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jeudi 2 avril 2020

Crise sanitaire : que retenir des auditions de Philippe et Véran ?

Les députés, membres de la mission d’information, ont tenté d'en savoir plus  sur la gestion de l’épidémie

Deuxième exercice d'entraînement à la "transparence"

Coronavirus : déconfinement, bac, masques... l'essentiel des ...

Première dans l'Histoire politique moderne française en contexte inédit de pandémie, 31 députés et les présidents des huit commissions permanentes de l'Assemblée nationale ont mené des auditions du premier ministre Edouard Philippe et du ministre de la Santé Olivier Véran, en visioconférence, pour éviter le risque de contamination, alors que trois députés sont décédés du Covid19. 
Confronté à la défiance et aux critiques de nombreux Français sur la gestion de l'épidémie de coronavirus, Macron avait missionné le premier ministre pour promettre la "transparence" sur la situation sanitaire. Samedi déjà, ils avaient ainsi tenté de lever les doutes mais leur longue conférence de presse n'avait pas suffi à écarter les soupçons. "Je ne cherche pas à justifier l'action du gouvernement. Je sais bien que le moment venu, nous tirerons ensemble les leçons de la crise.", avait affirmé Edouard Philippe.

"Le combat ne fait que commencer". Après avoir annoncé vendredi le prolongement du confinement au moins jusqu'au 15 avril, le premier ministre a prévenu que "le combat ne fait que commencer". "Les quinze premiers jours d'avril seront difficiles, encore plus difficiles que les quinze jours qui viennent de s'écouler", a affirmé le locataire de Matignon.

La mission d'information a commencé ce mercredi soir ses auditions sur "l'impact, la gestion et les conséquences" de l'épidémie du covid-19. Les élus de la représentation nationale, de la majorité et de l'opposition, ont immédiatement invité les deux membres du gouvernement à répondre à leurs interrogations sur la gestion de la crise sanitaire.

Lors de son propos liminaire, Edouard Philippe a voulu anticiper toute déception sur les réponses qu'il pourrait apporter. "Nous ne savons pas tout, a-t-il annoncé d'emblée. Face à des événements de la nature de ceux que nous vivons, face aux conséquences de décisions telles que le confinement, nous ne savons pas tout […] Les décisions que nous prenons sont souvent prises sur le fondement d'informations parfois incomplètes et souvent contradictoires." L'exemple le plus prégnant porte sur le calendrier du déconfinement.

Un "déconfinement progressif" ?

Le premier ministre a aussitôt prévenu que le déconfinement ne pourra certainement pas se faire « en une fois », mais par étapes, en fonction de critères à définir.
Le calendrier du déconfinement est une question "éminemment complexe " et dont la réponse dépendra des traitements mis ou non à disposition, des tests qui pourront ou non être effectués et de la façon dont le virus aura circulé. "Il est donc probable que nous ne nous acheminions pas vers un déconfinement général et absolu partout et pour tout le monde", a prévenu le chef du gouvernement.
"Nous avons demandé à plusieurs équipes de travailler sur cette question ", a-t-il déclaré, confirmant le fait que l'hypothèse est véritablement envisagée. Il s'agira également d'évaluer "la proportion de nos concitoyens ayant été au contact avec le virus" et donc le degré d'"immunisation" de la population, a fait valoir le premier ministre.

L'exécutif réfléchit ainsi à la mise en œuvre d'un déconfinement régionalisé, dont les modalités restent à définir. D'autres critères pourraient servir ce déconfinement progressif, en fonction de l'âge, par exemple.





Pour l'heure, le confinement général en France est ordonné jusqu'au 15 avril. "Nous espérons, et là encore je suis prudent, pouvoir avancer sur le sujet et présenter des éléments d'une stratégie de déconfinement dans les jours, la semaine qui viennent, de façon à donner une perspective à nos concitoyens", a-t-il conclu. 

"4.000 lits disponibles en réanimation"

La principale bataille se livre aujourd'hui pour les cas graves et critiques et donc sur le sujet du nombre de places disponibles en réanimation. "Il y a plus de 5.500 malades hospitalisés en réanimation, a fait savoir Olivier Véran. La France compte en situation normale 5.000 lits en réanimation. Le plan blanc activé très tôt a permis d'augmenter nos capacités à 10 000 lits. C'est un effort phénoménal, a-t-il commenté." Mais les services de réanimation ont accueilli 359 patients de plus au cours de la journée de ce dimanche.
Le ministre a fixé un objectif "de l'ordre de 14 000 lits". Une course contre la montre, puisque le pays conserve à ce jour quelque 4.000 lits disponibles, dont 1.700 dédiés aux malades du covid-19.

"Pas possible d'organiser le bac dans des conditions normales"

Depuis trois semaines, les enseignants tentent autant que possible d'assurer la continuité pédagogique, en dépit de matériaux parfois complexes à mettre en oeuvre et des débits de connexion faibles. Un travail difficile à conduire, qui implique également les parents. Sur ce point, le premier ministre a dit espérer une reprise des enseignements au début du mois de mai, le 4. Sans pouvoir là encore le garantir, du fait que le confinement pourrait être amené à perdurer.

Il est en revanche "acquis" que le baccalauréat ne pourra pas se tenir dans "des conditions normales", a acté Edouard Philippe, évoquant les difficultés à mettre en route cette "énorme machinerie".
L’Education nationale réfléchit à des épreuves finales "allégées", en raison des circonstances. Le reste des notes pourraient se baser sur le contrôle continu.






Vers un "tracking"... volontaire [localisation]?

