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vendredi 12 avril 2019

La politique clivante de Macron fissure aussi LREM

Edouard Philippe s'en agace !

Le "bric-à-brac" du parti présidentiel ne résiste pas aux épreuves

Jean-Pierre Mignard, avocat pénaliste (à gauche) et Aurelien Taché, député LRM du Val d'Oise, dans le bureau de ce dernier, à l’Assemblée, le 8 avril.
Jean-Pierre Mignard, 68 ans, avocat pénaliste (à gauche) et
Aurelien Taché, 34 ans, député LRM du Val d'Oise,
dans le bureau de ce dernier, à l’Assemblée, le 8 avril
Le "en même temps" à LREM aurait-il du plomb dans l’aile? A 'La République en marche', le clivage gauche-droite refait surface à tout moment, sous l'effet des mesures non débattues voulues par Macron, au point d'irriter visiblement le premier ministre, ces derniers jours.

Y a-t-il une gauche, un centre et une droite à l'auberge espagnole LREM ?
Les récentes passes d’armes entre certains de ses cadres interdisent de les nier. Si on croyait le parti présidentiel monolithique et plombé, il apparaît que les tensions émergent de plus en plus entre les courants. Sur le fond, des polémiques sur l’âge de départ à la retraite, le déficit public, la suppression de la redevance, la baisse des impôts ou, avant cela, la loi anti-casseurs ou asile-immigration de Gérard Collomb. Ca fait beaucoup...


Sur la forme, le dernier exemple en date est l’initiative, remarquée, d’Aurélien Taché et Jean-Pierre Mignard. Les deux hommes, l’un ancien socialiste, l’autre avocat et intime de l’ex-président - il a rejoint Macron lorsque François Hollande a renoncé à se présenter - lancent Hypérion, un laboratoire de la gauche démocrate au sein de la majorité. Une initiative qui déplaît visiblement au Premier ministre : Edouard Philippe juge “absurde” de persister à considérer le clivage gauche-droite.
 
"Pas là pour nous envoyer nos origines à la figure" (Edouard Philippe, juppéiste). 
"Je trouve incroyable qu’on se revendique encore aujourd’hui d’appellations d’origine contrôlée", s’est en effet agacé le chef du gouvernement lundi soir, face au bureau exécutif de La République en marche, selon les informations de France Inter. 

Les cadres du parti autour de la table, Edouard Philippe (ex-LR) d’un côté avec Stanislas Guerini, ex-PS, le patron de LREM, à ses côtés. Face à eux, en ligne de mire, Aurélien Taché, Guillaume Chiche (deux ex-PS)
Une fois par mois, Edouard Philippe s’invite au 'Burex', comme l'appellent les fidèles, avec ironie. 

Taché et Mignard annoncent d’ailleurs leur mal-être et leurs intentions.
 
Ils ne comptent pas rater le train en marche et en ont marre de voir passer les ballons d'essais sans réagir, selon Le Monde daté de ce mardi après-midi: “Dans la grande maison de La République en marche, nous avons envie d’incarner la sensibilité de la gauche démocrate" dit le premier - sous-entendant que les macroniens primaires ne le sont pas -,  avant de poursuivre, revendiquant leur différence : "Il n’a jamais été question d’effacer les clivages, mais de les réinventer : sans clivages, il n’y a plus de politique"

Regrettant de voir la vie politique du mouvement "anesthésiée", insiste le second, l'avocat Mignard, ex-soutien de Marie-Ségolène Royal en 2006, estimant que La République en marche (LREM) "doit savoir assumer les débats". 

“On leur rend service, sinon c’est l’hémorragie," met en garde Jean-Pierre Mignard 
Et d'ajouter, au téléphone de France Inter: "Il faut que les gens de gauche puissent se dire ‘On a encore notre place là dedans’. On n’attaque pas une seconde le premier ministre : l’équilibre est tellement fragile que quiconque veut toucher aux autres, fait tout tomber. Il y a une gauche, un centre, une droite : on est où là dedans ?”. Selon lui, Emmanuel Macron n'a mis "aucun veto" à cette initiative.

Lundi soir, le premier ministre a lui visiblement perdu son calme.
"Si ceux qui viennent de la gauche font de l’entre-soi, qu’est-ce qu’il se passera si ceux qui viennent de la droite s’en vont ?". Edouard Philippe, avec Gérald Darmanin (ministre de l'Action et des Comptes publics) ou Bruno Le Maire (ministre de l'Economie et des Finances) formeraient un bloc de droite. Deux ministres qui soutiennent l’idée de réformer le pays, tout en maintenant les comptes publics et en baissant les impôts. 
Avec Sébastien Lecornu aussi, le ministre chargé des Collectivités territoriales (qui a mis le pied à l'étrier à Alexandre Benalla) : "Pour rien au monde il ne faut réinventer ce clivage gauche-droite. [...]. Et le ré-instituer au sein de la majorité présidentielle serait, je pèse mes mots, stupide. Stupide,” a asséné ce dernier sur France Inter mardi matin.



Il se défend : "Que les deux ministres de Bercy fassent attention à l’argent des Français et disent des choses [?] sur le terrain des économies, je pense que c’est plutôt rassurant [le flou est rassurant] et
ce n’est pas un problème de gauche-droite que d’expliquer qu’il faut moins d’impôts et des économies"

“Je suis quelqu’un qui garde son calme, mais quand je vois dans la presse [la mal-aimée] que certains essaient de me monter contre le président, je ne me laisserai pas faire," avait, quant à lui, menacé Edouard Philippe lundi soir. Au bureau exécutif de La République en marche d'ailleurs, la conclusion de la discussion est venue de Laeticia Avia, avocate entrée en politique avec Macron : "Moi je viens de nulle part," lance-t-elle. C'est où la Seine-Saint-Denis, s'interroge la Togolaise d'origine.

Pas certain que cela close définitivement le débat : la question du clivage est loin d’être réglée dans la majorité. La lutte d'influences, sur le fond, ne fait en effet que commencer. Hyperion sera bientôt une association, dotée d'un site internet, qui entend bien faire entendre sa singularité dans la majorité sur l'Europe ou bien la laïcité.
LREM nourrit une reconstruction de la gauche socialiste en son sein. Le député LREM et l’avocat, soutiens conditionnels d’Emmanuel Macron, ont expliqué au journal Le Monde ce qu'ils recherchent en montant Hypérion, un laboratoire de gauche au sein de la majorité. 
Dans le "et de droite et de gauche" porté par Emmanuel Macron, nous appartenons au pôle de gauche, pour lequel il n’y a pas de hiérarchie entre performance économique et performance sociale. Nous devons édifier le nouvel Etat-providence dans la mondialisation, définir le rôle d’une nouvelle gauche démocratique dans une majorité pluraliste et la place éminente des syndicats et de la société civile dans la construction du projet politique." 
Hollande? auquel on prête des velléités à la prochaine présidentielle? est attentif à ce "débat"...

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