POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

dimanche 8 mars 2020

Plus de 100 avocates dénoncent les féministes accusatrices publiques aux César de Roman Polanski

Les avocates dénoncent "le triomphe du tribunal de l'opinion publique" agresseur de la présomption d'innocence

"Roman Polanski a été visé par plusieurs accusations publiques, parmi lesquelles une seule plainte qui n'a donné lieu à aucune poursuite", écrivent les signataires. 

Dans une tribune publiée dans Le Monde, dimanche 8, 114 avocates pénalistes se revendiquant "féministes" réagissent à la "véhémente polémique qui a suivi la 45ème cérémonie des César", où Roman Polanski, accusé de viol, a reçu l'un des prix les plus prestigieux pour son film 'J'accuse', il y a dix jours. "On se pique d'avoir à le rappeler, mais aucune accusation n'est jamais la preuve de rien", écrivent-elles.

"La véhémence polémique qui a suivi la 45ème cérémonie des César nous oblige, nous qui sommes tout à la fois femmes, avocates et pénalistes." Dans une tribune publiée dimanche dans Le Monde, ces femmes juristes se démarquent des harpies qui ont détourné cette fête du cinéma français à des fins personnelles et catégorielles mais ont été désavouées par l'ensemble de la profession: organisée par l'Académie des arts et techniques du cinéma, présidée par le réalisateur Claude Lelouch et présentée par l'amuseuse publique Florence Foresti, la cérémonie de remise des prix est l'aboutissement de plusieurs scrutins ouverts aux professionnels du cinéma, soit 4.509 membres, dont 4.225 membres votants, issus de différents métiers du cinéma et répartis sur 10 collèges. Les nominations et les récompenses sont le résultat d'un long processus démocratique qui devrait inspirer aux totalitaires le respect et la modération.

Les féministes avaient tenté un coup de force.
Quelques semaines avant cette 45e cérémonie, une polémique avait éclaté avec la contestation, le 13 janvier, d'une décision d'Alain Terzian, le président, qui refusa la participation de Virginie Despentes et Claire Denis, réalisatrice sans public, choisies par des acteurs et actrices comme marraines, parallèlement aux officiels, au dîner des Révélations des César. 
Auteure d'une nouvelle sur l'érotisme féminin et d'ouvrages porno, Despentes est une écrivaine qui a bénéficié d'un succès de scandale avec son roman Baise-moi ... Après avoir vécu en couple avec un philosophe espagnol au look de dragking, né femme nommée Beatriz, puis Paul B. Preciado, et féministe, queer, transgenre et pro-sexe, occasion pour Despentes de révéler sa propre homosexualité, en 2005, l'écrivaine française a été membre de l'académie Goncourt pendant quatre ans (2016-2020) jusqu'à sa démission. Dans un texte intitulé " déclarer la grève des utérus", il appelle les femmes à "[s'affirmer] en tant que citoyens entiers et non plus comme utérus reproductifs. Par l’abstinence et par l'homosexualité, mais aussi par la masturbation, la sodomie, le fétichisme, la coprophagie, la zoophilie... et l'avortement" et à "[ne pas laisser] pénétrer dans nos vagins une seule goutte de sperme national catholique."Dans Les Inrockuptibles le 17 janvier 2015, dix jours après le massacre à Charlie Hebdo elle écrit : "J’ai aimé mon prochain pendant quarante-huit heures. [...] J’ai passé deux jours à me souvenir d’aimer les gens juste parce qu’ils étaient là et qu’on pouvait encore le leur dire. J’ai été Charlie, le balayeur et le flic à l’entrée. Et j’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux [?? Sur quelles bases s'appuie-t-elle pour affirmer cette énormité?]. J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. J’ai aimé aussi leur désespoir. [...] Je les ai aimés dans leur maladresse – quand je les ai vus les armes à la main hurler "on a vengé le Prophète" [parce qu'elle est croyante?] et ne pas trouver le ton juste pour le dire. [...] Jusque dans leur acte héroïque, quelque chose qui ne réussissait pas. [...] Il y a eu deux jours comme ça de choc tellement intense que j’ai plané dans un amour de tous." Le 5 juin 2015, elle avait été faite membre du jury du prix Femina et, le 5 janvier 2016, date anniversaire des massacres islamistes elle était élue à l'académie Goncourt. Marie Dabadie - qui produira notamment le seul documentaire consacré à l'écrivain Jean Genet - est alors la secrétaire de l'Académie et Bernard Pivot, président. Qui sont les responsables de la montée en puissance de Despentes, de son arrogance et de ses dégâts ?Après la cérémonie des Césars 2020 marquée par le départ de l'actrice féministe Adèle Haenel, suivie de sa compagne, la réalisatrice Céline Sciamma, Virginie Despentes signe le 1er mars une tribune de soutien à l'actrice militante dans Libération . Ce texte, reprenant le geste d'Adèle Haenel ("Désormais, se lève et on se barre"), ajoute l'abomination au scandale. Certains reprochent à cette tribune sa condamnation sexiste des hommes à partir du cas Roman Polanski et... les "riches" : "Le temps est venu pour les plus riches de faire passer ce beau message: le respect qu'on leur doit s'étendra désormais jusqu'à leurs bites tachées du sang et de la merde des enfants qu'ils violent.", écrit notamment la protégée des prix littéraires français.
Les fauteuses de troubles se sont fait connaître pour ce qu'elles sont.
Les critiques fusent, Terzian regrette son attitude mais, le lendemain, le soir du dîner des Révélations, plusieurs acteurs et réalisateurs, dont Cédric Klapisch, Michel Hazanavicius et Marina Foïs, refusent "qu’il y ait des artistes désirables et indésirables" et dénoncent "des agissements discriminatoires indignes", ainsi qu' "un fait du prince" dans l’organisation des activités de l'Académie : les fadaises habituelles ! Alain Terzian présente alors ses "sincères excuses", mais maintient qu'il n'a pas à se justifier.

