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mercredi 2 mars 2011

Chatel veut instaurer l'apprentissage de l'anglais "dès 3 ans"

Luc Chatel condamnera-t-il nos petits à la double peine éducative ?

Voici venir l'ère de l'éducation deshumanisée pour tous

Le Français ne serait pas à la hauteur des enjeux actuels et notre langue française doit donc être sacrifiée, avec elle notre culture, et rejoindre au grenier le coffre des souvenirs de notre enfance.
En effet, la tare du français, que nous ont transmis nos parents, est qu'il ne permettrait pas, comme l'anglais, de faciliter l'apprentissage, jeune, d'une autre langue. Mais tant pis donc si, a contrario, l'apprentissage jeune de l'anglais se révélait un handicap à l'apprentissage du français.
Le débat pourrait même être autrement plus vaste et épineux encore, car il ne faudrait pas, figurez-vous, que l'apprentissage précoce de l'anglais à 3 ans (et du français accessoirement), soit mal vécu maintenant par les musulmans auquel l'apprentissage de l'arabe (lequel ?) est repoussé au collège à 11 ans: un manque insupportable de respect, une intolérable humiliation.

Le règne de l'utile et du rentable est arrivé. Avec lui, le tout oral.
Ce ministre de l'Education est-il bien à sa place, car si, en tant que ministre, il est peut-être dans son rôle, en ne semblant pas accessible au doute et donc un peu trop sûr de ses certitudes, il est en revanche déplacé à l'Education, en chantant les louanges des nouvelles technologies et des locuteurs natifs, via internet, au détriment de la pédagogie.
De la langue de la reine et de la dissertation qui ne créent ni emploi, ni richesse, il ne veut plus entendre parler. Finies donc l'étude des grands textes fondateurs et formateurs, de leurs auteurs ou de leur contexte géopolitique, et aussi la connaissance des hommes et de leur civilisation. L'avenir est économique et financier, certes, mais uniquement, c'est maintenant officiel.

Les professeurs français de la langue américaine, une espèce en voie de disparition
Désormais, selon Chatel, il ne suffirait pas de parler la langue de Shakespeare. Le Petit Google illustré de tous les jours serait devenu incontournable et s'il s'impose à lui, il s'impose à nous: il entend même le faire entrer dans nos écoles maternelles par la ...fenêtre (Windows, pour les béotiens qui n'ont pas lu l'opus que lui consacrent Les Nuls) ! Nous allons ainsi passer d'un extrême à l'autre, du 100% écrit à l'oral tous bits dehors, en passant par le 'fifty-fifty' (ne sommes-nous pas déjà tombés dans le franglais ?).

Le ministre de l'Education part du constat qu' « aujourd'hui, en France, ne pas maîtriser l'anglais est un handicap ».
« Je veux donc réinventer l'apprentissage de l'anglais dans notre pays », a indiqué Luc Chatel, invité d'Europe1 dimanche 20 février dernier. Le ministre de l'Education souhaite que cet apprentissage soit développé, "dès 3 ans", chez les enfants.
Luc Chatel veut inclure à cet apprentissage précoce "l'usage des nouvelles technologies et d'Internet dans les écoles pour faire appel à des professeurs à distance".

VOIR et ENTENDRE notre Gutenberg à nous:


Chatel veut "réinventer l'apprentissage de l'anglais"
envoyé par Europe1fr.

Les handicapés sont en effet légion

Ainsi, lors du tremblement de terre de Christ Church en Nouvelle Zélande, un bon gros cerveau développé -et bien lourd- de journaliste moyen était-il "en capacité" de prononcer 'church' à l'anglaise, mais bloquait sur la diphtongue [ai] du franglais 'Christ', pour produire au final un « krist-tcheurtche' incohérent, le sabir typique d'un Français bac+5. Il est de bon ton en Hexagonie de se déclarer réfractaire aux langues étrangères et, au temps du métissage et de la diversité triomphants, le franglais n'est roi que parce que le Français passé à la moulinette du collège unique n'a plus d'autre ambition que de réussir vite, tout en en faisant le moins possible et en arnaquant si possible le voisin. Ainsi, nos lycéens ne s'intéressent-ils plus tant au sport pour la compétition que pour le profit et se détournent des pistes pour tenter de devenir 'agent de sportif' (par "unités capitalisables"...)

Est-ce un besoin des enfants ?

Que penser de la torture infligée à une jeune psychologie de 3 ans et à un petit cerveau en devenir, bientôt confronté au déchiffrage de l'écrit de la langue que lui susurre pourtant sa maman depuis 5 ans, auquel des textes officiels imposeraient de surcroît l'apprentissage d'un parler, puis la lecture d'un langage inconnus dont il n'a aucune utilité primitive, quotidienne et immédiate, ni pour vivre, ni pour jouer, mais dont il devrait néanmoins entrevoir l'intérêt pour son bien à venir, si éventuel et lointain soit-il. L'enfant qui sera parvenu à répéter quelques sons et aura assimilé quelques mots à la fin de la séance hebdomadaire (ou des quelques minutes journalières) artificiellement consacrées à la langue utilitaire de l'avenir, saura-t-il un jour proche mieux construire une phrase et nuancer son propos, dans cette langue pratiquée par d'autres qu'il ne verra pas avant longtemps, si jamais.
L'enfant robot de Chatel cherchera à répéter des gestes pour en retirer les satisfactions qu'ils déclenchent, mais aurait besoin d'une politique sur le long terme pour assurer un rythme d'apprentissage réaliste, pour développer de réelles acquisitions transposables et utiles et pour garantir le bain linguistique qu'aucune familial ne peut assumer. L'Education nationale n'a pas non plus les moyens de remplir ces quelques conditions évidentes qui rendraient l'idée d'un apprentissage précoce réaliste. Un voyage scolaire -éclair et à la charge des familles, favorisées ou non- ne motiverait ni ne règlerait la question. Sans compter que quatre jours (voyage compris) outre-Manche auraient un effet assurément dépaysant sur nos têtes rondes formatées sept ans durant à l'anglais américain du Texas via Google...
Les petits génies des technologies nouvelles qui auront repéré où se trouve la touche qui allume la lucarne auront-ils pour autant assimilé le sens de 'ON' ? Aura-t-il seulement vu le mot? Tout au plus le 'geek' en herbe aura-t-il acquis les automatismes que les dresseurs obtiennent de leurs caniches savants. L'enfant dont on aura réussi à capter l'attention et l'esprit par la magie du ludique et du convivial aurait certainement appris à utiliser un ordinateur (d'ailleurs doté d'un traducteur !) sans ce déploiement de moyens, mais sera-t-il motivé par un échange oral avec un(e) inconnu(e) et par ordinateur interposé et saura-t-il dialoguer dans leur langue avec des êtres humains faits de chaire et de sang ? Et face à une intelligence, non pas artificielle, mais sensible. C'est le pari de Luc Chatel.

« Etre ou ne pas être » encore, une question plus que jamais d'actualité.

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