Après plus de quatre mois, les Gilets jaunes sont évidemment moins nombreux, mais ils résistent bien à la police et à la presse
Ils étaient toujours plus nombreux que ce qu'en dit le ministre de l'Intérieur
Pour leur 21e samedi de mobilisation contre les politiques sociale et fiscale du gouvernement, les Gilets jaunes ont enregistré la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement, hormis pendant la trêve des confiseurs, selon le ministère de l'Intérieur, à deux jours du compte-rendu du 'grand débat' national.
Selon Castaner, dont les chiffres sont contestés chaque semaine par le mouvement (cf. ci-dessus), comme ils le sont lors de mobilisations syndicales, les manifestations ont rassemblé 22.300 personnes en France, dont 3.500 à Paris. Le ministère avait comptabilisé 33.700 participants la semaine dernière, dont 4.000 à Paris.
C'est, selon cette source gouvernementale, le plus faible niveau de participation depuis le premier samedi de revendications, le 17 novembre. 282.000 personnes avaient alors manifesté dans toute la France, un chiffre jamais dépassé.
Sur la page Facebook du "Nombre jaune" qui décompte les manifestants, les "Gilets jaunes ont revendiqué une "première estimation basse" de 73.420 participants en France. Ils étaient 68.110 le 29 décembre 2018, selon le 'Nombre jaune' que l'AFP occulte, sur ordre tacite de l'exécutif, lequel dédaigne les Gilets jaunes : Macron ne les mentionne jamais; ils sont rayés de son vocabulaire. Et de ses décisions ?
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Le mouvement gagne en maturité
Partout sur le territoire, les manifestations se sont déroulées sans incident majeur.
A Paris, le principal cortège, parti de la place de la République, a rallié l'esplanade du quartier d'affaires de la Défense, à l'ouest. Les manifestants venus dénoncer "l'art de l'optimisation fiscale" se sont rassemblés sur les marches de la Grande arche avant de se disperser, dans le calme, en fin d'après-midi.
"La Défense, c'est le symbole du capitalisme à outrance, le siège des grandes entreprises qui s'en mettent plein les poches sur notre dos et grâce à nous", a résumé Valérie, 50 ans, qui souhaite "un retour de l'ISF", l'impôt sur la fortune. "C'est la fin du système capitaliste. Il est mort. Nous le célébrons", a commenté sur place le chanteur Francis Lalanne, vêtu d'un gilet jaune. Le 18 décembre 2018, se ralliant au mouvement des Gilets jaunes, il lance une liste "rassemblement gilets jaunes" pour les élections européennes de 2019, déclarant : "Il n'y aura pas de tête de liste, on s'en fiche". En mai 2007, il avait annoncé sa candidature aux élections législatives de juin 2007, dans le Bas-Rhin, avec l'investiture du Mouvement écologiste indépendant d'Antoine Waechter. Dix ans plus tard, il se déclara encore candidat aux législatives avec le "mouvement écocitoyen '100 %'".
En chemin, quelques manifestants avaient tenté de descendre sur le périphérique, avant d'être rapidement repoussés à l'aide de tirs de gaz lacrymogène par des forces de l'ordre en surnombre.
Les journalistes de l'AFP, supplétifs du ministère de l'Intérieur ?
D'autres cortèges de "gilets jaunes" ont défilé dans plusieurs villes, comme à Nice, Forbach ou Nantes, où la manifestation - environ 400 personnes, selon l'AFP, dont la technique de comptage reste un mystère ! - a été dispersée à l'aide de gaz lacrymogène au niveau d'une fête foraine dont les manèges ont momentanément fermé.
A Rouen, où un appel à un rassemblement national avait été lancé, moins d'un millier de personnes a manifesté, mais des échauffourées ont éclaté entre CRS et manifestants cagoulés et vêtus de noir, du mobilier urbain a notamment été dégradé.
A Toulouse, où le cortège était moins fourni que les semaines précédentes, l'AFP revendique à nouveau un recensement personnel de 1.200 à 1.500 manifestants, qui ont défilé dans le calme.
Ils étaient 1.300 à Montpellier, cette fois selon la préfecture, où le cortège a été émaillé d'incidents.
Ils étaient entre 1.000 et 2.000 à Lille où un différentiel de 1.000 n'interpelle pas l'AFP.
A Bordeaux, les manifestants étaient également moins nombreux que d'habitude, 1.500 selon une source (anonyme) proche du dossier, car c'est un "dossier", lequel n'indique pas à l'AFP que le temps étaient partout extrêmement pluvieux en France...
A Lyon, quelques centaines de Gilets jaunes ont défilé dans un parcours contenu par les forces de l'ordre, qui ont tiré "quelques gaz lacrymogènes", selon la préfecture.
A Dijon où des dégradations ont été constatées, "des billes d'acier" ont été tirées sur les forces de l'ordre et des "projectiles" sur le tram, a dit la préfecture.
En Corrèze, quelque 300 personnes ont manifesté dans le calme sur le barrage hydro-électrique de Bort-les-Orgues, afin de dénoncer ce qu'ils estiment être une possible privatisation des barrages français et "la vente de la France à la découpe".
A Saint-Nazaire enfin, près de Nantes, plusieurs dizaines de délégués se sont retrouvés pour la seconde "Assemblée des assemblées".
Venus de toute la France, ils y ont envisagé l'élaboration de listes pour les municipales d'ici 2020.
Un autre cortège parisien, au parcours déclaré comme le premier.
Il était composé d'une centaine de personnes, selon l'Agence française de presse, qui ne cite pas la préfecture de police et assume seule ses chiffres contestés: selon une organisatrice, Sophie Tissier, ils étaient quatre fois plus (400 personnes). Il a rejoint dans le calme le bassin de la Villette, au nord-est.
"On veut une démocratie un peu plus ouverte", y explique Thomas Fleury, 28 ans et auto-entrepreneur dans l'immobilier, venu en famille. Pour lui, le grand débat était "une bonne idée de Macron", mais "ça a été mal fait" : "Macron était trop ambigu dans ses réponses".
15.000 contrôles préventifs pour 3.500 manifestants à Paris
Les interdictions de manifester dans un vaste périmètre comprenant le palais présidentiel et l'Assemblée nationale, au bas de la "plus belle avenue du monde", ainsi que sur les Champs-Elysées et la place de l'Etoile, avaient été reconduites après les violences trois semaines plus tôt.
L'appel à la première des deux manifestations avait été relayé par Eric Drouet, notamment.
Eric Drouet se trouvait avec sa mère lorsqu'ils ont été verbalisés, sur un parcours déclaré |
Or, samedi matin, cette figure des figures du mouvement a été verbalisée pour "participation à une manifestation interdite" à proximité des Champs-Elysées, selon une source policière. Une amende "due à ma notoriété et ma présence sur les Champs", a-t-il souligné sur Facebook.
A 18h30, la Préfecture de police de Paris recensait 43 interpellations, 14.919 contrôles préventifs et neuf verbalisations dans le périmètre interdit, dont deux membres de la famille Drouet.
Lundi est prévu le compte-rendu du grand débat national, sur la base des contributions des citoyens, sur laquelle travaillent depuis des semaines plusieurs organismes mandatés par l'exécutif, mais des entreprises privées.
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