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mercredi 14 mai 2008

France 2 soumis à la censure de Besancenot : le trotskiste y dicte sa loi

Retour à l’ORTF avec la LCR sur France Télévisions
Pré-enregistré, aseptisé et diffusé le 11 mai, le passage de l’un des trois porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) à l'émission de divertissement de Michel Drucker fait figure d'événement. Il n’est pourtant que le troisième (après Arlette Laguiller -BEPC, 68 ans, deux fois plus que Besancenot- pour LO et le sexagénaire Dany-le-Rouge pour les Verts) à composer avec la télé, opium du peuple, et donc aussi avec ses convictions… Il "tient des propos qu'on entend rarement à la télévision", relève Claude Sérillon, l'un de ses interlocuteurs dans cette émission enregistrée mercredi, avec enthousiasme.
Tout manipulateur politique chevronné qu'il soit, Olivier Besancenot est tombé dans le piège du vedettariat en acceptant d’être le point de mire de l'émission de Michel Drucker "Vivement dimanche" et il n’est pas parvenu à se dégager de celui de la novlangue révolutionnaire.

La bienveillance de la presse de droite n’est pas innocente. Si le quotidien Le Figaro a accordé une pleine page vendredi à celui qui refuse toute alliance avec le PS, ce n’est pas seulement pour faire baver l’enragée socialiste, mais c’est aussi pour précipiter le petit trotskiste dans le star-system.
Paradoxalement, la fraction minoritaire de la LCR a, elle aussi, apporté sa contribution au buzz médiatique : Picquet Christian,, avait accusé son chef de file Christian Picquet.
De fait, la popularité du postier de Neuilly-sur-Seine est sans rapport avec son matelas futon électoral: un peu plus de 4% des voix à l'élection présidentielle de 2007 et celle de 2002, mais une notoriété personnelle (61% de bonnes opinions) qui tutoie celle de Bertrand Delanoë (64%), voire de Désirdavenir Royal (71%), chez les sympathisants de gauche, toutefois. C’est dire que chacune de ses prestations est perçue comme un spectacle.

Le jeune leader - 34 ans le mois dernier - se défend mollement de céder à la "starisation". "La représentation médiatique, j'y ai toujours pas pris goût", assure-t-il, toujours dans le même style peu académique pour faire peuple, jusque sur les canapés rouges du service public. De sa femme et de son fils de 4 ans et demi, on ne saura donc rien de plus, mais personne ne s'en est plaint. Sa compagne, Stéphanie Chevrier, occupe un poste à responsabilités au service direction littéraire d'un grand éditeur (Flammarion) et le peuple n'a pas à entrer dans l'intimité de ce couple bourgeois... Tout juste des images en accéléré du postier jouant au football avec ses "potes" et du club de boxe qu'il fréquente assidûment - avec un Besancenot sans les gants en la circonstance. Le révolutionnaire aime les coups, mais détesterait en donner : il n’aime pas le sang de la révolution ‘à tous les coins de rue’…
Le jeune révolutionnaire trotskiste imberbe est là pour "s'adresser à des millions de personnes" et exposer ses "engagements", "donner la parole à ceux qui ne l'ont pas d'habitude", encore qu'on les ait beaucoup vus et entendus dans la rue depuis trois ans... Mais ce n'est ni révolutionnaire, ni nouveau: c'est même le tube de la LCR, en fait une scie, du même tonneau que le "Travailleurs travailleuses, on nous ment, on nous spolie". Rebattu, le film est aussi coupé de pubs promotionnelles chansons de Jean Ferrat, Bernard Lavilliers et du groupe Zebda (du mot arabe qui signifie beurre : c’est un jeu avec le mot beur, qui signifie arabe en verlan...), dont les engagements à l’extrême gauche sont connus, et une autre de l’Arménien Charles Aznavour. Il manquait celui-là, en photo à gauche...

Le casting des témoins a été soigneusement établi: deux femmes syndicalistes, l'une de l'ex-fabricant de stylos Reynolds à Valence, aujourd'hui disparu, l'autre d'une entreprise métallurgique de la région lilloise, font un récit brut de décoffrage du vécu ouvrier. Zola était donc de la partie …
Le public des militants paraît acquis à la cause du p'tit gars de Levallois-Perret, selon la légende, venu au militantisme politique à 14 ans à peine (!) par l'entremise d'un professeur d'allemand trotskiste [tiens, çà se passe comme çà, dans l'enseignement?]. Mais la réalité est plus banale : il n’a fait que coller aux jupons de sa maman psychologue scolaire et subir les ukases d’un père professeur de physique en collège.
Bien que la moyenne d'âge soit assez élevée, ses admirateurs ont été triés sur le volet et amené en car. Ils jouent ceux qui retiennent leur souffle dans le parterre, lorsque surgi des cintres apparaît le deus ex machina. Au programme, la femme de couleur de service, la sémillante députée radicale (PRG) entre en scène: pas vraiment une déesse, l’intermittente du spectacle Christiane Taubira vient interpréter la grande scène de l'acte III et se fait la porte-parole de la sympathie de la multitude de gauche à son égard . "S'il te plaît, continue à parler!", le supplie-t-elle. L'émotion est à son comble: elle a atteint l'orgasme trouvé l'extase et les paralytiques croient au miracle.

Toutefois Besancenot "revendique pour (sa) génération un gros doute". Mais ses révoltes et certitudes passées laissent venir parfois des malaises et des blancs, comme sur la question de la prise du pouvoir par la force: c'est un doux euphémisme pour "révolution" ! L'important, c'est que "les masses, les exploités, les opprimés fassent irruption sur la scène publique", élude-t-il. Tout le monde n'a pas un coach de l'envergure du socialiste Le Guen qui réserve ses mises en scène de "colère saine" à Sa Cynique Majesté Royal, deuxième prix du conservatoire. Le disque de la LCR est rayé ? Le petit postier est venu nous l'annoncer...

On ne peut tout prévoir et la LCR n'a pas pu éviter le trou de mémoire et l'à peu près. Dans l'ensemble du cousu main par les membres de la LCR qui ont réglé le spectacle. Mais les petites mains ont fait ce qu’elle ont pu avec, en tout et pour tout, du fil rouge et noir …

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