Copé contre-attaque en exigeant la transparence des partis et des media
L'opacité ne doit plus être un privilège des accusateurs
Accusé par Le Point d'entretenir des relations d'argent avec le monde des affaires, le secrétaire général de l'UMP, mis personnellement sur la sellette à trois semaines des municipales, a fait face seul. Jean-François Copé a lancé lundi une contre-offensive en demandant "la transparence" financière des partis politiques mais aussi de la presse, sur le ton de la riposte déterminée.
L'hebdomadaire du milliardaire socialiste François Pinault a lancé contre Copé une accusation de favoritisme présumé envers une société de communication fondée par deux de ses proches, au détriment des finances de son parti.
Copé a dénoncé des "accusations mensongères".
S'adressant lundi à "(s)es chers compatriotes" lors d'une "déclaration solennelle" au siège de l'UMP à Paris, le présumé coupable a dénoncé sans langue de bois les "méthodes dignes de l'Inquisition" de "certains organes de presse" depuis des mois,en dépit de la déontologie de la profession , "le cirque médiatique" et son "lynchage public", après celui de Nicolas Sarkozy, depuis des années, comme l'ont constaté la France entière et l'étranger.
"Copé seul contre les méchants", ironise Libération
J.-F. Copé est apparu "très tendu, la voix blanche", dixit l'ancien ministre UMP, Dominique Bussereau. "Jean-François a été blessé, heurté" et réagit comme "quelqu'un d'écorché", a commenté le sénateur Roger Karoutchi, qui se dit "sarkopéiste".
J.-F. Copé s'est dit victime d'une "véritable chasse à l'homme". "Depuis quelques jours, je fais l'objet d'une campagne de presse particulièrement agressive, je dirais même haineuse (...) L'UMP fait l'objet d'attaques incessantes qui ont quitté le champ de la politique pour se nourrir des armes des lâches, des armes que sont la rumeur, les insinuations et les manipulations", a-t-il lancé.
Le second parti d'opposition
"Je veux dire aux Françaises et aux Français que j'ai toujours exercé mes fonctions avec droiture et honnêteté. Je ne suis dupe de rien, les Français non plus ne sont dupes de rien. Les ficelles sont tellement grosses, à quelques semaines de scrutins tellement importants pour notre pays", a-t-il ajouté, soulignant la manoeuvre politique à la veille des municipales de fin mars et européennes de fin mai.
Comme "on exige de l'UMP, et de l'UMP seule, de faire preuve d'une transparence qu'aucun autre acteur politique ne s'impose à lui-même", Copé a réclamé l'équité entre les partis et qu'à l'instar du sien, ils soient tous soumis aux mêmes exigences.
Il a annoncé deux propositions de lois
L'une établirait la transparence financière de tous les partis politiques depuis 2007, l'autre soumettant les media subventionnés par l'État "aux mêmes contrôles que ceux imposés aux parlementaires". La deuxième proposition de loi prévoit la mise en place d'une autorité indépendante chargée d'appliquer ces nouvelles règles.
Dans l'attente de l'improbable adoption de ces textes, la majorité est prévenue du sort qui l'attend lors de l'alternance. Les partis de gauche et les media qui ont cause commune font donc front pour railler la riposte de la victime.
Copé a en effet immédiatement donné instruction à ses services "de bien vouloir mettre l'intégralité de la comptabilité de l'UMP, ainsi que les archives concernant les campagnes présidentielles de 2007 et 2012, dans une pièce qui sera scellée par un huissier" et "rouverte à l'adoption de ces deux lois".
Le Parti socialiste se révèle partie prenante au coup bas du Point
Le PS n'a eu de cesse de reprocher au président de l'UMP d'"esquiver", bien que, promis avant le weekend, le dépôt d'une plainte en diffamation contre le journal soit annoncé pour mardi matin, selon son entourage. Le Parti socialiste se retrouve ainsi sur la même ligne que le FN, puisqu'un haut responsable fustige "une stratégie de diversion".
Les accusateurs associés voient dans la défense une "manoeuvre dilatoire à pleurer de rire"
Nouveau directeur de publication du Point, Étienne Gernelle a dénoncé une "manoeuvre dilatoire pour ne pas publier les comptes de l'UMP (...) à pleurer de rire", tandis qu'au PS, des responsables socialistes, raillent pareillement un "Copé délirant"...
Quant à l'homme de main de Hollande-la-reculade, coopté à la tête du PS, Harlem Désir a estimé que Copé a "esquivé" et d'autres socialistes ont pris le risque d'évoquer le scandale Cahuzac, rappelant qu'en septembre, Copé avait voté contre la législation sur la transparence de la vie publique élaborée dans l'urgence. Copé avaient d'ailleurs jugé cette loi mal ficelée, les dispositions prévues étant "inutiles et dangereuses".
Dans un communiqué, l'ancien rival de J.-F. Copé à la présidence de l'UMP en 2012, François Fillon a précisé que les propositions de la victime devront être discutées "après les municipales".
Pour sa part, François Bayrou prend les propositions avec sérieux et sérénité. Le président du MoDem, s'est dit "prêt à ouvrir la totalité de ses comptes".
Florian Philippot, vice-président du FN, est en revanche sur la même ligne que ses alliés objectifs du PS, dénonçant comme les socialistes "une stratégie de diversion".
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