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jeudi 2 juillet 2009

Le Monde prévoit un été chaud dans les quartiers

« Banlieues : le face-à-face entre jeunes et police se tend à l'approche du 14 Juillet »

Ce titre du quotidien du soir ressemble à un désir d’avenir tumultueux
, voire à une incitation forte à faire sa fête au nouveau ministre de l’Intérieur pour le 14 juillet.

Le prétexte à l’exhortation

Le hasard a voulu que le préfet de Seine Saint-Denis, Nacer Meddah, avait Henri Guaino, conseiller spécial de l'Elysée, à bord de sa voiture banalisée de la brigade anti-criminalité (BAC) lorsque, vers 1 heure du matin, mardi 30 juin, une quarantaine de jeunes ont caillassé le véhicule.
Dans sa malveillance, Le Monde rapporte que les jeunes « LES ont caillassés », ce qui en soi constitue un évident parti pris, car après avoir prcisé que le véhicule était banalisé, le journal rapporte le commentaire du préfet, qui évoque 'l'ordinaire des patrouilles', déclarant : 'Il s'est passé ce qui se passe trop souvent dans le département'. En investiguant par téléphone, Le Monde ne s’expose pas aux mêmes surprises.

Les deux hommes, suivis par un autre véhicule banalisé de la BAC, traversaient alors le quartier 'sensible' des Bosquets de Montfermeil. Les jeunes n'auraient pas apprécié que les BAC, qu'ils connaissent bien, ralentissent à leur approche ("il m'a fait un regard", en quelque sorte...), mais ils ignoraient la présence de ces invités de marque à bord. Il n'y a pas eu de guet-apens. M. Guaino avait souhaité participer à une 'mission d'observation'. Preuve que le conseiller spécial n’est pas confiné dans ses services et se rend sur le terrain.

Le Monde crée une psychose

  • Avec une certaine presse, le fortuit devient prémonition.

    En ce début d'été, le traditionnel face-à-face entre les jeunes et les policiers se tend en banlieue parisienne, tandis que le gouvernement durcit son dispositif de protection de la population contre les bandes. Depuis quelques jours, les incidents se multiplient, notamment en Seine-Saint-Denis.
    « On sent que ça bouillonne ». C’est le sentiment de Michel Marrec, délégué départemental d'Unité police, premier syndicat des gardiens de la paix, qui accuse : « Cette année, les échauffourées commencent un peu plus tôt, mais cela fait partie des choses que l'on banalise. » Une banalisation que les policiers pris pour cible dénoncent, commente Le Monde.

    -> En 2008, dans la nuit du 13 au 14 juillet, un commissaire de police, victime d'un tir de mortier, avait perdu un oeil à Gennevilliers (Hauts-de-Seine).

    Depuis, la préfecture de Seine-Saint-Denis se dit "préoccupée par l'usage important de mortiers de feux d'artifice" qui ont été utilisés contre la police le 28 juin. "Pour l'instant, ajoute Laurent Nunez, directeur de cabinet de M. Meddah, nous ne tirons pas de sonnette d'alarme car ce phénomène est contenu à la zone Tremblay, Pierrefitte-sur-Seine, Le Blanc-Mesnil. Mais c'est très dangereux car cela peut devenir une arme par destination."
  • Le Monde prend la responsabilité d’annoncer des affrontements, et cela, malgré la déclaration des Renseignements Généraux de la sécurité publique, la SDIG, que rapporte pourtant le journal. Cette effervescence s'expliquerait en partie par l'approche du 14-Juillet, cette année comme les précédentes: 'C'est devenu comme la nuit de la Saint-Sylvestre, un rendez-vous, mais pas plus, pas moins que les années précédentes'. 'Il fait beau, il y a beaucoup de jeunes désoeuvrés, mais c'est à peu près la même chose que l'année dernière', ajoute le préfet, M. Meddah. Mais la journaliste en mission a ses a priori.
  • Comme il le fait depuis quatre ans, le préfet de Seine-Saint-Denis a donc pris un arrêté pour interdire la vente de ces mortiers aux particuliers du 15 juin au 30 août. La décision couvre une période plus étendue qu'en 2008 et exclut toute vente aux mineurs, même munis d'une autorisation parentale. Les contrôles vont être renforcés chez les détaillants et les sept ou huit grossistes du département. Jeudi 2 juillet, une réunion devait avoir lieu à la préfecture de police de Paris avec les préfets franciliens pour s'assurer que, partout ailleurs, des mesures identiques ont été prises. Mais dans le cas de Tremblay, des stocks avaient déjà, semble-t-il, été constitués.

    Le Monde justifie la résistance citoyenne en opposition au pouvoir légal, mais ne la préconise pas à l’encontre de la violence urbaine. Il soutient la prévention et l’éducation dans les discours de ses candidats, mais se refuse, avec eux, à la promouvoir sur le terrain.

