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lundi 27 avril 2020

Déconfinement : Macron tronque le débat à l'Assemblée et passe en force

Le débat mercredi était un petit pas pour Macron; son refus, un grand recul pour la démocratie

Macron  passe en force,
 sans vote, par peur du débat

Après avoir agrégé le sujet du projet du déconfinement à celui de l'application StopCovid et concédé - sous la pression - un temps réduit d'étude de ses propositions, l'imprévisible Macron  change de braquet, accélérant l'examen des grands axes de son déconfinement et en refusant le temps du débat. 
Une tactique du coup fourré dénoncée à gauche, comme dans la majorité, où les réticences contre cette application sont fortes.

Plus que jamais considérés comme des pions, les députés et sénateurs n'auront ni débats et ni votes spécifiques sur les mesures de déconfinement, incluant le recours à l'application StopCovid, laquelle pose à elle seule la question des libertés individuelles. 

Macron s'assoit sur le Parlement.
Il lui laisse un seul os à ronger, celui du projet d'application StopCovid. La volonté du gouvernement de présenter dès mardi le plan global de déconfinement lui permet de passer à la trappe ces étapes parlementaires chères aux démocrates: si le "conseil scientifique" est accroché aux procédures, au mépris des vies mises en danger, Macron, quant à lui, se comporte en autocrate, menaçant le régime parlementaire défini par la Constitution. 

Museler les représentants du peuple est une atteinte à la démocratie.  
Alors qu'il appelle à l'"union nationale", l'incohérent Macron tente un coup de force qui ne peut réussir qu'avec le soutien des élus LREM dans la crainte de débats s'annonçant houleux jusque dans la majorité, assure-t-on encore, bien que le scénario de la contestation dans le parti du président soit maintenant éculé depuis plusieurs réformes. Sans oublier que la gauche est vent debout contre ce projet et que la droite est elle aussi très partagée sur la question.

Anticipant une très forte abstention du côté des députés LREM, l'exécutif veut dissimuler la contestation interne. Sur le sujet de l'application de traçage porté par le secrétaire d'Etat au Numérique, Cédric O, Macron et Philippe prévoyaient une courte majorité de soutien au final, mais ils ne pouvaient pas non plus le mettre de côté dans le cadre du déconfinement, sous peine de se voir accusés de refus des moyens du combat. 

Le Sénat a refusé de traiter séparément deux sujets liés. 
Compte tenu des réserves de sa propre majorité sur ce projet StopCovid, l'application de traçage des porteurs du virus, Gérard Larcher, le président de la chambre haute, à majorité de droite, était très réticent à l'idée d'organiser un débat et un vote spécifiques sur des sujets complémentaires. Il a donc souhaité que le débat soit global et cohérent. "Je suis un pragmatique ; le traçage, pourquoi pas ? Mais si nous n'avons ni masques ni tests, il [le traçage] ne nous protégera pas du Covid. C'est pourquoi j'ai demandé au président de la République qu'il y ait un débat global sur le déconfinement", a-t-il confirmé dans le JDD. L'exécutif a donc bondi sur l'occasion de piéger les défenseurs des libertés individuelles, ainsi contraint au tout ou rien.


Un passage en force de plus risque-t-il de laisser plus de traces sur ce quinquennat ? 

La confiscation du débat sur le StopCovid est dénoncée à gauche et passe mal au sein de la majorité. "Un vote unique sur le plan déconfinement - sans possibilité de se prononcer sur le traçage numérique en tant que tel - et avec un nombre aussi réduit de députés déconfinés autorisés dans l'hémicycle ne correspond pas, au regard des enjeux, à un niveau de démocratie parlementaire suffisant", a dénoncé sur Twitter Aurélien Taché, un député LREM et ex-socialiste qui a assuré ses arrières dans le parti du président, mais qui est très opposé à cette application, quel que soit la durée de l'autorisation de son fonctionnement

Comme les autres aspects du déconfinement, Philippe a prévu d'évoquer cette application lors de son discours, mardi prochain, d'autant plus superficiellement que l'exécutif n'est pas encore sûr d'être prêt pour le 11 mai. Le Parlement pouvait-il donc se prononcer sur un sujet aussi virtuel? Seuls les idéologues sont capables de fermeté sur les théories...  

Les députés de tout bord entendent rester vigilants, malgré l'absence de débat et de vote. 
"L'utilité du traçage ne peut s'apprécier qu'à l'aune de la stratégie globale de déconfinement, a déclaré aux Echos Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des Lois à l'Assemblée nationale, rejoignant la majorité Les Républicains au Sénat. Il est donc important que nous puissions avoir mardi cette vision d'ensemble", a-t-elle insisté. 
Et cette rebelle (qu'on avait pas vu venir) de conclure: "Pour autant, beaucoup de questions restent ouvertes sur l'application et il n'est donc pas question de s'épargner ce débat au Parlement. La commission des Lois va poursuivre son contrôle et ses échanges avec le ministre et la CNIL sur le développement de l'application et son utilisation". 

Mais
l'application StopCovid ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt des forfaitures anti-démocratiques de Macron.
Affaire à suivre dès mardi soir avec les annonces de l'Edouard. 
Encore qu'il ne faille s'attendre qu'à de grands axes en pointillés qui ne permettent pas d'avancer ou laissent toutes les mises en oeuvre - et leur financement - sur les bras des collectivités territoriales.

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