La laïcité en débat
A l'approche du débat sur la laïcité que le secrétaire général de l'UMP organise, le 5 avril, à Paris , L'Express lui a demandé d'expliciter son état d'esprit sous la forme d'une "lettre à un ami musulman".
La voici.
Mon cher ami,
Voilà des années que nous évoquons ensemble la difficulté des musulmans en France à faire comprendre leur foi, défigurée dans l'opinion par des comportements radicaux ultraminoritaires. Voilà des années que nous déplorons tous les deux le mélange d'incompréhensions, de peurs, de caricatures qui domine au sujet de l'islam, à tel point que beaucoup de nos compatriotes considèrent à présent que "les musulmans ne sont pas bien intégrés" ou, pire, que "la communauté musulmane est une menace".
Je devine la peine immense que vous devez éprouver en constatant cela. Vous dont le grand-père est tombé en héros à Verdun, avec 70 000 frères d'armes de confession musulmane venus défendre la France. Vous qui êtes pleinement français et si fier de l'être, conjuguant, comme tant d'autres, foi religieuse et attachement à la République.
Hier, vous m'avez dit votre perplexité à l'égard de ce "fichu débat" - ce sont vos mots - que l'UMP a lancé sur la laïcité. Loin de vous rassurer, cette initiative vous inquiète. Il est vrai que, depuis des semaines, tout ce que Paris compte d'imprécateurs et de polémistes aura fait de son mieux pour déformer nos intentions.
Pour nous faire renoncer, on aura tout tenté: manipulations, insultes, intimidations... Quoi de plus essentiel, pourtant, que de rappeler notre attachement à ce précieux principe de laïcité? Que d'inviter à s'exprimer les différentes sensibilités sur ce bien qui fonde un projet de société généreux et presque unique au monde? Car la laïcité n'est pas le rejet des religions; c'est la liberté pour chacun, s'il le souhaite, de pratiquer son culte, dans le respect de celui des autres et dans le respect des lois de la République. Elle a une longue histoire, parfois houleuse.
Alléger le fardeau
La laïcité de 1905 poursuivait un objectif premier: séparer à tout prix les Eglises et l'Etat pour en finir, disait-on alors, avec ces confusions censées tromper le peuple. La laïcité de 2011 n'a pour essence ni la division ni le combat. Elle doit au contraire rassembler. Pour mieux vivre ensemble.
Son premier ennemi, c'est aujourd'hui l'ignorance. La méconnaissance de l'autre, de sa confession ou de sa philosophie, de ses espérances ou de ses doutes... Je voudrais tant que ce débat soit l'occasion magnifique de se mettre à l'écoute, pour mieux se connaître, se respecter et construire l'avenir.
Nous n'éluderons pas les enjeux de l'islam de France, les progrès accomplis comme ceux qu'il reste à faire. Vous me disiez votre crainte à cet égard. C'est tout l'inverse. Notre objectif est d'alléger le fardeau qui pèse sur les épaules des musulmans de France. Ils n'en peuvent plus d'une stigmatisation causée par des comportements qu'ils condamnent. Vous êtes toujours le premier à me le dire : la pratique de l'islam dans une République laïque, ce n'est pas la burqa, ni les prières de rue, ni le rejet de la mixité...
Le FN et les islamistes se régalent de nos divisions. Ils les suscitent parce qu'ils en vivent. Par cette lettre, je veux vous dire que nous pouvons les arrêter. Là où ils dénoncent, nous proposons. Là où ils jouent sur les fantasmes, nous clarifions les choses. Imaginons ensemble que les fidèles disposent de lieux de culte à taille humaine, en nombre suffisant et financés dans le respect de la loi de 1905. Imaginons des ministres du culte formés en France et attachés à nos valeurs. Imaginons un Code de la laïcité, connu et respecté de chacun, car rappelant à tous les règles indispensables dans nos rues, nos écoles, nos entreprises...
Vous le voyez, les mots que j'emploie, l'objectif que je poursuis sont empreints de paix et de respect, à mille lieues des procès d'intention que l'on nous fait. La source de mon engagement n'a jamais été la division ; c'est la volonté de rassembler. Mon combat, ma vie, c'est le service d'un pays où chaque Français est considéré. Où chaque Français est important. Mon cher ami, partageons ensemble cette mission. Elle a pour nom Fraternité.
