Méfiance de mauvais augure des acteurs du pacte
FO a refusé d’entrer dans la logique de François Hollande.
Hollande au pays des moulins à vent |
Sans surprise, " la CFDT est prête à rentrer dans la discussion.
"Elle est prête à assumer ses responsabilités, mais elle ne le fera pas si le patronat ne le fait pas," assure Laurent Berger, proche du PS, comme Edouard Martin, le syndicaliste médiatisé de Florange (Moselle) qui se porte aujourd'hui candidat du PS aux élections européennes de 2014 dans le Grand Est.
Exprimant sa méfiance du patronat plutôt que du gouvernement qui tarde pourtant à apporter de réelles précisions, "il est hors de question que d’un côté il y ait des allègements de charges et de l’autre rien du tout", lance L. Berger. "C’est une question de confiance. Il faut que les entreprises passent de l’objectif à l’engagement, il faut que les engagements soient définis branche par branche avec des objectifs en termes d’embauches, en termes de contreparties pour le dialogue social et d’insertion des jeunes. C’est cela qui fera que le pacte de responsabilité, qui a du sens, pourra réussir ".
La CFDT s'accommode en revanche du flou persistant de Hollande, notammant du nouvel objectif lancé par un Montebourg illuminé.
Le ministre du Redressement productif a en effet monté la barre des exigences du gouvernement en réclamant jeudi au patron du MEDEF, Pierre Gattaz, la création de 2 millions d’emplois en cinq ans dans le cadre du pacte de responsabilité. (lien Les Echos)
La CGT n’a pas souhaité s’exprimer à l’issue de la séance de vœux du président, mais dans un communiqué diffusé dans l'après-midi, elle a accusé François Hollande de "répondre aux voeux du MEDEF" et d’ "accentuer des choix qui ont pourtant fait la preuve de leur nocivité". "Le recul de la part des salaires dans la valeur ajoutée des entreprises et les exonérations massives de cotisations sociales n'ont pas permis de créer des emplois, ni empêché l'installation d'un chômage massif". "Ces politiques ont incité les entreprises à s'opposer à la hausse des salaires et à recruter de plus en plus au niveau du SMIC ", estime le syndicat.
La CGT a dénoncé à nouveau la fin annoncée des cotisations familiales qu'elle qualifie de "cadeau supplémentaire au patronat de 30 milliards d'euros". " C'est une attaque de grande ampleur contre la protection sociale qui remet en cause le pacte républicain, les moyens du service public et notre modèle social », selon la confédération de Thierry Lepaon.
Dans l'ombre de la CGT, la FSU (enseignants) estime que " le président de la République prend un pari et peut-être un risque. Les craintes que nous pouvons avoir, c’est que le retour à l’emploi ne soit pas automatique (!) La FSU rentrera dans ces discussions. Je demande au président de la République de mettre les services publics dans une dynamique de confiance et de redressement. On a besoin de la fonction publique aussi dans la bagarre sur l’emploi" a affirmé Bernadette Groison.
Jean-Claude Mailly (FO) : " Le Pacte de responsabilité, FO n’y sera pas.
C’est une question de principe. On ne mélange pas les genres. FO n’est pas en charge de l’intérêt général. Encore heureux qu’on ne soit pas obligés de signer. On dira ce qu’on a à dire, on donnera notre avis si on nous le demande, mais il n’y aura pas de la part de Force ouvrière de logique d’unité nationale. FO gardera sa liberté de comportement. On ne va pas prendre des vessies pour des lanternes. Je ne crois pas aux contreparties en termes d’emploi."
Côté patronat
Pierre Gattaz (Medef) : "Un point d’inquiétude, voire de forte inquiétude" perdure. "Ca reste complètement flou sur la fiscalité et la baisse des charges et des taxes sur les entreprises". "Et donc on reste assez flou sur la baisse des dépenses publiques". "C’est un point extrêmement important pour nous".
"La baisse des finances publiques est la clé de voûte de ce pacte de responsabilité". "Si nous avons ce point d’objectif de réduire le différentiel de compétitivité des entreprises françaises et allemandes, appuyons-nous là-dessus".
"L’objectif ultime c’est de baisser de 50 milliards les charges sur les entreprises par rapport aux Allemands ". "Donnons-nous un objectif qui soit entre 0 et 50 dans les prochaines années. Je crois que ça n’a pas du tout été précisé".
