Ou comment sortir de la précarité
Depuis 4 ans, ils émaillent le mouvement social de leurs clowneries.
"Génération précaire" contre les abus des stages, "Jeudi Noir" contre les logements trop chers, et plus récemment, "Sauvons les Riches" contre les inégalités de revenus, sont des collectifs d'agitateurs familiers des coups médiatiques de potaches...
Tout a commencé à la fin de l’été 2005, sur l'Internet.
Cathy, jeune femme qui enchaîne les stages, lance un appel sur un forum. Elle ne supporte plus sa condition dans les entreprises. Julien Baillou, Manuel Domergue et Lionel Primault (de gauche à droite, ci-dessous, avec Leïla Chaïbi, partiellement dissimulée, en fin d'article) et lui répondent, ils sont dans la même situation. Quelques semaines plus tard, tous manifestent en masque blanc, symbole de leur invisibilité dans le monde du travail. Leur mise en scène est remarquée et la question des stages entre dans le débat public.
Un an plus tard, ils se mobilisent contre ce qu’ils appellent le "bizutage social" des jeunes, ils dénoncent les loyers beaucoup trop chers pour eux. Avec quelques autres, ils fondent alors "Jeudi Noir" : "Jeudi" jour de sortie du PAP (De Particulier à Particulier) qui publie les petites annonces en région parisienne, "Noir" pour la galère que représente la recherche d’un appartement. En 1929 aux USA, le jeudi 24 octobre fut un jeudi noir (ou Black Thursday) mais un DEA n’est pas une garantie de culture chez ces activistes. Et malgré leurs vagues références, ils lancent des visites festives de chambres de bonnes et de studios. Ils débarquent à quelques dizaines avec cotillons, mousseux et en musique. Là encore, micros et caméras sont prévenus.
Avec leur camarade José Bové, les opérations de vandalisation de Mac Do et de destruction de champs de maïs ne sont pas aussi festifs…
Des "coups" médiatiques aux ors des ministères
Les gouvernements de droite dialoguent avec eux.
Ils sont reçus par Gérard Larcher alors au Travail, Jean-Louis Borloo puis Christine Boutin sur le logement, et même Dominique de Villepin à Matignon au moment du CPE. Ils font aussi partie du comité des stages piloté par Valérie Pécresse, et ont tout récemment participé aux commissions Hirsch sur la jeunesse.
Les résultats sont variables.
Le 1er janvier 2007, le collectif Jeudi Noir s’affichait dans la nébuleuse de l'association Droit au logement. Dans son sillage, Jean-Baptiste Eyraud (DAL) avait aussi l'association MACAQ lorsqu’ils annoncèrent l'occupation d'un immeuble vide situé rue de la Bourse au coeur de Paris pour le mettre à la disposition des mal logés, avec le soutien de la LDH et de Médecins du monde.
Sur les stages, la rémunération est désormais obligatoire au bout du 3ème mois et bientôt du 2ème. Sur le logement, les avancées sont plus maigres. Ils citent l’immeuble de la rue de la Banque à Paris, qu’ils occupaient avec d’autres associations comme le DAL et qui doit être prochainement transformé en logements sociaux.
De jeunes créateurs d’entreprises !
Leur méthode des coups médiatiques ravit l'Internationale socialiste de Radio France qui prétend que leur activisme paierait, quoique seulement « un peu », ce qui, pense-t-elle, va pousser d’autres associations et syndicats à faire appel à eux. C’est du moins la raison de leur propagande sur l’antenne nationale. Selon les journalistes militants, Jeudi Noir recevrait des sollicitations qui donnent à Julien Baillou et Lionel Primault l’idée de fonder leur petite entreprise de type coopérative.
Comme la coopérative n’est pas viable, Radio France se mobilise pour faire sa promo gratuite sur le service public: il faut sauver la boîte de production de l’événementiel anti-libéral. L’air de rien, l’agit-prop marxiste-léniniste ne répugne plus à faire de la pensée unique un produit.
Depuis, bientôt un an, ils sous-traitent ainsi des actions contre rémunération.
