Ce sujet-là aussi divise le PS
Portées par Martine Aubry, votées comme un seul mouton par le troupeau des militants socialistes et un temps ouvertes à toute la gauche, la primaire socialiste devait être le signe tangible de la modernisation du PS et le tremplin médiatique à une victoire de la présidentielle en 2012.
Elle s'est refermée sur eux comme un piège. A quelques mois de la présidentielle dans ce qui aurait dû être un vaste rassemblement de camarades, des voix s'élèvent pourtant, de plus en plus nombreuses qui craignent qu'elles tournent au ring de catch.
Depuis Washington et les bords du Potomac, où il y aura tout juste 30 ans, le Boeing 737 du Vol 90 d'Air Florida s'abîma dans le fleuve en 1982, le directeur du FMI n'a jamais vu d'un très bon œil ces élections qui lui posent un problème de calendrier.
Côté confortable
"Il faudra que nous analysions la pertinence des primaires dans le contexte des mois à venir", a déclaré, dans un entretien à publicsenat.fr, le député strauss-kahnien Pierre Moscovici, interrogé sur la compétition socialiste prévue en octobre prochain.
"Il faut analyser pragmatiquement l'évolution de la situation. Nous sommes face à un avertissement", a-t-il ajouté, en allusion à la montée de l'extrême droite et au sondage Harris Interactive qui place la présidente du FN, Marine Le Pen, en tête du premier tour de la présidentielle. Lien PaSiDupes
"Je ne suis pas en train de dire qu'il faut les supprimer, je suis en train de dire que si demain on a cinq ou six sondages (qui confirment la montée du FN), il faudra qu'on se pose des questions. Ce n'est pas un sujet tabou", a-t-il admis. "S'il apparaît que nous devons nous rassembler autour de l'un d'entre nous le mieux placé, il faut y réfléchir", a-t-il suggéré, pendant que son patron Dominique Strauss-Kahn brille dans les sondages par son absence en France.
Autant dire qu'ils sont déterminés à attendre
D'autant qu'un sondage IFOP renvoie Marine Le Pen dans les cordes, au 3e rang d'un coup...
Dans la même mouvance, Jean-Marie Le Guen se fait plus clair : "La situation est suffisamment grave pour que les socialistes fassent preuve de responsabilité. Personne ne comprendrait les chicayas ou les batailles d'égo", a renchéri un autre strauss-kahnien.
Encore plus direct, le président du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), Michel Vauzelle, a estimé qu'organiser la primaire PS "sur fond de percée du FN est devenu déplacé". Il ne pense qu'à l'intérêt des électeurs : « les Français souffrent » [sic, et pour les socialistes, c'est encore pire !], mais en vérité ne redoute rien tant que le PS [offre] le triste spectacle de ses divisions ? Les gens [les socialistes seraient la France entière...] ne veulent plus d'un combat insupportable qui va arriver au pire moment, à quelques mois de la présidentielle", a finalement admis Michel Vauzelle, qui a lancé il y a près de trois semaines un appel à renoncer aux primaires.
Le président qui s'enorgueillit d'être le président de la plus grande région musulmane de France, a d'ailleurs lancé une pétition en ligne pour appeler à la suppression des primaires "dévastatrices". Elle a recueilli plus de 17 000 signatures. Pour lui, organiser la primaire PS "sur fond de percée du FN est devenu déplacé". Mais, paradoxalement, le schizophrène chenu préconise l'organisation d'un congrès de désignation du candidat, soit un huis-clos, mais démocratique et populaire, réduit au Bureau national...
"C'est quand même assez particulier. On ne peut pas avoir demandé des primaires et maintenant priver les militants et sympathisants de la possibilité de faire un choix", glapit l'eurodéputé Stéphane Le Foll, proche de François Hollande qui devrait déclarer sa candidature après les cantonales.
Jean-Marc Ayrault abonde, en appelant à accélérer le processus. Il faut maintenant "qu'on connaisse assez vite qui est candidat à la candidature pour la clarté d'une part et puis pour que le dialogue avec les Français, pour que le débat autour de nos propositions commence vite", a déclaré le chef de file des députés PS, sur France Inter.
Dans un appel implicite à Dominique Strauss-Kahn pour qu'il clarifie ses intentions, Jean-Marc Ayrault ajoute qu'il faut que "les candidats à la candidature" commencent rapidement "ce travail avec les Français [ou dumoins les socialistes] pour comprendre quelle est l'aspiration populaire, quel est le message qu'il faut faire passer pour remettre la France en mouvement, qu'elle se retrouve autour de ses valeurs, pour montrer qu'elle a un avenir, qu'elle n'est pas finie".
