Candidat en campagne dans le sud-Est, ministre chahuté
Ce 13 février, en déplacement officiel à Aix-en-Provence et Avignon
Le ministre de l'Education nationale était donc dans le Sud-Est, région où il est candidat aux élections européennes...
Le ministère de l'Education nationale avait voulu pour son ministre un petit déplacement convivial: visite d'établissements, spectacles d'enfants, conférence de presse improvisée.
Le ministre-candidat avait prévu un escort boy, le camarade socialiste Jack Lang, aujourd'hui conservé dans le formol à la direction de l'Institut du monde arabe. L'ex-ministre de la Culture était sa "guest star" à Avignon où le septuagénaire compte encore des fans nostalgiques.
Les agendas les mieux bichonnés ont leurs impondérables
Un double comité d'accueil attendait le ministre controversé au collège Anselme-Mathieu d'Avignon. Ni le ministère, ni Valls n'avait prévu que des professeurs en grève puisse gâcher la fête. Peillon avait même mobilisé des manifestants de la Manif pour tous et des mamans voilées, massés sur le trottoir d'en face, mais contenus par les CRS. Aux cris de "Peillon démission !", "Peillon-Hollande, on n'en veut pas!", le ministre faisait l'unanimité contre lui. La berline ministérielle ne fait pas d'arrêt pour permettre au candidat de serrer des mains. Avec sa mauvaise foi coutumière, il nous assurera que c'est bien la preuve qu'il n'est pas en campagne...
Le collège Anselme Mathieu d'Avignon est l'un des premiers réseaux préfigurateurs d'éducation prioritaire (REP+), annoncés le 15 janvier dernier. Des élèves enthousiastes présentent au ministre une saynète en italien.
Pendant ce temps, le chef de cabinet de Vincent Peillon reçoit deux des mamans qui manifestaient devant le collège. "Les gens sont toujours étonnés que nous prenions le temps de les recevoir et de les écouter. Mais c'est comme ça que travaille le ministère", assure-t-il, sans précision sur les suites à donner aux revendications.
Un "temps d'échange" est prévu avec les professeurs dociles ou militants avant le passage à la signature d'une convention entre le collège et La Fabrica, lieu de résidence du Festival d'Avignon. Vincent Peillon cite la phrase du jour due à ...Jules Ferry : "À chaque enfant de France, l'école doit apporter le meilleur des Beaux-Arts". Un professeur de musique propose au ministre de lui envoyer un CD réalisé avec ses élèves. Une autre présente une exposition photo. "Mais où trouvez-vous l'argent pour faire tout ça?" croit malin d'interroger le ministre. "On utilise notre matériel personnel", rétorque une professeure, "On bricole beaucoup" complète le principal. Mais aucun des présents sélectionnés ne profite de l'occasion pour déplorer le manque de crédits pour leurs projets pédagogiques. Les "mauvais" professeurs ont été laissés sur le trottoir: avec eux, pas de concertation.
Peillon ne laisse pas paraître que les comités d'accueil ont gâté sa bonne humeur. Le candidat ne s'économise pas pour serrer des mains, distribuer les sourires, mais aussi féliciter le personnel enseignant du SGEN et louer son "dévouement" auprès de jeunes ici majoritairement issus de milieux défavorisés. Il insiste: "Ce que demandent les professeurs, ce n'est pas de l'argent (sic), c'est du temps, et c'est ce que nous allons leur donner. Avec les dispositifs REP+ , ils auront plus de temps de ...concertation". Personne n'est là pour le contredire, alors le ministre masochiste en profite: "Nous avons l'école la plus douloureuse au monde. Le système scolaire qui marche le mieux est celui qui donne le plus de confiance aux élèves; et l'estime de soi, la confiance, c'est ce que la pratique artistique permet de développer", selon lui. Le sport n'est pas ici à l'honneur, à Sotchi non plus.
L'heure vient du point presse
Le déplacement est largement calculé pour permettre de communiquer au candidat aux élections européennes dans le sud-est.
Peillon retoque les questions sur la grève du jour, les qualifiant "de questions de parisiens, ça !"
Les manifestants anti-genre attroupés devant le collège ne lui inspirent que le déni. "Sur ce sujet, les rumeurs ont atteint un niveau délirant, assure le ministre. Pour lutter contre ce genre de polémique mensongère, il n'y a qu'une solution : expliquer ce que nous faisons vraiment en classe, expliquer et encore expliquer - et redire que, non, l'éducation nationale n'enseigne pas la théorie du genre à l'école", maintient-il, avant de nier en bloc. "Certains pensent que les professeurs n'ont pas à transmettre de valeurs - si, c'est leur travail de transmettre les valeurs de la République", assène encore le philosophe en guise de démonstration. "C'est fini !" tranche, peu ouverte au dialogue, la conseillère presse du Pol-Pot de la Rue de Grenelle.
Nouvelle contestation à Aix-en-Provence
Ebranlé, le ministre-candidat fait une pause cigarette inopinée sur une aire d'autoroute. Le nouveau recteur est chargé de détendre son patron. Le ministre l'a en effet amené dans ses bagages il y a six mois.
