L'ex-candidat à la présidentielle est sorti de sa prostration
Canio, le comédien de Léoncavallo,
en plein désarroi
juste avant la représentation fatale,
exhorte son propre personnage à paraître joyeux sur scène
Il a tout perdu
François Bayrou signale sa présence au sortir de son "pays du silence"
Pour la première fois depuis qu'il a perdu son siège de député, le 17 juin dernier, l'ancien candidat à la présidentielle s'est épanché auprès de journalistes d'Europe 1 et du Figaro, histoire de dire qu'il n'a pas l'intention de disparaître du paysage politique, alors qu'il s'effondre dans les enquêtes d'opinion: encore personnalité politique préférée des Français au début de l'année 2012, selon IPSOS, il perd huit points dans le dernier baromètre IFOP pour Paris Match, avec "seulement" 52 % d'avis favorables, il se rêve toujours en "recours".
Pour lui non plus, le changement n'est pas pour maintenant
Il n'a pas changé et se croit toujours en pleine campagne présidentielle, quand la presse s'interrogeait sur sa stratégie : "Le jour viendra où la graine semée germera", expliquait-il. Le patron du MoDem, qui n'hésite pas à se comparer à François Mitterrand ou à Lionel Jospin, "devenu Premier ministre quelques années après avoir été battu aux législatives", promet même, sans préciser sous quelle forme, que son courant politique "ressurgira". Comme celle de Jospin, la vie de Bayrou s'est arrêtée en 2002. Un jour de 2011, l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius, dit aussi que "Mitterrand est aujourd’hui adulé, mais il a été l’homme le plus détesté de France. Ce qui laisse pas mal d’espoir pour beaucoup d’entre nous…"
Toujours arc-bouté sur sa ligne Maginot d'indépendance pure et dure, il fait mine de ne pas s'intéresser aux "petits jeux" de la "brouette de grenouilles". À savoir : les Jean-Louis Borloo, Jean-Christophe Lagarde et autres lieutenants du centre droit, qui, chacun à la tête d'un parti, essayent de tomber d'accord sur la meilleure manière de constituer une structure unique. Si aucun d'entre eux ne ferme la porte à celui qui fut, pour beaucoup, leur mentor, tous condamnent son "erreur" stratégique depuis 2007. C'est même le choix d'une stratégie strictement présidentielle qui, en creux, est rejeté par ces lieutenants qui tirent avec lucidité les leçons d'un égarment individuel et cherchent à se reconstruire par la voie parlementaire, avant un débat nécessaire sur la question des primaires, avec ou sans l'UMP - et dans une alliance claire avec la droite.
"Trois vaines tentatives"
Vendredi matin, le président de l'Alliance centriste, Jean Arthuis, qui avait soutenu François Bayrou jusqu'à l'entre-deux-tours, a d'ailleurs exprimé sur son blog, dans une formule lapidaire, son envie de tourner la page : "La stratégie axée sur l'élection d'un président de la République ni de droite ni de gauche, après trois vaines tentatives, est une impasse." Mais, plus officieusement, l'un des leaders de ces formations de centre droit, qui, comme les autres, avaient soutenu Sarkozy et regretté publiquement la décision de Bayrou, confie l'avoir "encouragé" à faire ce choix, non pas parce qu'il partageait son avis, mais parce qu'il lui reconnaissait une certaine "cohérence" dans son évolution politique.
Bayrou, lui, n'admet toujours pas de regrets à avoir voté François Hollande : "Quand vous allez au bout de vos idées, vous avez parfois des moments difficiles. D'autres ont vécu ça", commente obstinément celui qui, aux dires de plusieurs de ses proches, n'a pris sa "décision historique" qu'après avoir consulté ses enfants par téléphone ! Au terme d'une longue carrière nationale, Bayrou a fait la preuve de son aveuglement face à l'intransigeance de l'hégémonique Parti socialiste.
Une erreur mortelle d'appréciation que, malgré son ego, Mélenchon n'a pas commise.
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