Une hausse enregistrée depuis la mobilisation des forces de l'ordre, un jour par semaine, depuis le 17 novembre 2018, précisément
Ils n'ont peur de rien : si les cambriolages sont en hausse de 9% et les vols violents en augmentation de 7%, c'est "la faute à Rousseau"!
La présence des militaires de l'opération Vigipirate contribue-t-elle ou non à la sécurisation des lieux de rassemblement de Gilets jaunes, participant ainsi à l'allègement des missions de police? |
Même pas honte, les élu(e)s qui défilent sur les plateaux des chaînes d'information pour soutenir ces "carabistouilles".
La délinquance augmente depuis novembre 2018 en France, selon les statistiques du ministère de l'Intérieur, jeudi 11 avril. Cette hausse est à contre-courant de la tendance générale, à la baisse depuis un an. Certains [qui? des noms !] font le lien entre cette augmentation et les manifestations des Gilets jaunes", qui mobilisent une part importante des forces de l'ordre. Elles n'auraient ainsi plus les moyens de lutter efficacement contre la délinquance, explique Matthieu Mondoloni, pour Radio France.
Depuis les premières manifestations des Gilets jaunes", les cambriolages sont en hausse de près de 9%, les vols dans les véhicules de 8%, les vols sans violence de 5%, et les vols violents sont en augmentation de près de 7% d'après les calculs réalisés par franceinfo à partir des données publiques du ministère de l'Intérieur. Une collaboration épatante pour des journalistes "libres et indépendants", qui plus est, jaloux de leur importance et de leur sérieux. Les crimes et délits sont en augmentation quasi générale, insiste Mondoloni.
Le pire, c'est que "ces chiffres ne recensent pas la totalité des infractions commises", notamment parce que toutes les victimes ne se font pas forcément connaître. Le tableau dressé par le service public est donc encore plus noir que noir !
La Fédération France Victimes, ex-INAVEM, qui regroupe 130 associations d’aides aux victimes, établit le même constat. "On ressent un poids plus fort des vols, des vols aggravés, des destructions et des dégradations depuis le mois de novembre", assure-t-elle, comme une évidence. Plus qu'un "élément de langage" de la Place Beauvau, un mot d'ordre.
Un lien évident, selon les forces de l'ordre
Philippe Capon, du syndicat UNSA-Police, rappelle que les Gilets jaunes mobilisent chaque samedi plusieurs milliers de policiers et de gendarmes. "Il y a un transfert des missions qui se fait par rapport à la semaine, avance-t-il. Enormément d’effectifs - disproportionnés, selon la Haute-commissaire des Droits de l'Homme de l'ONU et le Conseil de l'Europe - sont utilisés le samedi, BAC, CRS, compagnies de sécurisation, compagnies d’intervention, sur décision du gouvernement... Ils ne sont pas en mesure d’être sur le terrain, de travailler par exemple le vendredi soir ou le samedi soir."
Ces missions, ce sont par exemple les patrouilles dissuasives : le fait, pour les forces de l’ordre, de se montrer. Mais c’est aussi tout le travail de démantèlement des réseaux de cambrioleurs, des flagrants délits. C’est le cas, par exemple, dans les Pyrénées-Orientales, où le patron des gendarmes du département, le colonel Guillaume Poumeau de Lafforest, a fait part de ses inquiétudes à France Bleu Roussillon : "Les cambriolages augmentent dans le département de façon extrêmement significative. C’est un domaine dans lequel, jusqu'au 17 novembre, le département, en tout cas pour la zone de gendarmerie, était assez performant."
La grande préoccupation des gendarmes, c’est de pouvoir revenir au plus vite à leur cœur de métier, c’est-à-dire le traitement de la délinquance et l’accompagnement des victimes.Colonel Guillaume Poumeau de Lafforestà France Bleu Roussillon
C'est comme mettre en cause le risque du terrorisme islamiste ! Dans tout le pays, et notamment dans les régions où les "gilets jaunes" sont fortement mobilisés, le constat est le même : la délinquance augmente.
Un jour, les Gilets jaunes seront tenus pour responsables d'un acte terroriste, du fait du détournement d'éléments de la force Sentinelle pour protéger le Palais présidentiel...