    Le quotidien, en effet, n’exprime aucun jugement commentaire éthique. La vente de mortiers aux particuliers lui paraît naturelle, mais qu’un arrêté soit pris pour l’interdire en haute saison, comme autrefois de simples pétards du 14 juillet, il est privatif de libertés.
    Son objectivité est troublante, lorsqu’il rapporte froidement que la vente de mortiers « exclut les mineurs, même munis d'une autorisation parentale ». Une atteinte aux libertés publiques ? Que des parents puissent autoriser leurs enfants mineurs ne suscite aucun jugement, puisque les utilisateurs de mortiers sont des lecteurs potentiels…

    L’auteure du papier du Monde n’était visiblement présente ni dans la voiture du préfet, ni dans aucun véhicule caillassé. Mais qu'importe: une journaliste du Monde, ça connaît sans doute la vie des banlieues défavorisées et sait par conséquent de quoi elle parle.

  • Le Monde prévient donc que la situation se tend aussi ailleurs.

    Lundi soir 29 juin n’était pas, selon elle, un jour ordinaire
    , car elle se saisit de cet exemple –parmi tant d’autres- pour signaler que, après avoir été la cible de jets de projectiles dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (Essonne), des policiers ont « de nouveau » riposté -c’est pourtant elle qui le dit !- par des gaz lacrymogènes et des tirs de flash-ball. Deux hommes âgés de 21 et 24 ans ont été interpellés. Les coupables ont donc connus, penserez-vous !

    Or, les coupables ne sont pas ceux qu’on croit.

    Car ces faits se sont déroulés au lendemain d'une intervention controversée des policiers, lors d'un contrôle d'identité. Le Monde, qui considérait que la police ne faisait pas son devoir tant qu’elle n’était pas parvenue à arrêter les cambrioleurs du domicile de Désirdavenir Royal, estime cette fois que les forces de l'ordre ne prennent pas assez de gants. Encerclés par une cinquantaine de personnes, ce qui en soit est parfaitement naturel, pour se dégager, les fonctionnaires de police avaient fait usage de gaz lacrymogènes à proximité d'une kermesse où se trouvaient des familles. Mieux valait-il des matraques ? Mardi, vingt-cinq nouvelles plaintes –spontanées- ont été déposées par des militants habitants en colère. Il faut bien dire qu’en 2006-2007, la « colère saine » est devenue la marque du « débat participatif ».
    -> Dans ses efforts d’objectivité pour justifier les violences urbaines par la politique sociale du gouvernement (plutôt que par la crise internationale), la journaliste engagée omet tout naturellement de rappeler que la commune est aussi soumise à des luttes politiques pour la prise de la mairie qui pourraient être largement responsables du climat d’affrontement.

    Réunion de routine

    La journaliste s’imagine probablement, ou s’efforce d’accréditer l’idée, que les responsables de la sécurité ne se concertent pas régulièrement. Elle signale donc comme une conséquence extraordinaire et circonstancielle, qu’une réunion entre préfet de police, maire, procureur et recteur, s'est tenue mardi à Paris sur le plan d'action 2009-2012 contre les bandes.
    La préfecture a indiqué que "le déferrement systématique (des auteurs devant la justice) semble être le seul mode de gestion possible". "On va attaquer cette question arrondissement par arrondissement", a promis le préfet de police
    Michel Gaudin en recevant le matin même le ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux. M. Gaudin a estimé à 27 le nombre de bandes "structurées" et à 51 celles qui le sont moins, agissant dans la capitale. Depuis le début de l'année, a-t-il précisé, 1 400 interpellations ont eu lieu dans ce cadre.

    Une journaliste : Isabelle Mandraud

    D’abord boursière de la Fondation Jean-Luc Lagardère en 1991, et après avoir travaillé au service économique pour le quotidien Libération, elle rejoignit le service France du Monde où elle suivit plus particulièrement l'activité du PS. Elle s’est ainsi attachée aux basques de Désirdavenir Royal pendant sa désastreuse campagne présidentielle 2007.

    Elle s’est recyclée dans les affaires de police, il y a deux ans seulement.
    => Avec Caroline Monnot, elle est l’auteur de « Les Neufs de Tarnac », un article qui a été bien accueilli sur le site de soutien aux Onze du 11 novembre, lequel est soutenu par Claude Guillon (1952, Communiste libertaire, tendance situationniste, connu pour un ouvrage prônant la solution du suicide), Edwy Plenel (Médiapart), Eric Hazan (1936, aux côtés du FLN durant la guerre d'Algérie et pro-palestinien), François Taillandier (Livres Hebdo), Gilles Clément (paysagiste qui a annulé tous ses contrats avec l'Etat français pour se consacrer à des « projets de résistance » à Nicolas Sarkozy, ou Article XI.

    => L’un d’entre eux, le philosophe italien Giorgio Agamben (1942), établit une ligne de continuité entre la conception de la politique des nazis et celle de l'occident contemporain.
    Dans le cas des Onze, il pratique la politique de la victimisation : selon lui, "on ne va pas les traiter comme les Brigades Rouges, ça n’a rien à voir ! On cherche le terrorisme et on finit par le construire, tout ça pour répandre la peur chez les jeunes gens".

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