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jeudi 19 mai 2016

La France ne tient plus sa place en Europe

La France de Hollande régresse et tire l'Europe vers le bas

En France, l'Union européenne est vécue comme un repoussoir et, à l'heure du Brexit, il serait question de refonder l'Europe, sans que nul sache comment 

La seule évocation de l'Europe fait bailler d'ennui, quand elle ne déclenche pas l'hostilité de ceux qui rendent l'Union responsable de tous leurs maux: pour les blessés de la vie, elle est devenue un abcès de fixation. Le Front national s'est engouffré depuis longtemps dans la brèche, sans communiquer la moindre indication crédible de l'intérêt d'une sortie de l'euro tant vantée dans son programme. Depuis des années, il est gagné d'avance pour les dirigeants politiques de se défausser sur Bruxelles, comme pour Hollande de tout mettre sur le compte du précédent quinquennat, pour éviter d'avoir à répondre de leurs actes ou de leurs arbitrages.

Le président socialiste a commencé par sous-estimer la gravité de la crise économique internationale, et optimiste impénitent, le dilettante a peu à peu déserté le rôle primordial traditionnellement réservé au président français dans le concert européen : impuissant à imposer à l'Allemagne un "pacte de croissance" fondé sur l'idée d'une politique de relance ou inconsistant sur le dossier des migrants, la rigidité et la ringardise de son idéologie ont aussitôt irrité, puis son absence de vision a plombé la marche de ses partenaires et l'illisibilité de sa pensée, associée à la mollesse de sa détermination, a fait de la France un partenaire transparent.

"Je veux réorienter la construction européenne", clamait le candidat de 2012 parmi ses 60 engagements

Or, le capitaine de pédalo ne parvient plus qu'à s'accrocher aux flotteurs et se fait larguer par Angela Merkel qui décide seule, sans consulter son voisin. A la veille des commémorations de Verdun, et du "mano en la mano" de François et Angela pour les cameras, l'Harmony of the seas franco-allemand n'est plus que coquille de noix au caniveau et Nicolas Sarkozy a beau jeu de dire, comme il le fait cette semaine dans Le Monde, que Barack Obama, quand il se rend en Europe, s'arrête à Londres pour s'entretenir avec Cameron, à Berlin pour discuter avec Merkel, mais saute l'étape de Paris…

L'U.-E. peut-elle regagner le coeur des Français ?

Conscients que la nature, et encore plus la politique, a horreur du vide, les Républicains tentent de colmater les voies d'eau. Le parti organisait donc, ce mercredi 18 avril, une journée de travail sur l'Europe dont l'état des lieux débouche sur des lignes de force et des idées nouvelles. Sur le constat, tous soulignent la nécessité d'une refondation (Nicolas Sarkozy) ou d'un nouveau départ (Alain Juppé). Bruno Le Maire tente de faire entendre sa différence et s'inspire de David Cameron pour proposer un référendum, mais sans pour autant énoncer clairement la question qui serait posée aux électeurs. Nicolas Sarkozy n'a pas de mots assez durs sur Schengen, ce qui annonce un programme sans concessions ni failles. Pas avant juillet, malgré l'impatience des commentateurs mal disposés à l'égard des Républicains.
VOIR et ENTENDRE
Alors, à l'heure où les sondages britanniques semblent montrer une avancée des opposants au Brexit, les nombreux candidats à la primaire de la droite s'attachent à préparer des solutions innovantes pour s'attaquer à un sujet sérieux : en finir avec le désamour des Français pour l'Europe.
 

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