Ayrault a plaidé samedi pour une ouverture rapide des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne
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Le chef de la diplomatie française a insisté sur la nécessité de "redonner du sens" à l'Europe sous peine de voir le populisme s'enraciner, avant une réunion des dirigeants allemand, français et italien lundi à Berlin et un conseil européen mardi et mercredi.
"Il faut dire aux Britanniques qu'on ne peut pas attendre. Il faut s'organiser dans l'intérêt commun", a dit Jean-Marc Ayrault dans l'avion qui le menait à Berlin pour une réunion des ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de la Communauté européenne - France, Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas et Luxembourg.Depuis le référendum de jeudi, son homologue allemand se montre plus prudent. Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, a été moins expéditif sur les suites à donner à ce vote britannique, tout en insistant sur la nécessité de préserver le projet européen originel de "liberté et stabilité".
"Je crois qu'il est clair que nous sommes dans une situation qui ne permet ni l'hystérie, ni la paralysie", a-t-il déclaré, en appelant les dirigeants européens à s'attaquer aux défis de l'immigration, de la sécurité et du chômage.
"Nous ne devons pas agir de manière désordonnée et faire comme si les réponses étaient toutes prêtes. Mais après la décision des Britanniques, nous ne devons pas sombrer dans la dépression et l'inactivité", a-t-il insisté.
A Paris, François Hollande a de son côté insisté sur la nécessité d'adopter une position intransigeante, afin d'éviter que les Britanniques fassent traîner les négociations pour obtenir davantage de l'UE.
"Redonner du sens à l'Europe"
Après avoir multiplié les contacts avec ses partenaires européens depuis vendredi, le président français s'est entretenu samedi au téléphone avec le premier ministre grec, Alexis Tsipras. "L'un et l'autre sont convenus qu'il ne pouvait pas y avoir de période d'incertitude pour l'Europe, qu'il fallait qu'il puisse y avoir une totale clarté à la fois sur le calendrier et les procédures" de sortie du Royaume-Uni de l'UE, a fait savoir la présidence de la République.
"Nous devons en tirer toutes les conclusions et toutes les conséquences", avait auparavant déclaré François Hollande à l'Elysée. "Nous devons maintenant organiser cette séparation mais nous devons le faire en bon ordre et avec les règles qui sont celles prévues par les traités qui doivent être mises en oeuvre."
La réunion des ministres des Affaires étrangères à Berlin ne doit pas se focaliser sur le projet franco-allemand d'Union plus flexible
"Il ne faut pas se fixer sur l'idée de flexibilité. Il existe déjà une Europe à deux vitesses", a rappelé Jean-Marc Ayrault. La France refuse ainsi de laisser une marge de manoeuvre plus grande aux pays qui ne sont pas prêts à une intégration plus forte.
Evoquant le Conseil européen qui s'ouvrira mardi à Bruxelles, le chef de la diplomatie française a estimé qu'il y aura une "forte pression" sur David Cameron pour qu'il notifie au plus vite et officiellement à l'UE l'intention de son pays d'en sortir en invoquant l'article 50 du traité européen de Lisbonne.
"Il faut créer les conditions pour l'article 50. Il y a urgence", a martelé le bout-en train Jean-Marc Ayrault (ci-contre et en dessous) en soulignant que l'UE, qui a "respecté l'autonomie britannique et le référendum", ne peut pas patienter jusqu'à octobre "pour des raisons politiques internes", en l'occurrence la prochaine convention du parti conservateur britannique où le successeur de David Cameron devrait être choisi.
"Il faudra, à 27, se mettre d'accord et de dire qu'au-delà d'une certaine date, c'est fini", a poursuivi l'agaceur français (ci-dessus). "Il faut redonner du sens à l'Europe, sinon les populismes vont s'engouffrer dans la brèche."
Cameron et Johnson ne sont plus pressés
David Cameron a annoncé vendredi qu'il laissera le soin à son successeur d'invoquer l'article 50 qui déclenchera jusqu'à deux ans de négociations sur la sortie de son pays de l'UE.
Quant à son possible successeur, Boris Johnson, porte-parole du camp favorable à une sortie du Royaume-Uni de l'UE (le "Brexit") lors du référendum du 23 juin 2016, il a jugé qu'"il n'y actuellement nul besoin de se hâter (...). Il n'y a aucune raison de se précipiter à invoquer l'article 50".
Paris s'aligne sur les déclarations du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, vendredi.
"Cela n'a aucun sens d'attendre jusqu'au mois d'octobre pour tenter de négocier les conditions de ce départ", a-t-il dit dans un entretien à la chaîne allemande de télévision ARD.
"Ce n'est pas un divorce à l'amiable mais ce n'est pas non plus une affaire passionnelle", a-t-il ajouté.
Dans le camp des faibles, pour faire poids face à l'Allemagne sur la sortie du Royaume-Uni et les nouvelles propositions pour l'Europe, François Hollande s'alliera à Matteo Renzi en dînant avec le président du conseil italien, samedi à Paris, tout affaibli qu'il soit par deux défaites électorales, à Rome et Turin, avant que les trois dirigeants se retrouvent lundi à Berlin.
Le Conseil européen mardi et mercredi à Bruxelles sera la première étape, selon lui, de la reconquête de la confiance des concitoyens dans l'Union, dont la France est un pays fondateur.
Au chapitre des initiatives qu'il faut prendre, l'agaceur français a énuméré vendredi les domaines suivants : sécurité, défense, protection des frontières, investissement pour la croissance et l'emploi, politiques industrielles, harmonisation fiscale et sociale, ainsi que renforcement de la zone euro et de sa gouvernance.
Le m'as-t- vu mènera par ailleurs samedi une série de consultations des partis politiques français et verra le président du Conseil européen, Donald Tusk, lundi matin à Paris.
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