Assises: Viol d'une jeune femme saoulée à mort à Marseille

Procès de quatre hommes accusés du viol d'une femme saoulée à mort à Marseille


Les faits

La Cour d'Assises des Bouches-du-Rhône à Aix-en Provence doit juger ces quatre monstres. Tous détenus, ils sont 'présumés innocents' du "viol en réunion par personne agissant en état d'ivresse ou sous l'emprise de stupéfiants" et "non-assistance à personne en danger" dans un hôtel de Marseille.
La victime avait été successivement saoulée, droguée, violée, avant de mourir d'un arrêt cardio-respiratoire, un coma éthylique, le 9 décembre 2008.
Forcée à boire, la jeune victime était décédée de 5,98 g d'alcool dans le sang. Dans la voiture, Cécilia avait d'abord été forcée d'ingurgiter de la vodka, à la bouteille, maintenant de force le goulot dans la bouche, conviendront deux d'entre eux avant de se rétracter, prétextant de mauvais traitements policiers en garde à vue.
Dans la chambre, le groupe avait de nouveau contraint la victime à boire et à fumer du cannabis.

Les quatre hommes, dont deux étaient sous l'emprise de la drogue, l'avaient ensuite successivement violée, alors qu'elle était déjà "vaseuse, limite inconsciente" et commençait à baver et vomir, selon le témoignage de l'un d'entre eux.

Puis, leur crime accompli, les violeurs avaient eu le sang froid de "faire le ménage", emportant les bouteilles d'alcool et les préservatifs pour ne pas laisser leurs traces, avant de prendre la fuite.
Ce jour-là, deux des quatre mis en cause, soudain pris de remords, avaient prévenu les pompiers, mais, inconsciente, Cécilia ne sera jamais ranimée.

=> Pour l'accusation, ses agresseurs ne se sont pas contentés de la violer. Le parquet réclama une mise en examen pour "viol en réunion par personnes en état d'ivresse et sous l'empire de produits stupéfiants, ayant entraîné la mort de la victime".

=> Si pour Me Alain Lhote, l'avocat de la famille, c'est "un viol abject commis par quatre prédateurs sexuels; Cécilia a été "gavée d'alcool", les avocats de la défense, Mes Jean-Louis Keita et Julien Blot, ont en revanche évoqué "une soirée qui se voulait festive et a tourné au cauchemar".

L'un des défenseurs nie d'ailleurs le viol. "C'est pas beau au niveau de la morale, convient Jean-Louis Keita, mais il n'y a pas grand-chose à leur reprocher au niveau de la loi. Ça ressemblerait davantage à un abus de faiblesse."

Préméditation

Les quatre monstres sont soupçonnés de s'être concertés pour contacter dans la soirée du 8 décembre 2008 une infirmière, Cécilia Gueye, âgée de 21 ans, connue de l'un d'entre eux, afin de la faire boire et de la soumettre à des relations sexuelles avec chacun d'entre eux, à tour de rôle.

Qualifié de "meneur de la bande", Mounir Tinouiline, 21 ans, avait monté un stratagème se faisant passer auprès de Cécilia pour "Kevin", le surnom d'Emmanuel Denis, jeune blondinet aux charmes duquel la jeune fille n'était pas insensible.
Placé sous écoute dans une affaire de piratage et de contrefaçon de cartes bancaires, les enquêteurs ont analysé les communications du 8 décembre passées par Mounir Tinouiline. On l'entend rameuter les participants :"Viens, on va la niquer". On le voit organiser les choses par textos : "Ho va genet pren fahem vien me cherché et on va troncher Cécilia".
La jeune femme se serait laissé convaincre de passer la soirée seule avec quatre hommes qui l'ont emmenée en voiture, où elle aurait été forcée à boire beaucoup de vodka avant de se rendre à cinq dans les 10m² d'une chambre à 39 euros d'un Etap Hôtel du 11e arrondissement de Marseille.

Les protagonistes

Le père de Cécilia, Matar Gueye, est directeur d'école. Ses proches décrivent la victime comme "timide, réservée, relativement naïve et fragile", ce qui est difficilement concevable s'agissant d'une infirmière et à Marseille. D'une part, Cécilia avait passé deux fois le concours à l'hôpital Nord et rêvait encore de devenir infirmière. Et d'autre part, les photos retrouvées sur l'ordinateur de la jeune fille -dont certaines avaient été mises en ligne sur son blog- la montraient dans des poses suggestives. Ses parents - aujourd'hui partie civile - étaient déjà allés la récupérer dans des hôtels où elle avait été abandonnée par des garçons.

Cette nuit de décembre 2008, tous majeurs, âgés de 18 ans à 27 ans, Fahem Djermoune, Emmanuel Denis, Anis Nafti et Mounir Tinouiline, trois d'entre eux sont des musulmans et donc supposés respectueux des femmes.

A 1 heure du matin, les violeurs présumés avaient constaté que la jeune femme agonisait: l'un d'eux dira que son corps qui se refroidissait "ressemblait à un bout de viande". Ils avaient décidé d'emporter le corps de la victime dans la voiture pour la conduire à l'hôpital. Deux des accusés, Mounir Tinouiline et Fahem Djermoune, avaient quitté le véhicule en chemin. Sur le trajet, Emmanuel Denis et Anis Nafti avaient finalement alerté les pompiers vers 2h30.
Emmanuel Denis, 18 ans, panique au bout du fil : "J'étais avec une copine et on a bu un peu et la fille est tombée dans les pommes et j'arrive plus à la réveiller."

Se cachant pour échapper à la police, Mounir Tinouiline et Fahem Djermoune étaient finalement interpellés fin décembre 2008. Devant le juge d'instruction, les accusés ont finalement reconnu s'être retrouvés pour un "plan sexe", mais ont accusé la victime d'être "une fille facile" qui devait savoir qu'une telle virée "ce n'était pas pour se regarder dans le blanc des yeux".
Au lendemain de Noël 2008, l'un des agresseurs présumés est arrêté à la prison des Baumettes, venu rendre visite à son frère, pour une autre affaire.
Le 6 janvier 2009, à 6h, les fonctionnaires de la BRAP avaient réussi à appréhender le dernier homme, qui changeait souvent de domicile. Le jeune bourreau, qui a partiellement reconnu les faits, n'était pas un ami intime de la victime, juste "une connaissance, de vue". Il se trouve toujours en garde à vue.

=> Depuis le crime, une association humanitaire a été créée à son nom : "Cécilia Gueye Pour l'Enfance Et La Vie".

Le procès

Le 5 mai 2009, devant la chambre de l'instruction de la Cour d'Appel d'Aix, le Parquet général avait fait appel de la décision du juge d'instruction, afin que soit aggravée la mise en examen des quatre violeurs Cécilia, 21 ans, morte entre les mains de ses bourreaux le 9 décembre 2008, dans cet hôtel de La Valentine (11e ).

Le 28 juillet 2010, la juge Karine Molco a rendu une ordonnance de renvoi largement conforme aux réquisitions du Parquet. Les quatre criminels présumés seront jugés en Assises.

Un crime qui leur ferait dès lors encourir une peine de 30 ans de réclusion.