Ils insistent sur le statut de "coopérative" de l’entreprise, pour marquer leurs distances avec un capitalisme pur et dur.
Le business militant les éloigne peu des actions bénévoles et autonomes.
Animation de centre social
Le 13 février 2008, pour dénoncer les loyers trop élevés qui poussent certains jeunes à se prostituer en échange d'un logement, le collectif Jeudi Noir défile habillé en prostituées, proxénètes et travestis, devant le Ministère du Logement (cf. ci-dessus).
Mais animation ciblée
Tout cela s’inscrit dans la campagne d’Europe-Ecologie, dont ils sont tellement proches, que l’une des activistes présentes, Karima Delli, n’est autre que la future eurodéputée par défaut (ci-contre à gauche) des Verts de Dany-le-Rouge, suite au désistement pour la benjamine de Suzanne Auger, qui ne voulait pas prendre un râteau ! Du bénévolat en toute autonomie…
Des membres du collectif ont fait irruption au conseil municipal de Corbeil-Essonnes (lire PaSiDupes au nom de la ville), dirigé par Serge Dassault, certes quatrième fortune de France, mais surtout pour faire l’amalgame avec l’opération précédente.
Le collectif pourrait d’ailleurs s’appeler « Sauvons les Sarkozy », comme si Bernard Arnault, Liliane Bettencourt ou François Pinault étaient les pauvres de Sarkozy. Que de mépris pour Gérard Mulliez (Auchan) et la petite Élisabeth Bleustein-Blanchet, épouse Robert Badinter (ancien ministre de F. Mitterrand), actionnaire de référence du groupe Publicis ou Pierre Bergé, le multi-milliardaire de luxe qui arrose Sa Cynique Majesté Royal.
Une autre opération cibla cette fois Jacques Séguéla. Elle est malheureuse à plusieurs titres. Le publicitaire travailla en effet à la campagne présidentielle de François Mitterrand et caviarda truffa un clip télévisuel d’images subliminales. Séguéla inspira Jeudi Noir en déclarant que toute personne qui n'a toujours pas de montre Rolex à 50 ans a «raté sa vie». Le collectif lui offrit donc une montre Casio d'une valeur de quelques euros... qui ne fonctionnait pas. Allez savoir pourquoi la collection de montres de luxe appartenant à Julien Dray n’a pas retenu l’attention du collectif. Peut-être parce qu’elles étaient offertes par les camarades des Parrains de SOS Racisme et de la Fidl ? « A l’insu de leur plein gré », bien évidemment !
La population laborieuse ne retiendra que la fable selon laquelle les riches sont exclusivement à droite mais ne sauront jamais combien de fois le SMIC gagnent Bernard-Henri Levy, à l'instar de son père, est toujours resté actionnaire et administrateur de plusieurs sociétés. André, le père a fondé une société d’importation de bois africains mais la Becob a été rachetée par le groupe Pinault-Printemps-Redoute en 1997, et la grande et belle conscience du philosophe BHL se trouve donc déchargée des accusations de déforestation et de pillage de l’Afrique qui s’abattent sur les exploiteurs de droite. La Société civile immobilière Finatrois (Capital social : 304.898,03 EURO) dont BHL est le gérant est sise 12 Rue Pauline Borghese à 92200 Neuilly-sur-Seine et lui rapporte sans doute à peine de quoi entretenir la blancheur immaculée de ses chemises.
