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samedi 25 avril 2020

Les "gens" volent à la rescousse d'Air France-KLM avec 7 milliards d'euros de prêts

Tous ne prennent pas l'avion, mais tous contribueront avec 7 milliards d'euros de prêts

Air France-KLM est le premier grand groupe de transport aérien à obtenir une aide massive d'Etat sous la forme de prêts pour un montant total de 7 milliards d'euros.


"En même temps", Air France rembourse aux Etats-Unis, mais pas en France : quand un vol est annulé pour cause de pandémie, la compagnie aérienne nationale française ne rembourse pas le passager français en numéraire mais émet un avoir. C’est le grief qu'adresse l’UFC-Que Choisir à  Air France, ainsi qu’à 56 autres transporteurs, dans sa mise en demeure dévoilée le 24 avril.
Une porte-parole du groupe Air France/KLM assume : "Effectivement, en cas de vols annulés, nous émettons un avoir, remboursable s’il est non utilisé au bout d’un an, explique-t-elle. En fait, nous ne refusons pas les remboursements, mais nous les différons.Soutenu par le gouvernement français, le principe provoque la colère des agences de voyages et de nombreux voyageurs, d’autant qu’en l’absence de caisse de garantie des compagnies aériennes, si un transporteur devait faire faillite, les avoirs émis seraient perdus pour les consommateurs… Or, le risque est grand.

Pour mémoire, l’Europe refuse toujours le principe de l’avoir, et l'UE demande pour l’instant aux compagnies de rembourser les clients des vols annulés en raison de la pandémie, en vertu du règlement (CE) 261/2004. Mais pour les compagnies, qui regardent avec envie le système des avoirs de 18 mois mis en place pour les voyages (hors transports secs) par l’ordonnance du 25 mars 2020, les remboursements représentent une trop grosse ardoise, alors même que l’activité est à l’arrêt. A titre d’exemple, Air France opère seulement 5% de son trafic normal, sa compagnie soeur KLM moins de 10%.
A noter toutefois qu'alors qu'on s'interroge si il y a un pilote dans l'avion-France, le ministère américain des Transports est intransigeant.

Les Pays-Bas, dans les prochains jours, devraient suivre avec pour 3 milliards supplémentaires de prêts. Air France-KLM, qui perd actuellement 25 millions d'euros par jour, obtient ainsi de quoi tenir pendant une crise longue.

Tourisme - Transport

Vingt-six ans après la recapitalisation de 20 milliards de francs (3 milliards d'euros), qui avait permis au groupe Air France d'échapper à la faillite et d'effectuer par la suite un spectaculaire redressement, l'Etat-actionnaire français vole de nouveau au secours de l'ex-compagnie nationale.

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a lui-même annoncé la signature de plusieurs accords de prêts bancaires garantis par l'Etat françaisSix banques promettent les 7 milliards d'euros, garantis par l'Etat pour 4 milliards d'euros et un prêt direct de l'Etat-actionnaire de 3 milliards d'une maturité de 4 ans. "Il faut sauver notre compagnie nationale", a-t-il ajouté, ce vendredi soir sur TF1, qualifiant ce plan d' "historique" (niveau supérieur à "inédit", en rhétorique officielle) et précisant qu'une nationalisation n'est toutefois "pas à l'ordre du jour" ("sur la table" étant l'expression consacrée actuelle réservée au quotidien, voire à l'"inédit"...).

"Ça ne coûte rien, c'est l'Etat qui paye", disait Hollande: Macron, pareil !

Contrairement au gouvernement français, qui gouverne par ordonnances et réforme à coups d'article 49.3, le gouvernement hollandais a jugé utile de demander le feu vert de son parlement. 
A ces 7 milliards d'euros pourrait en effet s'ajouter la contribution hollandaise au sauvetage de KLM, dans les prochains jours, mais toujours en "discussion", avoue Bruno Le Maire - pour un montant d'ailleurs encore imprécis, mais qui devrait avoisiner les 3 milliards d'euros. 

L'enveloppe totale, qui reste subordonnée à son approbation par la Commission Européenne, devrait donc atteindre les 10 milliards d'euros. De quoi permettre au Air France-KLM, dont l'activité a chuté de plus de 95 % et qui perd 25 millions d'euros par jour, de faire face à ses échéances financières du troisième trimestre et pouvoir accompagner une lente reprise de l'activité, qui pourrait s'étaler jusqu'en 2022. Les dernières prévisions d'Air France-KLM tablent sur un trafic toujours en recul de 80 % en juin, de 60 % en juillet et de 40 % en août… Et encore de moins 10 % fin 2021.