Jean-François Roubaud (CGPME) : "Le chef de l’Etat a confirmé la stratégie qu’il veut mettre en place, une stratégie de l’offre. Cela veut dire que les entreprises vont avoir des facilités, donc la baisse de charges qui a été annoncée est confirmée". "C’est important parce que c’est la seule stratégie qui permettra de créer de l’emploi dans les années à venir". "Malheureusement, il n’y a pas de relation directe entre la baisse de charges et la création d’emplois". "Il faut du temps mais tout cela est bien accepté par l’ensemble de nos partenaires ". "Il faut du temps et de la croissance". Il a appelé à une baisse des charges " le plus rapidement possible de façon à ce que nos entreprises soient libérées, reconstituent leurs marges et, à partir de là, (...) puissent investir à nouveau". Les chefs d’entreprises sont "beaucoup plus optimistes" depuis les annonces présidentielles début janvier, avec la mise en place d’un pacte de responsabilité. " On a l’impression d’être enfin compris et j’espère que dans les semaines qui viennent, les décisions qui seront prises de manière plus pragmatique confirmeront cet optimisme et nous permettront enfin de rebondir".
Côté politiques
Thierry Mandon, un des porte-paroles des députés PS, commence par une contre-vérité, de l'avis de l'aile guache même du PS. Il a en effet le sentiment que la politique d’aide aux entreprises de François Hollande est "pleinement une politique de gauche". Comme lors de sa conférence de presse du 14 janvier, François Hollande a " su montrer comment la compétitivité économique, la plus grande efficacité rejoignait l’intérêt des salariés du pays", a-t-il encore positivé. "C’est pleinement une politique de gauche aux yeux des élus socialistes {et encore pas tous!], d’abord parce qu’elle va permettre de relancer un puissant mouvement de dialogue social, et ensuite parce qu’aider les entreprises, les rendre plus fortes dans la compétition internationale, c’est aider les salariés de ses entreprises", a-t-il présumé, avant de sortir une lapalissade à tiroir: "on n’a jamais vu un chômeur trouver un travail dans une entreprise qui perd des marchés, jamais vu un salarié se porter bien quand son entreprise se porte mal". Mandon a bien parlé ! Comme un socialiste aux affaires...
Philippe Vigier, porte-parole de l’UDI : La conférence économique et sociale au printemps annoncée par François Hollande pour arrêter les termes du pacte de responsabilité est trop tardive face à l’urgence " absolue". " L’urgence, ce n’est pas dans deux mois; attendre, c’est perdre de la compétitivité". "Il faut baisser massivement les charges des entreprises ". "Si François Hollande change de pied et prend le chemin que nous avons tracé, nous serons là. La situation est trop grave pour une posture politicienne ".
Christian Jacob, chef de file des députés UMP : "Il faut vraiment arrêter d’emmerder les Français et les entreprises". Le président "se préoccupe des contraintes avant de dire clairement quelles sont les baisses de dépenses, quelles sont les baisses de charges". "Elles sont où? Aucune aujourd’hui n’est précisée".
François Hollande doit "d’abord se concentrer sur ce sujet", d’autant "qu’il est en perte de crédibilité totale" sur le budget de l’Etat. "Il y a 15 milliards d’euros d’écart entre la loi de Finances initiale et l’exécution budgétaire" en 2013. "On est en face d’un véritable scandale, d’un mensonge budgétaire".
Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF : "Les grands perdants de ces annonces sont, une fois encore, les salariés qui vont payer le hold-up patronal sur la solidarité nationale". " François Hollande n’a qu’un seul partenaire, le Medef". " Le président a ainsi confirmé les 30 milliards sur 3 ans de baisse des cotisations familiales pour les employeurs, une refonte de la fiscalité pour l’aligner sur les pays européens pour 2020, et la simplification, a posteriori, des démarches administratives des entreprises".
"Quant aux contreparties", il "a noyé le poisson". "Toujours aucun objectif chiffré, notamment en terme de création d’emplois. L’observatoire des contreparties est mort-né. Il est devenu l’observatoire du néant".
"D’ores et déjà, la mobilisation pour le 6 février s’annonce comme cruciale pour empêcher ce mauvais coup fait au monde du travail".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):