois, et à qui on dira : 'tu ne peux plus rentrer dans Paris ?'", s'est étranglé Me Iosca.
"La plainte n'a pas été déposée. Nous n'avons pas été notifiés. Nous ne savons pas sur quelle base juridique ils veulent attaquer", a réagi un porte-parole de la Mairie de Paris, se refusant à tout autre commentaire.
Au nom de la santé publique, la Ville interdira ensuite progressivement des véhicules plus récents. En 2020, les voitures immatriculées avant le 1er janvier 2011 seront soumises aux mêmes restrictions. On peut lutter contre la pollution autrement, a objecté Pierre Chasseray, notamment via des "filtres de dépollution" qui éliminent "deux tiers des particules", explique-t-il.
Des dizaines de propriétaires de vieilles voitures avaient manifesté mi-avril dans Paris aux côtés de milliers de motards, qui seront soumis à des interdictions similaires.
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