Jean-Marc Ayrault, magnanime, a aussi concédé que le groupe de députés PS appuyant une candidature de Martine Aubry - "une trentaine, selon lui, et 60 qui semble-t-il s'apprêtent à soutenir cette démarche" - étaient dans leur droit.
Aurait-il assuré son repli ?
Côté légitimiste : les aubrystes
A la direction du PS, on relativise toutes ces interrogations. "Il n'y a aucun élément factuel aujourd'hui qui nous permettrait de dire qu'on doit annuler la primaire ", a soutenu François Lamy, conseiller politique de Martine Aubry. "La primaire, c'est un moment de choix (pour les sympathisants de gauche), et le premier acte de la présidentielle", a-t-il estimé. "Il faut arrêter de se parler à nous-mêmes, ce qui fait monter le FN c'est que toutes nos forces et nos réflexions ne soient pas uniquement tournées vers les Français", a-t-il poursuivi.
Olivier Ferrand conclut: "La primaire est la réponse à la montée du Front national" doit se tenir les 9 et 16 octobre prochains. Les candidats doivent se déclarer entre le 28 juin et le 13 juillet, calendrier critiqué par les partisans de Dominique Strauss-Kahn qui auraient préféré un délai plus long pour permettre au patron du FMI d'entrer le plus tard possible dans la course.
Côté marginal : Royal, Montebourg et Valls
Les autres candidats à cette primaire, potentiels ou déclarés, sont évidemment contre l'idée de les supprimer.
Mais parmi eux, ceux qui se sont déjà déclarés candidats, le député-maire d'Evry Manuel Valls, le jeune lion de Saône-et-Loire et brillant auteur du machin, Arnaud Montebourg, et l'ex-candidate à la présidentielle sEGOlène Royal, ils comptent pour du beurre Charentes-Poitou.
Enthousiasmant !
Malek Boutih les renvoie d'ailleurs tous dos à dos :"A partir du moment où chacun veut présenter son candidat, la primaire devient un gadget du PS pour régler ses préoccupations internes qui n'intéressent personne", expliquait-il au Parisien, mardi 8 mars.
La phrase la plus assassine est venue d'un fidèle de Lolo Fabius, rallié à Martine Aubry mais qui ne serait pas hostile à Dodo Strauss-Kahn : Cloclo Bartolone. Invité de RMC et BFMTV, il a lâché : "Quand on a sorti l'idée des primaires, on n'imaginait pas qu'on pouvait gagner en 2012 et personne ne pouvait imaginer la situation économique, sociale, environnementale dans laquelle se trouverait le pays". A ce listing des malheurs de la majorité, il faut ajouter l'absence d'opposition constructive.
VOIR et ENTENDRE le président du 9.3 :
Candidat aux primaires doté de son propre micro-parti, Manuel Valls a interpellé mardi la direction du PS sur l'absence de "règles et de financement.
"A l’heure où certains me demandent - non sans mauvaise foi ?- de me mettre en règle, je réponds qu’il serait temps que les règles soient pensées et édictées", a lancé le député-maire PS d’Evry qui prévient qu'il est "prêt à faire évoluer (son) association".
Cependant, "sans céder à un mouvement de défiance généralisé remettant en cause des dispositifs légaux qui ont le mérite de la transparence", Manuel Valls "demande à la direction du Parti socialiste d’aborder clairement, dès la rentrée, la question du mode de financement et des moyens accordés aux candidats des primaires à gauche".
"Comment les candidats concourant aux primaires, pourront-ils financer à terme leur campagne en l’absence de tout système de financement provenant des partis organisateurs ? Quand la campagne des primaires débutera-t-elle officiellement ? Si la désignation des candidats pour l’investiture a bien été actée en juin 2011, qu’en est-il de l’avant juin 2011 ? Comment assurer l’égalité des moyens entre les candidats (…) face à des personnalités très hétérogènes en termes de moyens ?", interroge M. Valls.
Il rappelle s’être doté dans ce "cadre" des primaires, en 2009, d’une association, "A Gauche, Besoin d’Optimisme !", "régie par la loi du 1er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901", et "par la loi n° 88-227 du 11 mars 1988, modifiée, relative à la transparence financière de la vie politique". Pour autant, Manu Valls ne se préoccupe pas de l'usage des aides de l'Etat, donc de l'ensemble des contribuables.
"Si ces structures légales, qui ont pour vocation originelle de pouvoir exercer une activité politique en autonomie, venaient à contredire leur propre logique en se transformant en +pompe à financements+ pour les grands partis, alors, il faudrait revoir leur existence ou édicter de nouvelles règles", juge-t-il.
Le Parti socialiste devra-t-il inscrire les dépenses de sa primaire dans ses comptes de campagne pour l’élection présidentielle de 2012?
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