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vendredi 24 août 2018

Sondage Elabe : Macron meurtri par les doutes sur son efficacité

L'ego surdimensionné de Macron en a pris un coup

Le pessimisme s'impose et le doute s’installe, confirme une enquête Elabe 

Le sentiment d'une majorité nette de Français est étayé par les derniers indicateurs économiques, mal orientés : la croissance économique en berne et le chômage en hausse, le pouvoir d'achat en baisse continue et le déficit public reparti de plus belle, l'insécurité ne peuvent que conforter les inquiétudes. D’autant plus que le chef de l’Etat avait promis une efficacité comme jamais...

Seuls 14% des Français jugent l'action de Macron satisfaisante, après plus d'un an de pouvoir sans partage

C'est sur le terrain de l'efficacité promise que Macron trébuche. L'efficacité devait inspirer sa politique, pour rebooster l'économie, créer un choc de confiance, réduire le chômage, relancer la construction de logements, diminuer les inégalités… 
Ainsi, la réduction des aides sociales ou des aides au logement proclamée par le président, ne visait pas à faire des économies, mais l'efficacité! Même la réduction du nombre de députés a été présentée comme un moyen de gagner en efficacité.

L'efficacité est au cœur du discours du chef de l'Etat et de son identité politique. 
Macron a d'ailleurs cité le mot quinze fois lors de son discours devant le Congrès en juillet dernier. Et, il y a un an dans un entretien fleuve avec Le Point, l'ex-banquier déclarait: "Nous avons tourné la page de trois décennies d'inefficacité pour nous engager sur la voie de la reconstruction". Las ! 
Depuis son arrivée à l'Elysée, il n'a eu de cesse de vanter la culture du résultat, promettant de soumettre ses ministres à des évaluations chaque année, voulant même transformer le Parlement en un vrai organe de contrôle et d'évaluation. Par souci d'efficacité. Toute son action se justifie par la promesse de résultats concrets. Finis l'idéologie, les grands desseins, l'ambition du gouvernement, comme l'a répété Edouard Philippe à de nombreuses reprises, est de réparer la machine France.

Macron a besoin de plus de temps que prévu...

Quinze mois après son élection sur la base de 24% au premier tour,
les chiffres de cette rentrée ne sont guère porteurs : les indicateurs économiques condamnent la politique d'efficacité dont il nous a rebattu les oreilles. 

La croissance est plus faible que prévue en 2019, 1,7% et non les 1,9 promis, inférieure à celle de nos voisins européens, impactant gravement l'équilibre des finances publiques, singulièrement le pouvoir d'achat. Le chômage ne baisse que si les analystes ne valorisent que la catégorie la moins négative du moment, en fonction de la période de référence considérée et en excluant l'Outre-mer. 

L'inflation pointe son nez, mettant à mal l'espoir d'un pouvoir d'achat juste, singulièrement pour les retraités, cibles constamment visées. 

Le commerce extérieur est toujours aussi peu compétitif.

La construction de logements ne tient pas ses promesses. 

La machine Parcoursup régurgite des milliers de lyséens, un étudiant sur cinq n'a toujours pas d‘affectation… 

Et la perception qu'ont les Français de l'action du gouvernement est désormais très négative
 
Selon une enquête Elabe, seulement 6% des sondés estiment que la politique de l'exécutif améliore leur situation personnelle et 16% la situation du pays. 

Seulement 14% jugent son action efficace !
Un seul Français sur trois (34% des Français, soit +6 points par rapport au mois de juillet) garde patience. Les réformes structurelles engagées par le chef de l'Etat n'auront d'effets qu'à long terme. Or, ce n'est que l'accumulation de réformes qui peut transformer le pays en profondeur. 

Le chef de l'Etat arrive à la date-butoir qu'il s'était fixée. 
Lui-même avait parlé de résultats au bout de dix-huit mois, décembre 2018. "La France is back", s'exaltait-il à Davos, en janvier dernier, après huit mois. Slogan repris en écho par Edouard Philippe lors de son déplacement dans les Emirats.
Mais, près de deux fois huit mois plus tard, la France de Macron est encore à la traîne, en matière de croissance, de chômage, de déficits, de pression fiscale…. 

