Le sous-ministre demande au patron des patrons d'"arrêter de parler"
Hollande tente d'attirer les investisseurs étrangers; Hamon braque les patrons français
Le président du MEDEF "stresse tout le monde, y compris les chefs d'entreprises", estime le ministre délégué à l'Economie sociale, Benoît Hamon, mardi 19 février, avec toute l'objectivité dont est capable le représentant de l'aile gauche du PS au gouvernement. Le ministre politique réagissait aux propos du responsable de la principale organisation patronale française mardi lors d'une conférence de presse. Alors qu'il accompagnait François Hollande à Washington, le patron du MEDEF avait déclarait qu'il refuserait toute contrepartie, contrainte et sanction.
Hamon est-il inconscient ou stupide?
Alors que le président socialiste se convertit au social-libéralisme, Hamon reproche à Gattaz des déclarations qui "varient", notamment sur le Pacte de responsabilité.
Hamon est-il ministre ou porte-parole syndical?
"Il faut que Pierre Gattaz arrête de parler [...] qu'il négocie sérieusement comme le demandent les syndicats", a ajouté Benoît Hamon, autre "impuissant" "inutile" à l'instar de Montebourg.
Le ministre se fait représentant syndical: "Ce dont les syndicats de salariés ont besoin, c'est d'un interlocuteur qui ne change pas, ce qui stresse tout le monde y compris les chefs d'entreprise", a ajouté sans rire le collaborateur de Pierre Moscovici. Et de polémiquer en des termes blessants, appelant à "un petit peu de fiabilité et de rigueur dans les déclarations".
Après son matraquage fiscal des entreprises, le gouvernement s'est résolu à un allègement de 30 milliards d'euros de cotisations patronales en échange de créations d'emplois dans le cadre du Pacte de responsabilité.
Hostile à une baisse de charges pourtant créatrice d’emplois et désireux d’en revenir à la doctrine socialiste traditionnelle du "donnant-donnant" avec les entreprises, le ministre partisan de cette idéologie archaïque a regretté que "les pouvoirs publics et le gouvernement prennent des engagements forts" et assuré que "les syndicats sont prêts à engager la concertation". Mais Hamon omet simplement que Hollande ne fait rien d'autre que recycler le "pacte de confiance" proposé par le MEDEF. Pour le doctrinaire ringard, "les éléments insécurisants depuis le début, ce sont les déclarations du président du MEDEF qui non seulement varient, mais ne donnent pas l'impression de prendre au sérieux la négociation sociale".
Gattaz pose ses conditions
Pierre Gattaz a suggéré mardi que l'"observatoire des contreparties" soit rebaptisé "comité de suivi du Pacte", un terme "beaucoup moins agressif", selon lui.
Le patron des patrons a également demandé un "moratoire" sur une quinzaine de projets de loi qui sont aujourd'hui, selon lui, "autant de stress sur le dos des patrons". Parmi eux, il a cité "l'obligation de consulter le comité d'entreprise en cas de vente" d'une société.
Pour Benoît Hamon, Pierre Gattaz fait preuve d'"une méconnaissance de ce qui est écrit dans le texte" de la loi sur l'économie solidaire et sociale. Celle-ci prévoit la possibilité que les salariés se portent candidats à la reprise de leur entreprise, en l'absence de repreneur, afin de maintenir l'emploi. Il s'agit, a précisé le ministre, d'une disposition européenne de 2001 que la France est un des derniers Etats-membres à ne pas avoir transposée.
"Je lui proposerais volontiers de faire un moratoire sur la distribution excessive de dividendes qui pénalise l'investissement en France et qui pourrait être une contribution utile à la croissance et à la relance de l'économie française", a ironisé Benoît Hamon, dont la légitimité est pourtant limitée à des scrutins de liste, européen, puis régional, mais jamais en nom propre.
A cela, il faut ajouter que Benoît Hamon est à la fois membre du conseil d'administration de l'université Paris-VIII, en tant que "personnalité extérieure" (!) depuis octobre 2008, et professeur associé depuis septembre 2009. Conflit d'intérêts ou non ?
Gattaz a les cartes en main
Les syndicats soutenu par le petit ministre inaudible se préparent à la rencontre fixée par Pierre Gattaz le 28 février au MEDEF. Alors que Carole Couvert de la CFE-CGC pronostiquait encore, mercredi 12 février, "ça devient la chronique d'une mort annoncée du pacte de responsabilité", le patron des patrons joue l'apaisement en évoquant la possibilité d'"engagements chiffrés".
En fait, Gattaz souffle le chaud et le froid.
A la descente de l'avion de Washington à San Francisco, Gattaz a concédé: " Je n'exclus pas des engagements chiffrés qui seraient des objectifs à partager sur la base d'estimations." Le chef de l'Etat s'est alors félicité devant les Français de San Francisco de "l'avantage" d'avoir eu Pierre Gattaz à ses côtés tout au long de sa visite d'Etat aux Etats-Unis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):