Le cas de la capitale
Lieu de rassemblement hebdomadaire des manifestations depuis le 17 novembre, Paris enregistre des chiffres en hausse, assure l’adjointe socialiste à la mairie de Paris, en charge de la sécurité et de la prévention. Cherche-t-elle à se dédouaner des actes de délinquance ordinaire ? "Plus de 7% pour les vols à la tire, près de 10% d’augmentation pour les vols simples dans les locaux ou dans les lieux publics et plus 8,5% pour le recel", précise Colombe Brossel, une proche de Dominique Sopo. "On voit bien", selon Brossel, qu’on a une augmentation des statistiques, notamment depuis la fin du mois de novembre. Ce serait la même chose si on faisait dire aux statistiques ce qu'il en est en fait depuis juillet. Pour cela, il faut que les manifestations des Gilets jaunes" s’arrêtent, la relaie un policier de l'UNSA.
Tout ça pour en venir à demander plus de moyens : "Aujourd’hui, on a besoin d’effectifs de police en uniforme dans nos arrondissements, dans nos quartiers qui soient stabilisés, qui soient des relais également pour la population", conclut Colombe Brossel.
Tout ça pour en venir à demander plus de moyens : "Aujourd’hui, on a besoin d’effectifs de police en uniforme dans nos arrondissements, dans nos quartiers qui soient stabilisés, qui soient des relais également pour la population", conclut Colombe Brossel.
Des explications péremptoires qui mériteraient d'être nuancées
Visiblement gêné par les délires de la presse, de syndicats et d'élu(e)s, le directeur de l’Observatoire national de la délinquance, préfère tempérer. "On ne peut pas lier aussi simplement la hausse de la délinquance au mouvement des Gilets jaunes", nuance Christophe Soullez. "Je ne pense pas que la présence des forces de l’ordre sur la voie publique soit un élément qui permette, aujourd’hui comme hier, d’expliquer les fluctuations à la baisse ou la hausse de la délinquance", assure cet expert. Ce sont des cycles généralement assez déconnectés de tout ce qui est présence, évolution des effectifs sur le terrain. Les causes sont multiples. Il n’y a pas qu’une seule explication," ajoute-il.
Au plus fort du mouvement des Gilets jaunes, plus de 80.000 policiers et gendarmes étaient mobilisés les samedis de manifestations. Ils étaient parfois plus nombreux que les manifestants et la responsabilité en incombe à Macron qui a paniqué dès décembre : il était allé se réfugier avec sa seniore dans les sous-sols de l'Elysée, se croyant menacés par les "gueux".
Il est compliqué de lier la hausse de la délinquance aux gilets jaunes
Mobilisés les samedis, les forces de l'ordre n'auraient plus le temps d'assurer leurs missions de sécurité quotidienne, faisant grimper la délinquance. Un lien très ténu.
La délinquance augmente, et ce depuis plusieurs mois. C'est ce qui ressort de l'analyse conjoncturelle des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie à la fin du mois de mars, publiée début avril. Sur les trois premiers mois de l'année, la hausse des cambriolages se porte à 5 %, celle des vols sans violence à 4 %, celle des vols de véhicules à 3 % et celle des violences sexuelles à 6 %.
Les policiers moins présents dans les rues ?
C'est une critique récurrente depuis des années et pointer la responsabilité des rassemblements hebdomadaires de Gilets jaunes relève de la malhonnêteté morale. Pour certains syndicats de police, l'explication est toute trouvée : "c'est l'effet Gilets jaunes", n'hésitait pas à clamer Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police, sur LCI en début de semaine, à propos des cambriolages.
Unité SGP Police accuse-t-il les Gilets jaunes ou les casseurs de l'ultra-gauche anti-capitaliste ? A qui souhaite-t-il adresser la facture des dégâts assurés estimée, à la louche, à 200 millions d'euros ?
"Oui, il y a un lien, même si ça n'explique pas tout", assure à L'Express, Loïc Lecouplier, secrétaire nationale du syndicat Alliance, avec un peu plus de nuance. "Il y a un transfert des missions qui se fait [le samedi] par rapport à la semaine", embraye auprès de Franceinfo, Philippe Capon, du syndicat UNSA-Police.
