Notre-Dame-des-Landes: Ayrault somme les écologistes de sortir de l'"ambiguïté"
Le premier ministre supporte le flou de Hollande, mais déteste l'"ambiguïté" des écologistes de son gouvernement
Qui respecte encore Ayrault ? |
La mise en demeure du Premier ministre socialiste à l'encontre des écologistes d'EELV fait suite aux scènes de guérilla urbaine dimanche à Nantes, à l'occasion de la manifestation des opposants à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Porteur du projet controversé en tant qu'ancien député-maire PS de la ville saccagée, Jean-Marc Ayrault, a sommé les ministres Duflot et Canfin de "sortir de l'ambiguïté".
C'est un nouvel épisode du feuilleton des relations tumultueuses entre partenaires socialistes et écologistes du gouvernement.
Ayrault a réaffirmé que les saccages perpétrés au cours de la manifestation écologiste sont "inacceptables dans un Etat de droit". Dans une tentative d'autorité, le premier ministre défié par la rue a adressé un rappel à leurs devoirs aux organisateurs et aux élus EELV présents sur les lieux, Mélenchon (Front de gauche), Eva Joly (ex-magistrate et candidate EELV à la présidentielle), Joseph Bové (EELV), Jean-Vincent Placé (EELV) et Jean-Luc Benhammias (MoDem): "Tous ceux qui exercent des responsabilités publiques doivent condamner les squatteurs de la ZAD (zone d'aménagement différé dédiée à l'aéroport], organisateurs délibérés de ces violences", a déclaré le Premier ministre dimanche à Presse-Océan.
"EELV doit sortir de l'ambiguïté", a en outre lancé Ayrault à l'attention de ses ministres Cécile Duflot et Pascal Canfin.
L'opposition s'est étonnée de l'absence de réaction du gouvernement aux déclarations de la ministre écologiste Cécile Duflot
Le Premier ministre s'est associé samedi matin à leur condamnation de la ministre Duflot qui se disait "de tout coeur" avec la mobilisation, rappelant de surcroît son opposition "ancienne" au projet d'aéroport.
"Ce qui me choque, ce n’est pas qu’elle reste au gouvernement", mais qu'"un président de la République et un Premier ministre laissent faire ça", a commenté sur RCJ le député UMP Benoist Apparu, prédécesseur de C. Duflot au ministère du Logement.
"Donc elle soutient aussi les casseurs si elle ne les condamne pas", a conclu la présidente du Front national Marine Le Pen sur France 3, "ça va être sympathique le prochain Conseil des ministres, il va y avoir de l'ambiance!".
Arnaud Montebourg prend le parti de la sniper écolo
Plusieurs fois en désaccord avec elle comme avec tant d'autres, le ministre de l'Industrie en faillite est venu à son secours de Duflot au Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro. "Je ne pense pas qu'elle aurait dit la même chose si elle avait vu ce qui s'était passé, on peut lui prêter quand même cette intelligence-là, cette délicatesse-là quand même", a déclaré le ministre du "Redressement productif". Ainsi, Montebourg n'a donc pas manqué l'occasion de tacler son Premier ministre.
Côté écologistes, Duflot garde le silence
C'est la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-les Verts qui a pratiqué la langue de bois. Faute de nouvelle prise de parole de Duflot, Emmanuelle Cosse a dû désolidariser son parti de la minorité d'"éléments perturbateurs" parmi les manifestants. Bien qu'elle la pratique, EELV "a toujours dénoncé les actes de violence", a prétendu E. Cosse en dépit des faits et preuves fumantes laissées dans la ville de Nantes, précisant s'en être entretenu à la mi-journée avec Ayrault pour lever l'"ambiguïté" reprochée.
Le sursis de la récidiviste Duflot va-t-il être prolongé au gouvernement ?
Delphine Batho a été coulée pour moins d'avaries. "Il n'y a pas de débat", a rétorqué Cosse. Elle a souligné que dès 2011, quand écologistes et socialistes négociaient ensemble une plate-forme de gouvernement, le projet de Notre-Dame-des-Landes était un des deux sujets de désaccord, "acté des deux côtés".
Or, cette atteinte au partenariat PS-EELV resurgit dans une période particulièrement difficile pour la majorité. Le virage social-démocrate de François Hollande avec son pacte de responsabilité suscite des tensions chez les ténors écologistes, à l'unisson avec l'aile gauche du PS, sur fond d'impopularité chronique pour l'exécutif.
Dans le sillage de Duflot la veille, Emmanuelle Cosse a aussi rappelé, dimanche dans le JDD, les fortes attentes de son parti, au point qu'une mise en garde a été lancée d'une possible "rupture" d'EELV avec le gouvernement sur le projet de loi sur la transition énergétique qui doit être présenté en juin au Conseil des ministres.
Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écolos, a évoqué vendredi le scénario d'un remaniement après les élections européennes du 25 mai, pour un "nouvel élan à l'équipe" qui resterait dirigée par Jean-Marc Ayrault. Une manière de faire allégeance, sans évoquer l'avenir des actuels funambules EELV du gouvernement socialiste.
Cosse estime que personne ne doit chercher à "utiliser" ce dossier contre EELV.
"Je n'accepte ni les violences ni les propos qui laisseraient entendre de la part d'EELV une soi-disant compréhension de ces actes", a attaqué la dirigeant eécologiste.
Etait entre autres visé Christian de Lavernée, 'homme de Manuel Valls et préfet de Loire-Atlantique, qui a en effet mis en demeure "l'opposition institutionnelle" au projet de "cesser d'être la vitrine légale d'un mouvement armé".
Pour Jean-Philippe Magnen, vice-président EELV du conseil régional des Pays de Loire, il devient très "urgent que les états-majors (politiques) se rencontrent pour dire que ce projet, ça prend trop d'importance pour qu'on ne trouve pas une solution qui peut être un moratoire, un réexamen, un référendum sur les deux régions", Pays de Loire et Bretagne.
Lundi matin, la presse faisait courir la rumeur d'un possible remaniement ou d'une sortie des Verts du gouvernement.
VOIR et ENTENDRE les avis partagés sur le changement ...de premier ministre:
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