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mardi 2 juin 2020

"Justice pour Adama": la mystification anti-raciste de bisounours contre les violences policières

Sur les 20.000, combien d'individus sincères rassemblés à Paris contre les violences policières, le 2 juin ?

Interdite en catastrophe 2 heures avant le début par la Préfecture de police, la manifestation s’est achevée par des violences entre activistes anti-violences et les forces de l’ordre autour du parvis du tribunal de la capitale.


Devant le tribunal de Paris, une foule composite d'indigénistes et d'universalistes racisés a défié le pouvoir macronien, mardi 2 juin - des collégiens décrocheurs, des élèves des lycées qui n'ont pas ré-ouvert en zone orange et des adultes anarcho-révolutionnaires de gauche, prêts à en découdre avec les fonctionnaires de l'Etat, soit une minorité - au prétexte de  réclamer "Justice pour Adama"délinquant noir anti-flic (qui n'avait rien à faire de la justice de la République) et justicier de son quartier, à Beaumont-sur-Oise, commune socialiste jusqu'en 2014, qui s'est rebellé contre les forces de l'ordre républicain et qui est mort après son interpellation musclée. 
Toute la soirée, la foule a scandé le slogan inscrit sur les maillots ("made in France", ci-contre). 
Pendant les manifs, le business continue:


Quatre ans se sont écoulés depuis qu’Adama Traoré a perdu la vie peu après son arrivée à la caserne de gendarmerie de Persan (Val-d’Oise) à la suite d’une interpellation musclée par les gendarmes, et le rassemblement a été organisé dans la semaine qui a suivi la mort de George Floyd, un Noir violent de 46 ans et 90 kilos, qu'un policier a dû maîtriser au sol en pressant de tout son poids sur lui, lors de son arrestation à Minneapolis (Etats-Unis).

Plus de 20.000 personnes, selon la Préfecture de police de Paris, ont répondu à l’appel du Comité Adama. 

Annoncée depuis le 29 mai sur les réseaux sociaux, la manifestation n’avait pas fait l’objet d’une déclaration préalable: la préfet Lallement l'avait interdite quelques heures seulement avant son départ, au motif qu’elle n’était "pas autorisée par le décret du 31 mai 2020 relatif à l’urgence sanitaire, qui proscrit tout rassemblement, dans l’espace public, de plus de dix personnes."

Faute de concertation entre les organisateurs et la préfecture, le parvis du tribunal s’est vite révélé trop exigu pour la foule qui a fini, en s’étalant, par bloquer la sortie du périphérique et la ligne 3 du tramway. De nombreux manifestants ont voulu se hisser sur les Algeco ou les containers du chantier du prolongement de la ligne 14 du métro, face au tribunal.

"Ce n’est que le début," ont mis en garde les organisateurs.

Sur les centaines de pancartes identiques, de nombreuses références à Eric Garner, mort en 2014 à New York en résistant à son interpellation, ou à Zyed et Bouna, morts il y a 15 ans (2005) à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) après une course-poursuite avec les forces de l’ordre et surtout pour s'être cachés dans un transformateur dont l'accès était interdit au public. 
Trois lettres répandues aux USA, mais inconnues en France, émergent: "BLM", pour "Black Lives Matter [pour les non-anglicistes: "les vies des Noirs comptent"].... Sur les masques chirurgicaux ou en tissu, arborés par nombre de manifestants, on lisait parfois "I can’t breathe ["j'peux pas respirer"]", paroles prononcées par George Floyd et aussi, selon la légende, par Adama Traoré.

Assa Traoré, poing levé,
en signe de respect des lois et de la Justice de la République...


Assa Traoré, demi-sœur d’Adama (ie père était polygame et géniteur de 17 enfants, dont plusieurs repris de justice et récidivistes) et égérie de la lutte anti-flics contre les violences policières, a pris la parole pour saluer la mobilisation massive : "Toutes les personnes qui sont là aujourd’hui, vous êtes entrées dans l’histoire. Vous pourrez dire que vous avez participé à un renversement (…). Ce n’est que le début. Nous avons fait un appel en quelques jours. La prochaine fois, ce sera beaucoup plus organisé.

La grande soeur de 35 ans a réclamé la fin de "l’impunité policière" et, prenant modèle de la Cérémonie des Cesar ou, qui sait, de Jérôme Salomon pendant l'épidémie de coronavirus, a rendu hommage à d’autres délinquants de couleur morts en France à la suite de refus violents d'interpellations pendant la décennie écoulée: "Aujourd’hui, quand on se bat pour George Floyd, on se bat pour Adama, on se bat pour Ibrahima Bah [mort en 2019], on se bat pour Gaye Camara [mort en 2018], on se bat pour Babacar Gueye [mort en 2015], on se bat pour Angelo Garand [mort en 2017], la liste est trop longue."

