Les routiers obtiennent des engagements sur le maintien de leur régime d’heures supplémentaires
Après une semaine de blocages de sites et de barrages filtrants sur tout le territoire, les syndicats de chauffeurs routiers ont obtenu, vendredi 20 mai, un engagement écrit de la part du gouvernement sur le maintien de leur régime d’heures supplémentaires et ce, en dépit des dispositions de la loi travail déjà votées en première lecture par les députés.
Les syndicats de chauffeurs avaient en effet inauguré, lundi 16 mai, une nouvelle semaine de contestation contre le projet de loi Valls de réforme du Code du Travail, vent debout contre l’article 2 du texte porté par Myriam El Khomri, ministre-kamikaze du Travail, portant sur la rémunération des heures supplémentaires travaillées.
Crainte d’une "baisse drastique" de salaire
Si la réforme entre en vigueur et en cas d’accord majoritaire, les branches professionnelles ne pourront plus empêcher les entreprises d’abaisser de 25 à 10 % le taux de majoration des heures supplémentaires.
Les syndicats de routiers s’étaient élevés contre une telle mesure impliquant une chute des salaires des chauffeurs, les heures supplémentaires faisant "partie intégrante" de la rémunération des chauffeurs, rappelait Force ouvrière (FO). Pour un employé "qui fait 200 heures par mois, c’est 1.300 euros en moins sur la fiche de paie" annuelle, calculait ainsi le secrétaire général de la CGT des transports, Jérôme Vérité.
Les routiers arrachent un régime "dérogatoire"
Dès jeudi, Manuel Valls, interrogé par RTL avait tenu à rassurer les chauffeurs routiers. "Sauf accord de branche signé par une majorité des organisations syndicales, les heures de conduite supplémentaires des routiers resteront payées 25 % de plus. Donc il n’y a aucune raison de s’inquiéter, donc il n’y a aucune raison de manifester, donc il n’y a aucune raison de bloquer des raffineries, des ports, des aéroports", avait-il affirmé, créant un précédent dont les salariés des raffineries de pétrole veulent à leur tour bénéficier.
Finalement, dans un courrier adressé vendredi 20 mai aux syndicats, le secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, dont la ministre de tutelle, Ségolène Royal, est absente du débat parce qu'incompétente et craintive, prend l’engagement que la loi travail n’aura pas de conséquence pour les chauffeurs routiers. "Il apparaît que dans le transport routier, le régime de durée du travail et ses conditions de rémunération repose[ent !] sur des textes spécifiques" et "ce dispositif réglementaire, dérogatoire, n’est pas modifié par le projet de loi travail", écrit-il dans son courrier, faisant fi du texte adopté par la force de l'article 49.3 à l'Assemblée, en première lecture.
Le gouvernement se met dans l'obligation d' "expertiser s’il est nécessaire de procéder à des ajustements du décret" encadrant le temps de travail des routiers, "afin de clarifier le débat et d’éviter les interprétations qui pourraient donner matière à contestation", raconte-t-il encore, pressentant l'appel d'air qu'il a créé, dans lequel les autres secteurs veulent désormais se laisser emporter.
Les syndicats se félicitent
"Le gouvernement lâche sur les heures supplémentaires", se sont félicitées la CGT et FO, saluant dans un communiqué commun une "très bonne nouvelle pour la profession qui souffre". "La négociation entreprise par entreprise, et donc l’inversement (sic) de la hiérarchie des normes, n’est pas applicable aux routiers", se sont-ils réjouis.
Les deux syndicats appellent néanmoins à poursuivre le mouvement pour le retrait du projet de loi. "Les actions ne doivent pas s’arrêter, d’autres dispositifs prévus dans la loi sont à combattre, entre autres les heures de nuit", ont-ils fait valoir.
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