Cette certitude pour expliquer le lien de causalité n'est pas assénée pour incriminer le terrorisme islamiste qui mobilise toujours les effectifs militaires nombreux de la force Sentinelle dans Vigipirate: les forces de l'ordre affectées au maintien de l'ordre lors des différents actes des Gilets jaunes ne peuvent pas être au four et au moulin, ce qui se fait donc au détriment des tâches du quotidien et de la lutte contre les cambriolages, les vols et les agressions en tout genre. La prochaine campagne des syndicats, media et élus de la majorité présidentielle réunis comptent-ils incriminer bientôt les Gilets jaunes dans les suicides de militaires également en hausse ?
Comme toujours avec les statistiques de la délinquance, l'interprétation nécessite la plus grande prudence : les chiffres sont faits pour être manipulés. "L'explication concernant la hausse de ces chiffres nécessite de prendre du recul, met en garde auprès de L'Express Laurent Mucchielli, sociologue spécialiste des questions de délinquance et directeur au CNRS. Il peut y avoir une hausse à un moment donné, suivie d'une baisse. Les analyses à court terme, ce n'est jamais bon".
Le sociologue rappelle par ailleurs que les chiffres de hausse de la délinquance rapportés par la place Beauvau ne correspondent pas à un comptage des faits qui se sont produits - ce qui est impossible à faire -, mais un décompte de ceux portés à la connaissance des forces de l'ordre, policiers ou gendarmes. "En l'occurrence, la hausse des violences sexuelles [un bon de 13%] peut s'expliquer, depuis 2017, par une libération de la parole" dans le sillon de l'affaire Weinstein et des mouvements #Balancetonporc et #MeToo...
On est loin d'un hypothétique impact des Gilets jaunes, ce que concède volontiers Loïc Lecouplier - "on ne peut pas leur imputer ça", dit-il - tout en maintenant son analyse. Si les cambriolages sont en hausse, le lien de causalité est, pour lui, établi, puisque la lutte contre la criminalité serait dédiée depuis le début du mouvement des Gilets jaunes aux opérations de maintien de l'ordre. Le ministère de l'Intérieur suggère ainsi qu'en participant à un rassemblement de Gilets jaunes, vous vous exposez à un cambriolage !
Le ministère de l'Intérieur se défend de toute manipulation maligne: "ce n'est pas l'analyse que nous avons, on ne tient pas ce discours", évacue-t-on dans les couloirs de la place Beauvau.
Ni imputer, ni évacuer l'effet des Gilets jaunes
Le manque de recul nécessaire à une analyse pertinente est également pointé du doigt par Christophe Soullez, responsable de l'Observatoire national de la délinquance. Contacté par L'Express, il assure que l'analyse des données policières "n'est pas opportune sur le court terme". "Par ailleurs, l'analyse de la criminalité est polyfactoriel [polyfactorielle]: les Gilets jaunes à eux seuls ne peuvent pas l'expliquer entièrement. On ne peut pas évacuer un impact, mais on ne peut pas l'imputer totalement !"
Les deux experts retoquent enfin l'argument qui voudrait que les policiers sont moins dans la rue et tournés uniquement vers les manifestations des Gilets jaunes. "Les services de police judiciaire ne sont pas tous dans la rue, ils continuent de travailler ; il y a encore des policiers de la BAC - la brigade anticriminalité - qui tournent, tout comme la police municipale", rectifie Christophe Soullez, de peur que cette campagne de discrédit du mouvement social soit un signal lancé aux cambrioleurs ! "Les CRS ou encore les gendarmes mobiles ne constituent pas le coeur des effectifs de la sécurité publique", insiste Laurent Mucchielli.
Mobilisés les samedis, les forces de l'ordre n'auraient plus le temps d'assurer leurs missions de sécurité quotidienne, faisant grimper la délinquance. Un lien très ténu.
La délinquance augmente, et ce depuis plusieurs mois. C'est ce qui ressort de l'analyse conjoncturelle des crimes et délits enregistrés par la police et la gendarmerie à la fin du mois de mars, publiée début avril. Sur les trois premiers mois de l'année, la hausse des cambriolages se porte à 5 %, celle des vols sans violence à 4 %, celle des vols de véhicules à 3 % et celle des violences sexuelles à 6 %.
Les policiers moins présents dans les rues ?
C'est une critique récurrente depuis des années et pointer la responsabilité des rassemblements hebdomadaires de Gilets jaunes relève de la malhonnêteté morale. Pour certains syndicats de police, l'explication est toute trouvée : "c'est l'effet Gilets jaunes", n'hésitait pas à clamer Yves Lefebvre, secrétaire général du syndicat Unité SGP Police, sur LCI en début de semaine, à propos des cambriolages.