Des incidents éclatent à la nuit tombée

Après deux heures de rassemblement dans une atmosphère lourde de défiance anti-républicaine, des incidents ont éclaté, et le parvis du tribunal s’est peu à peu vidé de ses occupants en même temps qu’il se remplissait de gaz lacrymogène.
 
Vélib’, trottinettes, scooters et poubelles, objet du "vivre ensemble", ont alors été transformés en barricades enflammées. Les militants non-violents contre les violences policières ont saccagé des Abribus et des commerces dont les vitrines ont été fracassées. Dans les petites rues du 17e arrondissement, où ils avaient retrouvé la capacité de se répandre à nouveau, des terrasses, bars et restaurants ont dû se barricader en catastrophe en tirant le  rideau de fer pour limiter la casse. 
Dix-huit personnes seulement ont été interpellées, a annoncé, mercredi matin, la Préfecture de police.


Contre toute évidence, "la violence n’a pas sa place en démocratie," a tweeté le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Rien ne justifie les débordements survenus ce soir à Paris, alors que les rassemblements de voie publique sont interdits pour protéger la santé de tous," a-t-il développé, comme si il était ministre de la Parole.

A Lille, quelque 2.500 personnes ont manifesté sans heurts.
Plusieurs centaines à Marseille et à Lyon.

Le cas de Gabriel,  l'adolescent de Bondy (93) blessé sérieusement à l’œil, quelques jours auparavant

Interrogé à l'Assemblée un peu plus tôt dans la journée, sur ce cas de violences sur un jeune à peau claire lors de son interpellation pour tentative de vol de scooter, le ministre de l'Intérieur avait en revanche pris le parti des forces de l’ordre : "Il y a une police républicaine qui, dans ce pays, protège les femmes et les hommes de tout, y compris du racisme. Il y a une police républicaine qui est engagée jour et nuit pour la sécurité des citoyens." 
Le ministre a estimé que le gouvernement combat "le racisme avec force sur tous les fronts chaque fois que c’est nécessaire".

Publication synchrone d’une contre-expertise "indépendante".
Une nouvelle contre-expertise réalisée à la demande de la famille Traoré a été rendue publique à l'occasion des rassemblements. Sans surprise, les conclusions sont venues contredire celles d’une expertise médicale révélée quatre jours plus tôt, qui écartait la responsabilité des trois gendarmes – placés sous le statut de témoin assisté pour les faits de non-assistance à personne en danger – dans la mort du "justicier noir" de 24 ans.

Cette dernière contre-expertise indépendante, menée par un professeur spécialiste des maladies systémiques - comme le "racisme systémique" ! - affirme que le "décès fait suite à un syndrome asphyxique. Le syndrome asphyxique fait suite à un œdème cardiogénique. L’œdème cardiogénique fait suite à une asphyxie positionnelle induite par le plaquage ventral. Le plaquage ventral a entraîné “la mise en position corporelle entravant l’échange normal de gaz et avec l’impossibilité de se libérer de cette position”. Aucune autre cause de décès n’est identifiée." Ce sont les preuves qui manquent à ce raisonnement logique. "Ce rapport démonte point par point l’expertise de la semaine dernière et désigne le plaquage ventral comme ayant causé la mort d’Adama Traoré ", s’est félicité Me Yassine Bouzrou, avocat installé à son compte sur les Champs-Elysées et qui a offert ses services à la famille: il est en pointe dans les affaires criminelles, politico-judiciaires et d'accusations de violences policières.
En novembre 2016, Me Bouzrou défend Malamine Traoré, qui a tué deux policiers en percutant leur véhicule sur le périphérique parisien, en février 2013. En mars 2018, l’accusé est condamné à 15 ans de prison avec une période de sûreté de 10 ans, une peine supérieure au jugement en première instance.
En octobre 2017, avec son associée Julie Granier, il est chargé de défendre Tariq Ramadan lorsque ce dernier est accusé de viol par Henda Ayari
A l’inverse, selon la dernière expertise médicale ordonnée par les deux juges d’instruction, et menée par un collège de trois médecins, une faiblesse cardiaque est à l’origine de la mort d’Adama Traoré. Cette étude dit ne pas trouver "de pathologie évidente expliquant cet œdème cardiogénique" et l’attribue à l’association de plusieurs éléments : une sarcoïdose pulmonaire, une cardiopathie hypertrophique, un trait drépanocytaire, le tout "dans un contexte de stress intense" et "d’effort physique", "sous concentration élevée" de cannabis. De simples " suppositions", a balayé le professeur auteur anonymé de la contre-expertise "indépendante". 
Les parties civiles ont encore dix jours pour demander aux juges d’instruction d’ordonner une nouvelle contre-expertise.
Les autres justiciables peuvent attendre...

2 commentaires:

  1. Comprendre "la mystification des bisounours par les anti-racistes contre les violences policières". Est-ce que ça va mieux comme ça ?

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