Interrogé sur les moyens de renforcer le contrôle des mesures de restriction, le Premier ministre est revenu sur la possibilité d'instaurer le tracking des citoyens par l'intermédiaire de leurs smartphones. Une méthode notamment déployée en Corée du Sud, qui présente l'une des courbes de propagation du virus les mieux contrôlées au monde. Le dispositif ne serait néanmoins "pas légalement permis en France", a précisé le ministre, qui n'écarte pas l'idée d'un traçage volontaire des citoyens.

S'agissant des contrôles des forces de l'ordre, le Premier ministre a fait savoir que 5,8 millions de contrôles pour non-respect du confinement ont été effectués en France entre le 17 et le 31 mars. Parmi ces contrôles, 359.000 infractions ont été constatées, dont 64 % par la police nationale.

Objectif de 20.000 tests de dépistage par jour

La semaine passée, le pays était en mesure d'effectuer 5.000 tests quotidiens de dépistage du coronavirus. Edouard Philippe veut quadrupler ce chiffre pour atteindre le cap des 20.000 tests par jour.
Mais ce sont les tests de sérologie qui seront cruciaux: la recherche d’anticorps dans le sang permettra de mesurer l’ampleur de l’épidémie et d’accompagner le déconfinement du pays. La France s’y prépare pour les prochaines semaines.

Au député Damien Abad, chef du groupe LR qui demandait comment le gouvernement entendait rattraper l'Allemagne, le premier ministre n'a pas hésité à émettre des réserves sur ses 500.000 tests journaliers revendiqués. "Quand l'Allemagne dit qu'elle réalise 500 000 tests, je ne sais pas ce que cela signifie. Je suis toujours très prudent lorsque je compare les chiffres français et les chiffres des autres pays, quels qu'ils soient." En distillant le soupçon, le premier ministre participait ainsi au malaise qu'avec Macron il dénonce en France.  Et le pensionnaire de Matignon de faire savoir que si la France effectue des dépistages pour chaque décès suspect, il n'est pas certain que les pays voisins fassent de même. Aveu que la France n'est pas un exemple pour ses alliés ?

Mélenchon réclame des nationalisations

Jean-Luc Mélenchon, LFI, chef de file de l'extrême gauche, n'a pas rompu avec le ton modéré des échanges. Soutenu sur ce point par les députés Philippe Vigier et Mathilde Panot, il a toutefois appelé fermement à des nationalisations, citant notamment deux entreprises : Luxfer, qui produit des bouteilles d'oxygène, et Famar, qui produit des médicaments, et qui est en redressement judiciaire. Jean-Luc Mélenchon a aussi appelé à des nationalisations dans l'industrie du textile.

"Augmenter la production nationale ça ne passe pas nécessairement par la réquisition ou la nationalisation, a assuré le premier ministre. Sans réquisitionner sans nationaliser, l'exemple des masques le montre, on peut mobiliser le tissu productif national". 
Olivier Véran a pour sa part dit "regarder" de "très près" toutes les offres de reprise de l'entreprise Famar Lyon,  unique productrice française de Nivaquine.

Non, ce n'est pas de l'idéologie : et sont fermés. Le Premier ministre ne connaît même pas la situation.

20:18 - 1 avr. 2020

Le gouvernement persiste à mépriser l'hydroxychloroquine

Interpellé par Joachim Son-Forget sur la politique gouvernementale d'encadrement du traitement à la chloroquine, le ministre de la Santé a réitéré les raisons de l'exécutif pour ne pas en généraliser l'administration. "Monsieur Son-Forget est médecin; il ne sait que trop bien que pour prescrire un médicament, il faut avoir un minimum d'éléments pour démontrer scientifiquement de son efficacité, en France ou ailleurs dans le monde, a-t-il défendu. Aucun pays aujourd'hui n'est allé au-delà de l'autorisation, a indiqué le suiveur: le temps des premiers de cordées et de  l'innovation sont des mythes macroniens révolus. Croyez-moi, si un médicament, que ce soit celui-ci ou un autre, est capable d'améliorer l'état de santé des Français, nous le ferons."

Des territoires exonérés du confinement ?

Si Richard Ferrand a insisté pesamment pour éviter tout début de polémique et invité les députés à garder une certaine réserve devant les caméras et jusqu'au lancement de l'enquête parlementaire, le député Éric Ciotti ne s'est pas laissé museler sur le respect - ou plutôt le non-respect - du confinement dans certains quartiers et a interpellé les deux ministres sur ce sujet sensible. "Il existe des exceptions dans certains territoires où il est mal ou pas du tout respecté, et notamment dans certaines banlieues", a grondé le député des Alpes-Maritimes.

Edouard Philippe a reconnu que "le respect d'un confinement strict est probablement plus difficile dans certains endroits que dans d'autres". 
Mais le chef du gouvernement a éludé la question : le sujet était plutôt de savoir si le ministre de l'Intérieur est capable de faire respecter les décrets et arrêtés partout sur le territoire. Le premier ministre a d'ailleurs fini par concéder qu'il est sans doute plus difficile de faire respecter le confinement à Mayotte plutôt que dans le VIIe arrondissement [pris au hasard:c'est celui de Rachida Dati] de Paris [ou même que le XXe], au mépris de la consigne de R. Ferrand d'éviter la polémique... 
Avant de tonner : "Mais je le dis aussi avec force, la loi s'applique partout sur le territoire. Le confinement, il n'est pas là pour contenter ou pour ennuyer une catégorie de français plutôt qu'une autre." Encore un coup de menton dans le vide.

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