Ali Saib vient de Caen, dans la Somme, en région Picardie d'où le candidat est lui-même d'abord parachuté. Peillon fut troisième de la liste PS dans le Nord-Ouest et donc élu en juin 2004. Candidat en juin 2009, mais dans le Sud-Est, il y retrouve Karim Zeribi, candidat PS et premier non-élu. Mais Peillon étant nommé ministre, Zéribi devient député européen en remplacement de Vincent Peillon.
En 2014, Peillon est tête de liste socialiste aux européennes, tandis que Karim Zéribi, battu aux législatives de 2012 dans les Bouches-du-Rhône, tente sa chance avec ...EELV aux municipales 2014 à ...Marseille, après avoir été porte-parole de Jean-Noël Guérini lors des municipales de 2008 ! On dirait que Peillon a placé ses hommes et quels hommes !
Le ministre arrive au lycée Paul Cézanne, établissement bourgeois d'Aix-en-Provence.
Officiellement, il est là pour visiter sa section expérimentale de langues et cultures ... C'est un proviseur tout sourire qui accueille son ministre, flanqué de D'jack Lang, ancien ministre de l'Education nationale, et président de l'Institut du Monde arabe depuis 2013.
Lycée Maupassant de Colombes, 92:
des professeurs interpellent le ministre sur
les effets de la baisse des dotations horaires dans leur lycée ZEP, le 10 février 2014 |
Le ministre et Lang sont invités à assister à un cours de langues. Le ministre s'assoit au 1er rang à côté d'une lycéenne. Les photographes mitraillent. "La France que vous nous avez donnée à voir, une France qui n'a pas peur de ses différences, c'est la France que nous aimons tous!" s'enthousisme le candidat étranger à la région. Et d'ajouter: "Nous allons doubler les sections de langues orientales, et réouvrir des postes au CAPES et à l'agrégation dès l'année prochaine". "C'est très important pour moi [la visite d'un tel ministre], explique Nouar Barakat, professeur d'arabe dans un lycée marseillais. J'apprécie qu'il insiste sur l'importance d'apprendre l'arabe dans un cadre laïque, et de ne pas laisser cet enseignement aux mains de centres culturels qui sont très présents dans nos quartiers et qui, pour certains, font du prosélytisme".
VOIR et ENTENDRE Peillon confirmer sa volonté de développer l'enseignement de l'arabe en France:
Dernière station de la tournée électorale
VOIR et ENTENDRE Peillon confirmer sa volonté de développer l'enseignement de l'arabe en France:
Dernière station de la tournée électorale
C'est un calvaire. Le député européen en campagne et néanmoins ministre a déjà serré une bonne cinquantaine de mains, mais il reste encore l'ESPE (Ecole supérieure du professorat et de l'éducation) à inaugurer. A 75 ans, Jack Lang colle toujours au train et le septuagénaire distribue à son camarade de 55 ans les bons points pour lesquels il a été requisitionné.
"Je ne pense pas que ce soit plus compliqué aujourd'hui qu'à mon époque d'être ministre de l'Education. Des rumeurs, des conflits, il y en a toujours eu. Les jeunes eux, ont changé, c'est une évidence, mais le travail reste le même. Il faut avoir un objectif et s'y tenir, ce que fait très bien Vincent Peillon. Il est brillant, très cultivé, et surtout passionné, ça se voit ! Regardez-le, il est ravi !" Le "brillant" ministre rosit d'aise, pense-t-on, mais en fait parce que des étudiants de l'Espé manifestent contre la réorganisation de leur cursus.
"Je ne pense pas que ce soit plus compliqué aujourd'hui qu'à mon époque d'être ministre de l'Education. Des rumeurs, des conflits, il y en a toujours eu. Les jeunes eux, ont changé, c'est une évidence, mais le travail reste le même. Il faut avoir un objectif et s'y tenir, ce que fait très bien Vincent Peillon. Il est brillant, très cultivé, et surtout passionné, ça se voit ! Regardez-le, il est ravi !" Le "brillant" ministre rosit d'aise, pense-t-on, mais en fait parce que des étudiants de l'Espé manifestent contre la réorganisation de leur cursus.
Devant les caméramen, le ton monte entre le ministre et une étudiante.
Vincent Peillon se voit agressé: "Madame, Madame, s'il vous plaît, vous serez bientôt professeur...", tente le ministre. Mais "Madame" l'étudiante ne lâche rien, et s'insurge contre la précarité subie par certains étudiants.
Vincent Peillon met vite un terme au dialogue et tourne les talons, plantant-là la contestatrice. A quelques rues de là, Michel Vauzelle, le président PS du Conseil régional de PACA, l'attend pour une conférence à l'IEP d'Aix-en-Provence.
VOIR et ENTENDRE les élèves-professeurs manifester, ici à Toulouse le 1er octbre 2013, et les promesses du ministre qu'une étudiante d'Aix-en-Provence a encore dû rappeler au ministre en campagne:
VOIR et ENTENDRE les élèves-professeurs manifester, ici à Toulouse le 1er octbre 2013, et les promesses du ministre qu'une étudiante d'Aix-en-Provence a encore dû rappeler au ministre en campagne:
VOIR et ENTENDRE la contestation aux abords de Sciences Po, Aix et que l'AFP a manqué ou censuré et ne diffuse donc pas aux organes de presse qui attendent la becquée, la bouche ouverte:
VOIR et ENTENDRE le reportage de l'AFP, l'agence de presse d'Etat qui n'a rien vu des diverses contestations:
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