Unité SGP Police accuse-t-il les Gilets jaunes ou les casseurs de l'ultra-gauche anti-capitaliste ? A qui souhaite-t-il adresser la facture des dégâts assurés estimée, à la louche, à 200 millions d'euros ?
"Oui, il y a un lien, même si ça n'explique pas tout", assure à L'Express, Loïc Lecouplier, secrétaire nationale du syndicat Alliance, avec un peu plus de nuance. "Il y a un transfert des missions qui se fait [le samedi] par rapport à la semaine", embraye auprès de Franceinfo, Philippe Capon, du syndicat UNSA-Police.
Cette certitude pour expliquer le lien de causalité n'est pas assénée pour incriminer le terrorisme islamiste qui mobilise toujours les effectifs militaires nombreux de la force Sentinelle dans Vigipirate: les forces de l'ordre affectées au maintien de l'ordre lors des différents actes des Gilets jaunes ne peuvent pas être au four et au moulin, ce qui se fait donc au détriment des tâches du quotidien et de la lutte contre les cambriolages, les vols et les agressions en tout genre. La prochaine campagne des syndicats, media et élus de la majorité présidentielle réunis comptent-ils incriminer bientôt les Gilets jaunes dans les suicides de militaires également en hausse ?
Comme toujours avec les statistiques de la délinquance, l'interprétation nécessite la plus grande prudence : les chiffres sont faits pour être manipulés. "L'explication concernant la hausse de ces chiffres nécessite de prendre du recul, met en garde auprès de L'Express Laurent Mucchielli, sociologue spécialiste des questions de délinquance et directeur au CNRS. Il peut y avoir une hausse à un moment donné, suivie d'une baisse. Les analyses à court terme, ce n'est jamais bon".
Le sociologue rappelle par ailleurs que les chiffres de hausse de la délinquance rapportés par la place Beauvau ne correspondent pas à un comptage des faits qui se sont produits - ce qui est impossible à faire -, mais un décompte de ceux portés à la connaissance des forces de l'ordre, policiers ou gendarmes. "En l'occurrence, la hausse des violences sexuelles [un bon de 13%] peut s'expliquer, depuis 2017, par une libération de la parole" dans le sillon de l'affaire Weinstein et des mouvements #Balancetonporc et #MeToo...
On est loin d'un hypothétique impact des Gilets jaunes, ce que concède volontiers Loïc Lecouplier - "on ne peut pas leur imputer ça", dit-il - tout en maintenant son analyse. Si les cambriolages sont en hausse, le lien de causalité est, pour lui, établi, puisque la lutte contre la criminalité serait dédiée depuis le début du mouvement des Gilets jaunes aux opérations de maintien de l'ordre. Le ministère de l'Intérieur suggère ainsi qu'en participant à un rassemblement de Gilets jaunes, vous vous exposez à un cambriolage !
Le ministère de l'Intérieur se défend de toute manipulation maligne: "ce n'est pas l'analyse que nous avons, on ne tient pas ce discours", évacue-t-on dans les couloirs de la place Beauvau.
Ni imputer, ni évacuer l'effet des Gilets jaunes
Le manque de recul nécessaire à une analyse pertinente est également pointé du doigt par Christophe Soullez, responsable de l'Observatoire national de la délinquance. Contacté par L'Express, il assure que l'analyse des données policières "n'est pas opportune sur le court terme". "Par ailleurs, l'analyse de la criminalité est polyfactoriel [polyfactorielle]: les Gilets jaunes à eux seuls ne peuvent pas l'expliquer entièrement. On ne peut pas évacuer un impact, mais on ne peut pas l'imputer totalement !"
Les deux experts retoquent enfin l'argument qui voudrait que les policiers sont moins dans la rue et tournés uniquement vers les manifestations des Gilets jaunes. "Les services de police judiciaire ne sont pas tous dans la rue, ils continuent de travailler ; il y a encore des policiers de la BAC - la brigade anticriminalité - qui tournent, tout comme la police municipale", rectifie Christophe Soullez, de peur que cette campagne de discrédit du mouvement social soit un signal lancé aux cambrioleurs ! "Les CRS ou encore les gendarmes mobiles ne constituent pas le coeur des effectifs de la sécurité publique", insiste Laurent Mucchielli.
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