A l'approche du débat sur la laïcité que le secrétaire général de l'UMP organise, le 5 avril, à Paris , L'Express lui a demandé d'expliciter son état d'esprit sous la forme d'une "lettre à un ami musulman".
La voici.
Mon cher ami,
Voilà des années que nous évoquons ensemble la difficulté des musulmans en France à faire comprendre leur foi, défigurée dans l'opinion par des comportements radicaux ultraminoritaires. Voilà des années que nous déplorons tous les deux le mélange d'incompréhensions, de peurs, de caricatures qui domine au sujet de l'islam, à tel point que beaucoup de nos compatriotes considèrent à présent que "les musulmans ne sont pas bien intégrés" ou, pire, que "la communauté musulmane est une menace".
Je devine la peine immense que vous devez éprouver en constatant cela. Vous dont le grand-père est tombé en héros à Verdun, avec 70 000 frères d'armes de confession musulmane venus défendre la France. Vous qui êtes pleinement français et si fier de l'être, conjuguant, comme tant d'autres, foi religieuse et attachement à la République.
Hier, vous m'avez dit votre perplexité à l'égard de ce "fichu débat" - ce sont vos mots - que l'UMP a lancé sur la laïcité. Loin de vous rassurer, cette initiative vous inquiète. Il est vrai que, depuis des semaines, tout ce que Paris compte d'imprécateurs et de polémistes aura fait de son mieux pour déformer nos intentions.
Pour nous faire renoncer, on aura tout tenté: manipulations, insultes, intimidations... Quoi de plus essentiel, pourtant, que de rappeler notre attachement à ce précieux principe de laïcité? Que d'inviter à s'exprimer les différentes sensibilités sur ce bien qui fonde un projet de société généreux et presque unique au monde? Car la laïcité n'est pas le rejet des religions; c'est la liberté pour chacun, s'il le souhaite, de pratiquer son culte, dans le respect de celui des autres et dans le respect des lois de la République. Elle a une longue histoire, parfois houleuse.
Alléger le fardeau
La laïcité de 1905 poursuivait un objectif premier: séparer à tout prix les Eglises et l'Etat pour en finir, disait-on alors, avec ces confusions censées tromper le peuple. La laïcité de 2011 n'a pour essence ni la division ni le combat. Elle doit au contraire rassembler. Pour mieux vivre ensemble.
Son premier ennemi, c'est aujourd'hui l'ignorance. La méconnaissance de l'autre, de sa confession ou de sa philosophie, de ses espérances ou de ses doutes... Je voudrais tant que ce débat soit l'occasion magnifique de se mettre à l'écoute, pour mieux se connaître, se respecter et construire l'avenir.
Nous n'éluderons pas les enjeux de l'islam de France, les progrès accomplis comme ceux qu'il reste à faire. Vous me disiez votre crainte à cet égard. C'est tout l'inverse. Notre objectif est d'alléger le fardeau qui pèse sur les épaules des musulmans de France. Ils n'en peuvent plus d'une stigmatisation causée par des comportements qu'ils condamnent. Vous êtes toujours le premier à me le dire : la pratique de l'islam dans une République laïque, ce n'est pas la burqa, ni les prières de rue, ni le rejet de la mixité...
Le FN et les islamistes se régalent de nos divisions. Ils les suscitent parce qu'ils en vivent. Par cette lettre, je veux vous dire que nous pouvons les arrêter. Là où ils dénoncent, nous proposons. Là où ils jouent sur les fantasmes, nous clarifions les choses. Imaginons ensemble que les fidèles disposent de lieux de culte à taille humaine, en nombre suffisant et financés dans le respect de la loi de 1905. Imaginons des ministres du culte formés en France et attachés à nos valeurs. Imaginons un Code de la laïcité, connu et respecté de chacun, car rappelant à tous les règles indispensables dans nos rues, nos écoles, nos entreprises...
Vous le voyez, les mots que j'emploie, l'objectif que je poursuis sont empreints de paix et de respect, à mille lieues des procès d'intention que l'on nous fait. La source de mon engagement n'a jamais été la division ; c'est la volonté de rassembler. Mon combat, ma vie, c'est le service d'un pays où chaque Français est considéré. Où chaque Français est important. Mon cher ami, partageons ensemble cette mission. Elle a pour nom Fraternité.
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