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lundi 3 mars 2014

Copé embarrasse la presse aux finances opaques

Libération dénonce un "forcéné de l'UMP" qui exige la transparence

La presse riposte en citant "des amis de Copé embarrasés" de sa contre-offensive 

Le quatrième pouvoir est sur le pied de guerre. Ainsi, Alain Auffray, journaliste de Libération dédié à l'UMP, écrit-il un article à charge en termes guerriers révélateurs de l'émoi du milieu médiatique: le siège parisien de l’UMP aurait repris "des allures de bunker assiégé", assure-t-il, et l'homme à abattre serait "plus isolé encore qu’aux heures les plus noires de sa guerre contre François Fillon fin 2012": "Jean-François Copé s’est barricadé dimanche avec une poignée de disciples." Aucun dirigeant de la droite, pas même les plus copéistes, n’était dans la confidence, affirme le journaliste "indépendant du pouvoir et de Rothschild, son actionnaire milliardaire. Pas même la "poignée" de disciples?

Juste avant 20 heures dimanche,
un communiqué concis annonçait pour le lendemain "une déclaration solennelle" à l'UMP. Certains s'apprêtaient déjà à crier victoire à l'idée d'une démission de la cible. Mais, depuis l'affaire Clearstream, d'autres s'attendent à des rebondissements sans fins jusqu'aux européennes, voire les régionales, et prévoient des accusations en séries de la part du journal Le Point, dont le directeur a préféré prendre sa retraite pour se consacrer corps et haine à une nouvelle affaire fondée sur de supposées surfacturations de frais de meeting au profit de la fameuse société Bygmalion, "la très rentable machine de guerre du député et maire de Meaux", accuse Libération, à la suite de Mediapart, d'abord, et du Point, ensuite. Mais pas que. Bygmalion a en effet tissé des liens étroits avec l'ensemble du monde politique et des révélations imprévues pourraient aussi bien salir le ...PS!

Le Point participerait à un complot Copé contre Sarkozy 

Auffray assure que Nicolas Sarkozy aurait voulu savoir, mais que Copé n'aurait pas "daigné répondre", puisque
ce serait aussi "sur les pieds de l’ex-chef de l’Etat que le forcené de l’UMP prétendrait renverser la table". Copé n'a rien demandé au Point, mais déjà Libération suggère sans preuves ni témoin même anonyme que la victime des allégations pestilentielles du Point pourrait être l'initiateur d'une affaire Bygmalion destinée à abattre Sarkozy. Tout est devenu possible dans l'esprit de la presse romancière. 

Auffray n'arrête pas ses supputations en si bon chemin et assure qu'à l’UMP, "il n’a échappé à personne" que le président du parti a donné instruction de mettre sous scellés "l’intégralité de la comptabilité de l’UMP, ainsi que les archives concernant les campagnes présidentielles de 2007 et 2012". Pourquoi 2007, dès lors que seules les dépenses postérieures à la désignation de Copé comme secrétaire général de l’UMP en 2010 sont en cause, si ce n'est pour mouiller Sarkozy ? Libération semble savoir que les révélations à venir du Point pourraient constituer une menace sur les sarkozystes : s’ils lâchaient Copé, ils devraient, eux aussi, rendre des comptes sur ce qui a pu se passer avant 2010.
Tentant de faire d'une caillasse deux coups, Libération estime d'ailleurs  en clair que, dans sa lettre aux militants, le patron de l’UMP "suggérait lourdement" que Sarkozy était tout autant que lui visé par "les attaques ignobles" sur les finances de l’UMP. 

La presse militante abuse de son pouvoir de nuisance

Les responsables politiques se savent à la merci de la presse et, à la sortie du Point jeudi, les amis de l’ancien chef de l’Etat ne se sont pas précipités pour dénoncer ses méthodes de cette presse en défendant l’accusé.
Si la presse est vent debout contre les propositions de loi visant à étendre à elle la transparence des partis, la solidarité des media est effectivement plus évidente que celle entre les partis et leurs diverses composantes. Hier à l’UMP,  l'homme de confiance de l’ex-président, Brice Hortefeux, n’a voulu retenir de la déclaration d’hier que l’expression d’une "colère légitime et compréhensible", mais a précisé sur RMC qu’il ne se sent pas engagé par les propositions "personnelles" de Copé sur la transparence. Dans un communiqué laconique, François Fillon a indiqué en langue de bois que ces propositions seraient éventuellement discutées "après les municipales": la date de l'offensive du PS, à trois semaines des municipales, prive en effet l'UMP de possibilité de contre-offensive décisive. Alain Juppé recommandait de commencer par appliquer les lois sur la transparence qui existent déjà. Laurent Wauquiez invitait Copé à tenter de faire la transparence malgré d'aussi courts délais et à "lever les doutes tout de suite", sans y mettre donc les conditions que les partis et les media réticents suivent l'exemple de l’UMP.

L’affaire Bygmalion pourrait éclabousser le PS 
Le parti du président socialiste n'est pas étanche aux pratiques dénoncées par Le Point. La porosité du PS avec les sociétés de services n'est pas moindre que celle de l'UMP et  il ne surprendrait personne que le PS se brûle au feu que les apprentis sorciers ont allumé dans leurs organes de  presse.
 
Toute la journée, les journalistes se sont sentis piqués au vif (et au porte-monnaie) et donnaient le change en prétendant qu'ils préféraient en rire (avant d'en pleurer).
 
Les partis de la majorité n'ont pas dissimulé leur embarras. "On lui demande de la clarté, il répond par la mise sous scellés", s'est inquiété Harlem Désir, premier secrétaire désigné du Parti socialiste, sans se prononcer sur la transparence demandée au PS, au temps où Hollande était lui-même son premier secrétaire... Désir n'a pas promis de dissiper la fumée qui enveloppe la Rue de Solférino.
 
Ont-ils tous "des choses à cacher"? 

Libération se dit attaché à la transparence, mais fait parler des anonymes. C'est certes une exception de la presse française dans le monde, mais elle est particulièrement malvenue dans les circonstances. 
Comme à son habitude, Auffray recueille des avis qu'il partage... Il aurait rencontré des candidats aux municipales qui lui auraient confié leur désarroi. "Que cherche Copé ? s'interrogent Auffray et son interlocuteur mystérieux. Pourquoi a-t-il remis une pièce dans la machine ?" se désolait l’un d’eux, comme Auffray, exaspéré de se voir "tiré vers le bas", c'est-à-dire mêlé à une querelle de bas étage,  fétide resucée de l'affaire Clearstream.

Dans la presse, le changement n'est pas maintenant 
Auffray aurait reçu les confidences d'un ex-ministre de Sarkozy. Lui seul en connaît l'identité, dans sa glace. Copé se comporterait comme un François Hollande, empêtré dans l’affaire Cahuzac. Ce serait plausible jusqu'ici, mais le journaliste n'a pas de limites et rappelle qu'au printemps 2013, Copé a refusé de voter en l'état la loi proposée dans la hâte pour la transparence de la vie politique.  Et ça, ce n'est pas un rappel de l'UMP!
A l'époque, François Fillon avait également estimé qu'"a priori", il n'y a "pas besoin d'un projet de loi sur la moralisation de la vie politique, comme le propose le gouvernement Ayrault. "Je récuse l'expression de moralisation de la vie politique, je récuse l'idée que les hommes politiques soient tous corrompus, comme on essaie en ce moment de le faire croire", lâche le député de Paris.

L'avenir dira si le PS est blanc-blanc. 
Et, l'alternance venue, la presse de la pensée unique saura pourquoi elle agresse la droite en permanence.


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