Ces mauvais chiffres mettent en cause la crédibilité du prétentieux. 
Pourquoi son soutien fiscal accordé aux entreprises et aux plus riches n'a pas eu l'effet attendu en matière de dynamisme économique? Pourquoi, en dépit des réformes El Khomri, puis Pénicaud, le chômage est-il toujours aussi élevé? Pourquoi certaines professions connaissent-elles une telle pénurie de main d'œuvre? 
Emmanuel Macron a-t-il actionné les bons leviers ? La suppression du statut de la SNCF était-elle la priorité? Ne fallait-il pas être plus volontariste en matière de baisse de la dépense publique? Sa méthode autoritaire et son Assemblée nationale servile ont fait comprendre aux Français qu'ils avaient misé sur le mauvais cheval, toque dorée et casaque argentée, singulièrement depuis les ordonnances pour imposer la réforme du Travail ou lors de sa réforme du statut des cheminots, sans concertation, ni dialogue.  

Macron va avoir la rentrée mouvementée qu'il a cherchée

L'illusion créée par la jeunesse de ce nouveau venu, vierge de tout passé clairement impliqué dans les turpitudes publiques passées, n'a pas fait long feu
Rapidement, la principale faiblesse de l'ex-banquier a été son image de "président des riches". Cette réalité lui colle à la peau, comme les sparadraps de l'affaire Benalla, comme le dilettantisme du président ou ses insultes aux "gens qui ne sont rien", illettrés" ou "cyniques", et désormais les caprices révélés du couple présidentiel qui a besoin de vaisselle de Sévres ou d'une piscine au fort de Brégançon, sans compter les affaires qui ont discrédité des proches: Ferrand, Bayrou, Schiappa ou Nyssen

Avec l'affaire Benalla, ses pouvoirs et ses privilèges, c'est l'arrogance de sa gouvernance qui a été pointée du doigt. Trop centralisée, trop solitaire, trop opaque, trop arrogante. Lui qui promettait un nouveau monde, horizontal, comme sa campagne En marche! n'a eu de cesse de se camper dans une posture verticale, jupitérienne. "Celui qui sait commander trouve toujours ceux qui doivent obéir," avertit Nietzsche dans "La volonté de puissance"...

Et de gouverner dans le culte du secret, avec une poignée de fidèles et de favoris. Le dérapage d'Alexandre Benalla et la gestion du scandale ont mis à nu un fonctionnement très clanique, très ancien monde.

Désormais donc, selon Elabe, 80% des Français le jugent autoritaire. Ce reproche serait subalterne, si la manière, le ton, le style déplaisants du quadra permettaient d'atteindre à l'efficacité. Et si Macron ne donnait raison à Nietzche qui écrit : "On veut la liberté aussi longtemps qu'on n'a pas la puissance ; mais si on a la puissance, on veut la suprématie. "
Qu'importerait son culte nietzchéen du "premier de cordée", s'il n'affichait pas le mépris de ses concitoyens dans des petites phrases blessantes opposant ceux qui réussissent à "ceux qui n'existent pas" ou concernant le "pognon dingue" des aides sociales… 

Si Emmanuel Macron réussit à redresser la barre, en mettant sous le boisseau la gauche qui entraîne la France dans une spirale décliniste, et surtout en tenant à distance les populistes, qu'ils soient de gauche ou de droite, à la Die Linke ou à l'italienne, les critiques et les oppositions n'auront pas prise. Mais là, comment accepter de subir un pouvoir autoritaire, une politique jugée socialement injuste, si la situation du pays ne s'améliore pas?

La rentrée s'annonce compliquée. Le chef de l'Etat s'apprête à lancer des réformes difficiles: retraites, chômage, prélèvement à la source, hôpital… Il devra argumenter le bien-fondé de ces réformes. Les justifier et convaincre, ce qui n'est pas gagné, puisqu'il semble avoir renoncé à sa réforme des institutions. 

Ses deux atouts maîtres semblent d'ailleurs éventés. 
En Europe comme en France, son image de leader volontariste est abîmée par les derniers indicateurs économiques, quand l'Espagne et l'Italie font mieux. Les Français conservent l'espoir en son dynamisme et sa sincérité affichés.
Mais les Français cherchent encore l'alternative proposée. Mais cet l'autocrate est le seul véritable acteur apparent et encore est-il ébranlé par ses  propres contre-performances et les doutes des Français, jusqu'à l'intérieur de son mouvement En marche!  
Tout reste à faire. Pire, il doit maintenant détourner une part de son énergie pour le redressement de son empreinte personnelle.  Mais l'arrogant a mis le terrain sens dessus dessous et le chef de l'Etat va devoir changer de ton, de manière. Or, les comportements du couple au fort de Brégançon augurent mal de cette nécessaire mutation. 
Ni les corps intermédiaires décriés, ni les collectivités territoriales malmenées, ni les syndicats en colère ne sont disposés à lui faire crédit.

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