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samedi 3 mai 2008

La génération 2008 des lycéens plébiscite la discipline et la réussite scolaire

Les jeunes qui revendiquent plus d’autorité sont-ils dans la rue un jour sur deux ?
Encore un sondage sidérant !
Les lycéens de 2008 sont en quête d'autorité. À quelques jours du quarantième anniversaire des événements de mai 1968, un sondage publié mercredi 23 avril par le magazine du groupe Bayard comme La Croix ou I Love English, Phosphore, pour lycéens (15 - 25 ans), démontre qu'ils ne sont pas vraiment des révolutionnaires!
Selon cette enquête, réalisée auprès de 1 500 jeunes de 20 établissements,
- 80 % des jeunes estiment que les enseignants devraient exercer leur autorité pour faire respecter
- l'écoute en classe,
-mais aussi le respect des autres (82,6 %)
-ou encore les travaux scolaires (73,4 %) et le règlement.
En revanche, les lycéens souhaiteraient plus de clémence sur les retards… Parmi eux, les filles sont les plus demandeuses d'autorité.

Un constat qui, selon Georges Felouzis, sociologue de l'université de Genève qui a participé à l'étude, s'explique par l'évolution de la société : «on ne peut pas se révolter contre quelque chose qui n'existe plus de la même manière». Ces résultats sont également à mettre en regard des revendications actuelles des lycéens, de blocages de lycées en manifestations. Car ils ne se mobilisent pas pour remettre en cause l'ordre établi, mais contre des suppressions de postes dans l'Éducation nationale.

A chacun son prof ?
«Rendez-nous nos profs !», lisait-on ces dernières semaines sur les banderoles lycéennes. Selon la psychologue Gaëtane Chapelle, qui a également contribué à l'étude, «cette génération est la première qui est entrée à l'école avec la perspective que quasiment tous iraient au lycée et que le baccalauréat est indispensable». Dans ce contexte, «les lycéens demandent que le système éducatif mette en œuvre les meilleures conditions pour qu'ils accèdent à cet objectif», explique Georges Felouzis . La nouveauté est plutôt que l'idée que le système éducatif ne serait pas à leur hauteur n'avait pas encore été inculquée aux générations précédentes! Les intéressés décrivent souvent des classes surchargées où règne un éternel chahut . A croire que le chahut est créé par les profs... Donc, plus de profs et de caméras de surveillance dans les classes ?

Les jeunes veulent en revanche que cette autorité retrouvée soit adaptée à leurs désirs !
Des sanctions acceptées
Pas d'augmentation des heures de colles, des exclusions ou encore des remontrances… Il est bien connu que les lycéens sont brimés et que leurs professeurs tachent leurs vêtements, volent leurs affaires, les insultent et crachent à trois pas.
L’autorité négociée
60,8 % d'entre eux préféreraient que les professeurs exercent leur autorité en tête à tête.
«En clair, les lycéens demandent plus de discipline tout en en contestant les modalités actuelles. Ils demandent de l'autorité mais enlèvent les outils aux profs !», explique Gaëtane Chapelle qui met en garde contre une autorité qui ne serait exercée qu'en tête à tête. Elle s'explique par le souci de l'image qu'ont les jeunes de cet âge. L'image qu'ont d'eux leurs professeurs leur importe nettement moins !
La nouvelle autorité découle également des bouleversements au sein de la famille. «L'autorité dans le contexte familial s'est transformée en une négociation permanente entre les adolescents et les adultes, et les lycéens voudraient reproduire ce modèle dans la sphère scolaire», explique Gaëtane Chapelle.
Echec de la formation à l'autonomie
La conception des jeunes de l'autorité est révélatrice d'un besoin de plus d'individualisation face à la massification de l'enseignement. Est-ce à dire que la pédagogie différenciée aurait échoué?
«Méritocratie à la française»
Et ce alors que le site note2be, qui notait publiquement les enseignants, a suscité beaucoup d'émoi avant que les références nominatives ne soient retirées. Pour ces lycéens, le système éducatif est une fabrique de diplômé(e)s. Il sert avant tout à
-réussir les examens, pour 83 % d'entre eux;
- acquérir une culture générale (76,4 % des lycéens interrogés) et
- s'orienter (72,1 %).
Clairement, pour 77,7 % des jeunes, le baccalauréat est utile, voire indispensable pour près de 70 % d'entre eux. Et seuls 18,4 % le trouvent facile ; la proportion de ceux qui ne l’ont pas du premier coup (sachant que tous l’obtiennent à l’usure, au mérite selon les jurys qui récompensent l’acharnement.
La méritocratie séduit les 85% de bacheliers…
Quelle idée se font-ils donc du mérite ? «Face à la peur de l'avenir diffusée dans la société et la perspective du chômage, ces jeunes sont attachés au système de la méritocratie à la française et l'obtention d'un diplôme national légitime», même dévalué, explique Georges Felouzis. En revanche, seuls 18 % jugent le bac suffisant.
Et ils ne sont pas pour un statu quo sur sa forme. En effet, seule une courte majorité estime que le baccalauréat devrait rester tel quel tandis que l'autre petite moitié d'entre eux suggère d'intégrer plus de contrôle continu.
Or, le contrôle continu, c'est plus d’arbitraire ! Et d’inégalité de classe à classe et d’un établissement ou d’une académie à l’autre. Sans parler du chantage sur les profs soumis aux pressions du front des élèves et de leurs parents, mais aussi des chefs d’établissements obsédés par leurs taux de réussite. Rien que du positif, donc ! Un projet de réforme en ce sens présenté en 2005 par François Fillon avait été retiré face… aux manifestations lycéennes ! Manipulables, les jeunes autonomes qu'on dit émancipés et plus mûrs que leurs parents?

Alors que Xavier Darcos s'apprête à donner aux syndicats la feuille de route de la réforme du lycée, seuls 45,7 % des lycéens estiment que les cours magistraux sont efficaces et 37,1 % les jugent intéressants, tandis qu'ils demandent plus de sorties pédagogiques, intéressantes pour 70,3 % d'entre eux. Et probablement plus de convivialité et d'interactivité dans les apprentissages ? Gagné !
Le travail en groupe est jugé utile et intéressant pour les deux tiers d'entre eux. Ce qu'ils demandent : du soutien personnalisé. Il faut toutefois signaler que cet engouement est lié au dédoublement de ce type d'enseignement. Faut-il aller vers le tutorat pour tous !
Au lycée Honoré-de-Balzac, dans l'Essonne, Fatiah apprécie l'heure d'«aide maths» qu'elle suit avec une dizaine de camarades le jeudi. «J'avais l'impression de comprendre en cours, mais j'avais des difficultés aux contrôles, ces cours en petits groupes m'aident vraiment», explique-t-elle. Ce soutien n'existe qu'en seconde et l'une des pistes de la réforme du lycée est précisément de développer l'expérience. C'est aussi le constat d'une brillante pédagogie en oeuvre depuis des années: apprendre à apprendre.
Il reste donc du chemin à parcourir... et une question...
Le sondage ne pose pas LA question fondamentale de confiance:
l'effort vous convient-il?...

On retrouve bien là la génération individualiste du ludique !

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