La restitution du "grand" débat, une mascarade mensongère et manipulatrice

La moitié des contributions spontanées passée à la trappe et des chiffres minorés ou gonflés

La moitié des contributions spontanées des Français n’aurait pas été analysée

Dans cette "grande" entourloupe du "grand" débat,
Macron-Philippe ont pris les Français pour des billes

Alors qu’Edouard Philippe était supposé restituer, lundi 8 avril, les résultats de l’ensemble des consultations réalisées, le site d’information en ligne Les Jours révèle que seule la moitié des contributions spontanées au grand débat national ont été prises en compte et traitées. Le compte n’y est donc pas, mais les documents "manquants" seront analysés dans les prochaines ...semaines, raconte la bande à Macron, prise en flagrant délit de tromperie.

Les délais étaient-ils trop courts ? Les révélations du site Les Jours montrent que la macronie a tenté de dissimuler la supercherie lors de la restitution de lundi dernier, en grandes pompes, par le premier ministre soi-même. Trois entreprises ont été dépêchées pour analyser les contributions libres des citoyens, Roland Berger, Cognito et Bluenove. 

Selon Les Jours, un des membres de cette équipe a affirmé que des contributions devaient encore être analysées dans les prochaines semaines. Le site affirme aussi que certaines des contributions n’ont pas été numérisées à temps par la Bibliothèque nationale de France - à la date butoir du 22 mars, pour avoir le temps de faire tourner leurs logiciels d’analyse lexicologique et d’élaborer des 'arbres de la connaissance' permettant de regrouper les idées des contributeurs", expliquent Les Jours - et que seulement une partie des contributions libres (cahiers citoyens, comptes-rendus de réunion et lettres) a été analysée.

A peine plus d'une contribution sur deux a été prise en compte

Cité par Les Jours, le rapport sur les contributions libres précise que seulement 5.058 d’entre elles ont été étudiées sur les 16.874 que la Bibliothèque nationale de France (BNF) a numérisées. 

5.481 réunions d’initiatives locales ont été étudiées sur les 9.454 restituées, et 13.644 cahiers citoyens sur les 18.647 recensés. Selon ces chiffres donnés par le site d’information, 24.183 documents ont été traités, alors que 44.975 ont été numérisés, ce qui représente 53,8%. 

680 comptes-rendus de réunions n’ont même pas été transmis à la mission du Grand débat, révèle encore le rapport cité par Les Jours. Ils auraient été volontairement éliminés car ce même document certifie que "la volumétrie (380.000 pages) des documents traités à date assure la quasi-stabilité du référentiel de propositions obtenues à ce stade". 

La promesse de tenir compte de la parole de "tous les Français" n’a donc pas été respectée lors de la restitution du grand débat par Philippe, avant les annonces d’Emmanuel Macron. Quel crédit pourrait-on donc lui accorder ? 

Une autre anomalie, révélée par Le Monde en début de semaine, ne pose bizarrement aucun problème aux députés godillots qui sont envoyés sur les plateaux de chaînes d'information : certains contributeurs auraient copié-collé leur texte plusieurs dizaines de fois sur la plate-forme en ligne du grand débat. Selon l’exécutif, cette dernière aurait obtenu plus de 2 millions de contributions. Chiffre gonflé ?

Le quotidien expliquait ainsi que sur les "1.364 000 contributions aux questions fermées et 569.020 réponses aux propositions ouvertes", "plus de la moitié des textes rédigés sont en fait des doublons ou des champs vides", et "plus de la moitié des textes rédigés comportent moins de dix mots". En matière d'élections, ça s'appellerait du bourrage d'urnes...

Le Monde révèle, par ailleurs, que plus de la moitié des textes rédigés sont en fait d’exacts copiés-collés des mêmes doléances.

Grand Débat : une restitution faussée...en effet
❌La 1/2 des contributions des Français au #GrandDébat n’aurait pas été analysée
❌L’autre 1/2 est constituée par des des copiés collés

Jusqu’où Macron va-t-il oser se moquer des français

https://t.co/gNbrSAZC9h

— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 11 avril 2019

Ces chiffres remettent-ils en cause la crédibilité de l’analyse ? 

Non, assure le gouvernement ! Des "gueux" ont encore été laissés pour compte...

« En moyenne les contributions du #GrandDebatNational représentent 17 mots et plus de la moitié des contributions sont des doublons ! C’est assez léger tout ça ! » #BFMTV

— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) 9 avril 2019

L'exécutif aurait gonflé le nombre de participants 

Mais Macron n'en a rien à faire !

La synthèse rendue par le gouvernement ne serait que partielle, parfois sur des points clefs. Y a-t-il eu réellement 1,5 million de participants au grand débat national organisé par le gouvernement pour répondre au mouvement des Gilets jaunes ? Peut-être pas. D’après France Info, qui a consulté la synthèse du cabinet de conseil Roland Berger, ce chiffre, qui n’est d’ailleurs qu’une estimation, est un peu surévalué. On serait probablement plus proche de 1,2 million.

En cause, le nombre de contributions "physiques" (cahiers de doléances en mairie et courriers) estimé à 500.000. Emmanuelle Wargon, coordinatrice du grand débat, a compté, globalement, 25 contributrices et contributeurs pour chacun des 18.600 cahiers citoyens, ajoutés aux 27.300 courriers. La réalité serait plus proche de 11 contributeurs par cahier. 

Par ailleurs, si toutes les contributions en ligne ont pu être analysées, ce n’est pas le cas des contributions papier. Le cabinet Roland Roger n'a traité que les textes qui avaient pu être numérisés jusqu'au 22 mars. 

L’ISF plus présente qu’annoncé par la paire Macron-Philippe.

Surtout, France Info note des "accommodements ou distorsions de réalités" de la part du gouvernement. Déjà matériellement par le fait que, sur ces contributions physiques, moins de la moitié ont été numérisées et donc prises en compte. Le gouvernement se réfugie derrière le fait que cette méthode a été validée par les garants du grand débat, nommés en janvier... Et qui a désigné ces "grands garants" ?

Enfin, plus surprenant encore, toujours d’après le cabinet Roland Berger, la question du rétablissement de l’ISF, loin d’être marginalisée comme dans la présentation du gouvernement, serait une des mesures les plus citées. Elle ferait même "consensus"… Justement dans les courriers et cahiers citoyens négligés !

Manquerait plus que les 'foulards rouges' défilent dimanche,
pour la défense du droit de rouler les citoyens dans la farine !

A l'heure de la restitution des éléments du Grand Débat, Sébastien Lecornu n'a pas craint d'estimer mardi 9 sur France Inter que "ça nous rappelle à quel point les Français aiment le débat". Et d'affirmer : "Un maire sur deux a joué le jeu (...) ces images de paix démocratique ont écrasé les images de violence".

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