Plus l'opération Serval dure, moins le chef de guerre est grand
La guerre de trois mois
Le ministre de la Défense Le Drian
rendait visites aux troupes françaises
au Mali le 1er janvier 2014.
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La situation reste tendue dans la région de Kidal après 12 mois que l'opération Serval a débuté, le 11 janvier 2013 pour combattre les forces djihadistes installées dans le nord du Mali.
Dans la foulée du coup d'Etat qui avait renversé en mars le président Touré, tout le nord du Mali est passé aux mains d' islamistes alliés à la branche maghrébine d'Al-Qaïda (Aqmi). Ces groupes armés avaient imposé une stricte application de la charia, avec son cortège d'exactions et brimades notamment dénoncées par Amnesty International : exécution d'un couple non marié, amputations de présumés voleurs, flagellations de buveurs d'alcool ou de fumeurs, arrestations de femmes non voilées… Les islamistes d'Ansar Dine avaient également détruit des mausolées de Tombouctou, classés au patrimoine mondial de l'humanité.
Le premier mort français est à déplorer dès le premier jour de cette guerre qui devait être éclair: le chef de bataillon Damien Boiteux reçut une balle à l'aine. Suivront l'adjudant Harold Vormezeele, le caporal-chef Cédric Charenton, le maréchal des Logis Wilfried Pingaud, le caporal-chef Alexandre Van Dooren, le sergent Stéphane Duval et le brigadier-chef Martin-Vallet en juillet. Deux civils français furent également les victimes de l'engagement du président Hollande, les journalistes, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, 57 et 55 ans, enlevés et exécutés par des islamistes.
François Hollande doit prolonger la durée des opérations mais donne le calendrier de retrait progressif des troupes françaises. Les premiers départs se font début avril, avec une centaine d'hommes - des parachutistes dans la région de Tessalit - sur les 5.000 présents en janvier.
Le 19 septembre, alors que rien n'est encore fini, François Hollande fait une visite triomphale à Bamako pour la cérémonie d'investiture du président malien Ibrahim Boubacar Keita.
Depuis fin octobre, la force Serval opère en effet en coordination avec les unités de la Minusma et les Forces maliennes (Fama). Et ce, dans le cadre de l'opération "Hydre" qui mobilise 1.500 hommes dont 600 soldats français. Commencée le 20 octobre, elle est conduite dans la région de la boucle du fleuve Niger.
Il faut encore que le pays relance une économie éprouvée par plusieurs mois de combats
Les enjeux français se veulent plus stratégiques qu'économiques
Paris se défend d'avoir des intérêts économiques au Mali: les ressources s'y limitent à de l'or et des réserves hypothétiques d'uranium et pétrole ! L'économie repose essentiellement sur l'agriculture vivrière, du coton et de l'or (15 % du PIB, principale exportation depuis deux ans). Une huitaine de mines, notamment de l'entreprise offshore Randgold, font de ce pays le troisième producteur du continent, avec 50 tonnes par an, derrière l'Afrique du Sud et le Gabon.
Dans l'uranium, le canadien Rockgate essaie depuis des années de développer une mine près de la ville de Falea, malgré des objections environnementales. Ses estimations font état de 10.000 tonnes de minerai à 0,03 % d'uranium. Areva, très actif au Niger voisin, n'est pas encore implanté au Mali.
Enfin, dans les hydrocarbures, le vaste bassin de Taoudeni, à cheval sur l'Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali, fait naître quelques espoirs. Il n'existe pour l'instant aucune production au Mali, ni même de résultats probants de prospections. Agip et Texaco ont mené des recherches dans les années 70, tout comme Esso et Elf plus tard, mais sont reparties, déçues. Diverses compagnies ont obtenu des concessions, mais principalement l'algérien Sonatrach qui extrait déjà de l'or noir dans la partie algérienne du bassin et à qui le Mali en a accordé une dizaine il y a cinq ans.
Pour autant, la stabilité du Mali constitue un enjeu important pour l'économie d'Afrique de l'Ouest, le pays se situant au carrefour de pays importants, comme le Niger (uranium), la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, le Burkina, la Guinée et le Sénégal.
Adeptes du kidnapping, les djihadistes basés au nord du pays menacent "les voyageurs et les flux commerciaux de la région, ce qui donne une forte dimension politique et anti-terroriste à l'intervention française", souligne Paul Derremaux. Bien que l'ONU évaluât fin décembre à 200.000 le nombre de personnes déplacées dans le pays, l'économie locale s'est montrée résiliente, constate un diplomate, grâce aux agriculteurs qui continuent à cultiver leurs champs imperturbablement.
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