Dans le Journal du Dimanche, le 9 février, Terzian promet de féminiser et de rajeunir l'Académie d'ici un an, le conseil d’administration ne comptant que 28,5 % de femmes, l’assemblée générale 17 % et la moitié des membres étant composée de septuagénaires ou plus. Mais la fronde est tenace et le lendemain, dans une tribune parue le 10 février dans Le Monde, 400 personnalités du cinéma - toutes politiquement engagées notamment contre le FN -  dont le fils de... Jacques Audiard, réalisateur d''Un prophète', "roman d'apprentissage" filmé qui raconte l'ascension d'un jeune délinquant d'origine maghrébine, Bertrand Tavernier, Omar Sy, Michel Hazanavicius, Agnès Jaoui et Marina Foïs, réclament une "réforme en profondeur" de l’Académie des César : il lui est reproché des "dysfonctionnements", "une opacité des comptes" qui ne sont plus publiés, et des statuts qui "n’ont pas évolué depuis très longtemps" et qui reposent toujours sur la "cooptation" .
Le 12 octobre 2017, Omar Sy a traité Eric Zemmour de "criminel" et Anne-Elisabeth Lemoine de "teubée" [bête]. Au micro de Philippe Vandel sur Europe 1 le 17 octobre 2017, Eric Zemmour, a révélé qu' " ici-même Omar Sy a demandé qu'on ne m'invite plus et m'a traité de criminel. Je veux simplement lui signaler qu'un criminel, c'est quelqu'un qui a commis un crime. Je sais bien que de Trappes à Hollywood il n'a pas eu le temps de maîtriser la langue française. Je pourrais l'attaquer en justice pour diffamation. Des criminels, il en a côtoyé si j'en crois les médias puisqu'il était très ami avec Monsieur Weinstein". "C'est lui [Weinstein] qui a contribué au succès d'Intouchables aux Etats-Unis; c'est lui qui m'a présenté à mon premier agent," a avoué Omar Sy, qui sait que son incroyable notoriété outre-Atlantique est en partie due au travail d'Harvey Weinstein, en procès pour agressions sexuelles et viols en série. Omar Sy décide courageusement d'arrêter aussitôt  la promotion du film Knock et de se retirer de la scène médiatique... 
Le 13 février, l'Académie annonce la démission collective de son conseil d'administration et promet son "renouvellement complet" et sa ré-organisation, la productrice Margaret Menegoz - directrice de la société Les Films du Losange (catalogue de plus de 100 films, comprenant Eric Rohmer, Barbet Schroeder, Roger Planchon, Jacques Rivette, et plus récemment des réalisateurs tels que Michael Haneke, Jacques Doillon, Romain Goupil, Jean-Marc Moutout et Philippe Claudel, qui ne sont pas connus pour leur modération politique) et membre du bureau sortant, assurant l'intérim jusqu'au 20 avril.

Polanski "n'est pas coupable"

Les accusateurs-trices publics piétinent le principe de présomption d'innocence.
"On se pique d'avoir à le rappeler, mais aucune accusation n'est jamais la preuve de rien : il suffirait, sinon, d'asséner sa seule vérité pour prouver et condamner", réagissent ces avocates, issues de tous les barreaux de France. "Roman Polanski a fait l'objet de plusieurs accusations publiques, parmi lesquelles une seule plainte, qui n'a donné lieu à aucune poursuite : il n'est donc pas coupable", soulignent ces pénalistes féministes, précisant que Samantha Geimer, qui accuse le réalisateur de l'avoir violée quand elle avait 13 ans, demande que la procédure soit close.

"Il ne s'agit pas tant de croire ou de ne pas croire une plaignante que de s'astreindre à refuser toute force probatoire à la seule accusation : présumer de la bonne foi de toute femme victime de violences sexuelles reviendrait à sacraliser arbitrairement sa parole, en aucun cas à la 'libérer'", écrivent les signataires.

"Le doute doit obstinément profiter à l'accusé"
S'appuyant sur leur exercice, ces avocates affirment qu'il est "faux d'affirmer que l'ordre judiciaire ferait montre aujourd'hui de violence systémique à l'endroit des femmes, ou qu'il ne prendrait pas suffisamment en considération leur parole". 
"Nous constatons au contraire, quelle que soit notre place à l’audience, qu’une inquiétante et redoutable présomption de culpabilité s’invite trop souvent en matière d’infractions sexuelles. Ainsi devient-il de plus en plus difficile de faire respecter le principe, pourtant fondamental, selon lequel le doute doit obstinément profiter à l’accusé", insistent ces juristes.

"Tweets après tweets, hashtags après hashtags, ce que nous sentons monter à de quoi alarmer tout authentique démocrate, et nous alarme d’autant plus que nous en percevons déjà les méfaits : le triomphe du tribunal de l’opinion publique", concluent ces "sopranos du barreau", selon leurs propres termes. 
"Nous sommes féministes mais nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme-là, qui érige une conflictualité de principe entre hommes et femmes."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):