« La richesse de ce penseur du néant, ne réside pas dans son œuvre, mais plutôt dans sa fortune personnelle évaluée à plus de 120 millions d’euros. BHL qui se prétend écrivain- philosophe est plus en phase avec les chiffres qu’avec les lettres : « Bernard- Henri Lévy est riche, très riche (...) Mais l’essentiel de sa fortune, il en a hérité. Son père, André Lévy, a crée en 1946 au Maroc un groupe de négoce en bois, Becob. (...). Bernard- Henri Lévy dirige plusieurs sociétés financières : parmi elles BPL finances, Finadeux (créée en 1996), Finatrois (créée en 1998), et surtout Finaquatre. » » (lien ) En somme et à quelques millirds près, Jeudi Noir pourrait ce reconnaître en ce « showman de l’engagement »
Escroquerie intellectuelle
Comment en février 2009, malgré ses faibles effectifs et ses moyens financiers et logistiques limités, Jeudi Noir réussit-il à publier la carte de près de 50 immeubles vides à Paris, représentant près de 200 000m2 et une valeur de plus d'un milliard d'euros ? Ce travail d’investigation qui dépasse largement ses capacités personnelles d’enquête est en fait le cadeau de Mediapart qui ne se contenta pas de publier, mais crédita le mérite des recherches de ses journalistes militants et solidaires au collectif potache. Ainsi, les comiques de Jeudi Noir réussirent-ils à créer l’illusion de sérieux et à gagner en respectabilité.
Julien Baillou : Ses camarades le qualifient de "chien-fou" inadapté au monde du travail. La chevelure en bataille, ce bobo vit à fond son militantisme : pendant presque deux ans, il a habité rue de la Banque à Paris, immeuble occupé avec les autres associations du ministère de la Crise du Logement. A 29 ans, issu de la classe moyenne, Julien Baillou est passé par l’Institut d’Etudes Politiques de Strasbourg avant de décrocher un DEA d’économie (ou 'mastère'), comme Karima Delli et tout le monde à gauche, après Julien Dray ou Bruno Julliard…. Il est apprécié des différents collectifs pour sa maîtrise des nouvelles technologies. A en juger au graphisme du T-shirt de Sauvons les Riches (ci-dessus), il n'est pas prêt de sortir de la précarité.
Lionel Primault : A 34 ans (1ère photo à droite dans le canapé), l’aîné passe pour le sérieux de la bande. Bien que fils d’ouvrier, il a fait des études de droit à Rennes. C’est notamment lui qui potasse les textes législatifs et réglementaires qui touchent aux questions qu’ils abordent, stages ou logement. Comme si les réseaux et collectifs ne disposaient pas d’un fonds garni de juristes militants sur la place de Paris ! Puisqu’il faut bien vivre, avec Julien Baillou, il a fondé l’an dernier une entreprise de communication qui sous-traite des actions coup de poing pour d’autres ONG et syndicats.
Diplômé du Centre de Formation des Journalistes et de Sciences-Po Paris, Manuel Domergue, 27 ans (en tenue de travail ci-contre), est le communiquant tout désigné. Il trouve les slogans qui feront mouche et gratifie se confrères de formules choc. Il écrit en ce moment un livre sur l’indépendance du Cameroun. Lui aussi militant Verts depuis 2004, il a été assistant parlementaire d’un sénateur du même parti.
Leïla Chaibi : Le trio a longtemps été un quatuor. Leïla Chaibi, 26 ans (photo ci-dessous), passée par l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse était de l’aventure "Génération Précaire". Elle fait toujours partie de "Jeudi Noir", mais elle n’a pas suivi les autres dans "Sauvons les Riches", lié à Europe-Ecologie. Elle a lancé de son côté "l’Appel et la pioche" au sein du NPA d’Olivier Besancenot. Contre la baisse du pouvoir d’achat, elle organise des pique-niques en supermarché en se servant dans les rayons.
-> Selon le journal Le Monde, à la suite du premier conseil politique national (CPN) du NPA, des membres du Collectif L'Appel et la pioche (Leïla Chaibi) protestent contre des têtes de listes désignées majoritairement par l'ancienne direction de la …LCR, sans appel à candidatures. Ce qui ne manque pas de sel, puisque le Che-Besancenot attribue les gamelles successives du NPA aux élections à la jeunesse du NPA, bien que les traces d’ADN laissées par la LCR soient révélatrices… Leila Chaibi, animatrice de L'Appel et la pioche estima rétrospectivement (et librement) que ce genre de pratique démocratique est « entièrement normal » dans un parti en construction et que l'absence de débat serait au contraire une marque de « stalinisme ». Une marque du trotskisme, en tout état de cause.
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