Prêts directs et prêts garantis?
Les gouvernements français et néerlandais ont accepté d'aller au-delà de la limite de 25 % du chiffre d'affaires fixée par la réglementation européenne, en garantissant 90 % du montant des prêts bancaires. Et comme les prêts bancaires ne suffisaient pas, le gouvernement français a également accepté de procéder à une injection supplémentaire de capital, sous forme d'un prêt directement consenti par l'Etat. Prêt qui pourrait n'être jamais remboursé : est-ce que l'Etat demande aux Etats africains de rembourser leur dette?

Par ailleurs, ces prêts garantis sont complétés par les différentes aides consenties par l'Etat français depuis le début de la crise : les reports de paiement de taxes et de charges et surtout, des mesures dites "d'activité partielle", qui ont permis à Air France de mettre temporairement au chômage 76 % de ses effectifs au frais de l'Etat. En y ajoutant les mesures équivalentes prises par l'Etat néerlandais pour préserver l'emploi chez KLM, le groupe a ainsi pu économiser quelque 1,1 milliard d'euros pour 2020.

En contrepartie de ces aides, Air France-KLM a néanmoins dû s'engager sur un certain nombre de points. 
Le premier, dicté par les pressions environnementales, porte sur un engagement à oeuvrer en faveur d'un "développement durable". "Il faut qu'Air France nous présente un plan de réduction des émissions de CO2", a indiqué Bruno Le maire sur TF1. 
Mais l'engagement principal concerne sa capacité à rembourser ces sommes. Pour cela, le groupe s'est engagé à amplifier les réductions de coûts et à accélérer son "plan de transformation", présenté en novembre dernier, qui visait à doubler son bénéfice d'exploitation d'ici à 2024 pour atteindre une marge opérationnelle "de 7 % à 8 %", contre 4,8 % en 2019 (et 2,1 % seulement pour le groupe Air France).
D'après les premières indications esquissées en interne et lors d'une audition par le Sénat, ce plan, initialement prévu sur 5 ans, devrait être réalisé en deux ans d'ici à fin 2021. Il pourrait se traduire par une réduction sensible de l'offre d'Air France, notamment sur son réseau domestique, avec un impact sur les effectifs : des suppression d'emplois.

"A l'issue de l'élaboration de ce plan, le conseil d'administration du groupe envisage de procéder à une opération de renforcement de ses fonds propres, qui pourrait intervenir au plus tard à l'issue de l'assemblée d'approbation des comptes de l'exercice 2020", précise Air France. "Dans ce cadre, l'Etat français a indiqué son intention d'examiner les conditions de sa participation à une telle opération de renforcement des fonds propres", ajoute-t-il.

Un effort sans précédent

Après Fnac-Darty , Air France-KLM est ainsi le deuxième grand groupe français à bénéficier d'un prêt garanti par l'Etat, mais dans des proportions quatorze fois plus importantes en l'espèce. Air France-KLM est également le premier des grands groupes de transport aérien européen à bénéficier d'une aide d'Etat. Les compagnies scandinaves SAS et Norwegian, le groupe Lufthansa en Allemagne, Virgin Atlantic au Royaume-Uni ou encore Alitalia en Italie ont également reçu le soutien de leurs gouvernements respectifs, mais, pour l'heure, aucun Etat européen n'a consenti un tel soutien financier.
Ailleurs dans le monde, Singapore Airlines et les principales compagnies américaines ont toutefois obtenu des montants supérieurs ou équivalents. 

Macron passe outre les règles européennes
A Delta Air Lines, le partenaire américain d'Air France-KLM, devrait ainsi toucher 11 milliards de dollars du gouvernement américain sous forme de prêt direct et de prêts bancaires garantis.
A l'inverse du gouvernement américain qui a conditionné l'octroi de son aide à l'obligation de préserver à la fois les effectifs et le réseau intérieur, le gouvernement français étatiste n'a, semble-t-il, pas mis de frein aux possibilités de "restructuration" d'Air France et de KLM.

Cette aide massive sera-t-elle suffisante ? 
En 1994, les 20 milliards de francs consentis par Edouard Balladur à Air France avaient permis au groupe de revenir aux bénéfices trois ans plus tard, après huit années de pertes. Et d'achever sa transformation en compagnie de "hub" internationale, ouvrant ainsi la voie à sa privatisation. Dix ans plus tard, le rachat de KLM avec l'aval de Raffarin (2004) permettait même à Air France de se hisser au premier rang européen…
Tout est remis en cause et Macron craint de se voir reprocher de n'avoir pas su veiller à la consolidation du géant aux ailes d'argile.

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