Battue, élue !
La première adjointe PS hérite de la mairie socialiste de Paris
Après des années passées dans l'ombre de son mentor Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo devrait devenir la première femme maire de Paris lors du prochain conseil municipal. La succession de Bertrand Delanoë, "cela fait plusieurs années que j'y pense en me maquillant le matin", confiait Anne Hidalgo au Monde. En remportant les arrondissements-clés que sont le 14e et le 12e, et malgré le basculement à droite du 9e, elle s'assure une majorité parmi les élus.
Hidalgo s'était lancée le 4 septembre 2012 dans la campagne pour la succession à son mentor à l'hôtel de ville. Après onze années passées dans les pas du maire de Paris, cette retraitée de 54 ans de l'inspection du travail, a pris de vitesse les ambitieux de sa famille politique. Adoubée par le maire sortant, forte de son avance et sans bruit médiatique, elle enchaîne les étapes, rallie ses adversaires internes et les inclut dans son équipe de campagne, pose un accord avec ses partenaires, constitue les listes et le programme.
En face, Nathalie Kosciusko-Morizet adopte la méthode opposée. De la primaire UMP jusqu'aux dernières semaines de campagne, la prétendante doit s'imposer et dépenser autant d'énergie à combattre la candidate socialiste qu'à parer les attaques des dissidents de sa famille politique. Mais comme Françoise de Panafieu en 2008 et Philippe Séguin en 2001, l'ancienne ministre, petite-fille d'ambassadeur et arrière-petite-fille d'un des fondateurs du Parti communiste français, s'est noyée dans le marigot de la droite parisienne, entraînée vers le fond par les barons locaux de l'UMP.
Vainqueure sortie de la pénombre
"Anne a construit son truc brique par brique, et un jour on s'est réveillés et c'était fait, constate Marie-Pierre de La Gontrie, l'une de ses rivales historiques, première vice-présidente du conseil régional d'Ile-de-France et désormais assagie dans l'équipe de campagne de la candidate. Elle nous a surpris par son habileté et il faut dire qu'elle a plutôt fait un sans-faute. Elle a réussi à se mettre tout le monde dans la poche, à s'imposer dans son camp à bas bruit."
A la tête de la mairie de Paris, Anne Hidalgo promet de poursuivre le travail commencé par Bertrand Delanoë. Elle promet notamment 10.000 nouveaux logements, 5.000 places supplémentaires en crèche, un accès plus facile aux soins médicaux, ne pas augmenter les impôts et la poursuite de la politique de sécurité et de grands événements culturels qui ont marqué les dix dernières années.
Une discrétion qu'elle marie avec suffisamment d'autorité. "Elle sait articuler des moments de grande fermeté et une capacité d'écoute", décrypte Sandrine Mazetier, députée socialiste de Paris. "Elle a hérité du maire de Paris le même autoritarisme", poursuit Yves Contassot, conseiller de Paris EELV. "Je la trouve assez autoritaire. C'est une main de fer dans un gant de velours. Derrière une souplesse apparente, elle est beaucoup dans le rapport de force", analyse le vice-président écologiste de l'Assemblée nationale, Denis Baupin, qui la côtoie depuis une décennie au Conseil de Paris.
François Hollande lui a rappelé ses "colères froides", le 18 septembre, alors qu'il épinglait la Légion d'honneur au revers de sa veste.
Ses adversaires raillent le virage pris par Paris sous les deux mandatures socialistes: une ville aseptisée, qui s'est en partie vidée de ses habitants les plus modestes, un modèle d'embourgeoisement "bobo", en référence aux "bourgeois bohèmes".
Anne Hidalgo (PS) s'incline pourtant face à Philippe Goujon (UMP)
Le candidat UMP bat sèchement la future maire de Paris !
Ph. Goujon l'emporte largement avec 63,37% des voix face à Anne Hidalgo, la future maire de Paris (PS-UG ; 36,63%). Philippe Goujon (UMP)a été réélu maire du quinzième arrondissement de Paris. L'abstention a été de 38,51% des inscrits. En 2008, elle était de 39,05%. Au premier tour, les abstentionnistes étaient 39,47%.
Ph. Goujon l'emporte largement avec 63,37% des voix face à Anne Hidalgo, la future maire de Paris (PS-UG ; 36,63%). Philippe Goujon (UMP)a été réélu maire du quinzième arrondissement de Paris. L'abstention a été de 38,51% des inscrits. En 2008, elle était de 39,05%. Au premier tour, les abstentionnistes étaient 39,47%.
Un homme lui inflige la défaite qui aurait dû la barrer à la mairie de ParisMilitant RPR de la première heure au côté de Nicolas Sarkozy, proche d'Édouard Balladur dont il fut le collaborateur et le suppléant de 1993 à 2007, Philippe Goujon a débuté très jeune sa carrière politique. Élu benjamin du Conseil de Paris en 1983, il est choisi en 1989 par Jacques Chirac, alors maire de Paris, pour être son adjoint chargé de la sécurité.
Les féministes et les gays prennent le pouvoir à Paris
"Je serai la maire de tous les Parisiens", a promis Anne Hidalgo, Espagnole naturalisée française à 14 ans, assurant qu'elle serait "soucieuse de laisser s'exprimer toutes les différences".
Anne Hidalgo a lancé les hostilités au moment le plus opportun, en annonçant le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, qu’elle présenterait des listes entièrement paritaires pour les élections de 2014. Or, pendant l'ère Delanoë, sur douze maires d’arrondissement, seules deux, puis une, étaient des femmes.
Et ce samedi 8 mars-là, à l'écart du cortège principal de la journée internationale des droits des femmes à Paris, prostituées et défenseurs des femmes voilées défilaient aussi côte à côte: un millier de "putains de féministes" qui ne se reconnaissent plus dans le féminisme traditionnel.
La logique géographique du système électoral parisien favorise la gauche
En 2001, la gauche l'avait emporté à Paris avec vingt sièges d'avance, tout en étant minoritaire en voix, avec moins de 49% au second tour.
L'opposition pointe aussi qu'actuellement le maire de Paris n'était élu directement que par les électeurs de son arrondissement. Soit, pour Bertrand Delanoë, "35.861 électeurs du seul 18e arrondissement sur les 1,2 million que compte la capitale", souligne le maire UMP du 15e, Philippe Goujon. En 2012, une note du laboratoire d'idées Think Tank Different (cofondé par Thomas Hollande) dénonçait ainsi "la prime à la domination spatiale et territoriale par rapport au total des suffrages obtenus" ou "le nombre très faible d'électeurs votant directement pour le futur maire" de Paris.
Or, il se trouve désormais que la maire socialiste élue en 2014 à la tête de Paris est rejetée dans son propre arrondissement.
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