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lundi 6 août 2007

Mgr Lustiger nous a quitté pour l’éternité

‘Un père, un frère, un ami’ (Mgr André Vingt-Trois)

Cardinal juif polonais converti au christianisme, Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris de 1981 à 2005, est mort samedi à Paris, à l'âge de 80 ans, des suites d'un cancer. Après "plusieurs mois d'un long traitement qu'il a supporté avec constance", selon le diocèse de Paris, il s’est éteint dans un établissement de soins palliatifs dépendant de la fondation des Dames du Calvaire où il avait été admis le 23 avril.

En octobre 2006, Mgr Lustiger avait annoncé aux prêtres et diacres de Paris qu'il était atteint d'"une maladie grave dont le traitement a commencé". Le 31 mai 2007, il avait fait une brève apparition à l'Académie française pour adresser ses adieux aux "Immortels". "Vous ne me reverrez pas", leur avait-il lancé. Sa dernière apparition en public remontait au 26 janvier 2007, quand il avait concélébré la messe d'obsèques de l'Abbé Pierre à Notre-Dame.

"Les dernières semaines ont été plus particulièrement douloureuses et pénibles" pour le cardinal, écrit dans un communiqué l'actuel archevêque de Paris Mgr André Vingt-Trois, qui succéda à Mgr Lustiger en 2005.

Sa mort, annoncée de source gouvernementale et confirmée par l'archevêché, a été révélée dimanche soir aux fidèles de Saint-Germain-des-Prés à l'issue de la messe dominicale

Son parcours

Son parcours aura été très singulier. Médiatique bien que timide, cet homme d'Eglise se sentait investi d'une mission universelle dans l'Eglise, à laquelle il s'était adonné depuis sa conversion au catholicisme durant la Deuxième Guerre mondiale

Il est né en 1926 à Paris de parents bonnetiers, des réfugiés polonais, conscients de leurs racines mais peu religieux. La mère d’Aaron Lustiger était morte à Auschwitz. Converti au christianisme à l'âge de 14 ans, il devint Jean-Marie, fut ordonné prêtre le 17 avril 1954 et.

Il fut aumônier des étudiants de la Sorbonne et des grandes écoles, puis curé de la paroisse Sainte-Jeanne de Chantal à Paris (XVIe). Nommé évêque d'Orléans en 1979 par Jean Paul II, il devient archevêque de Paris trois ans plus tard, en 1981, et cardinal après deux années, en 1983.

"Pas un instant je n'oublie l'histoire que je représente", revendiquait-il en juin 1995 lors de sa nomination à l'Académie Française en remplacement du Primat des Gaules, archevêque de Lyon, le cardinal Albert Decourtray, autre artisan du dialogue judéo-chrétien.

Homme d'ouverture et auteur de nombreux ouvrages sur la foi, considéré comme un "traditionaliste moderne", Jean-Marie Lustiger compta parmi les proches de l'ancien pape Jean Paul II, fut considéré comme ‘papabilable’ en 2005 et fut également membre de l'Académie française.

Un homme d’exception

Proche de la société civile, à l'aise dans tous les milieux sociaux, intellectuel charmeur, "juif égaré" pour les uns, "drôle de paroissien" pour les autres, personnalité atypique, brillante, parfois rugueuse, Mgr Lustiger ne laissait pas indifférent, provoquant, jusqu'au sein de l'Eglise, admiration ou amertume.

"Toujours prêt à intervenir dans les débats publics aux moments difficiles ou importants comme à accueillir discrètement des personnages officiels, il tenait une place particulière dans notre société et dans les débats intellectuels de notre temps, notamment par sa participation à l'Académie Française."

Pour Nicolas Sarkozy, "la France perd une grande figure de la vie spirituelle, morale, intellectuelle et naturellement religieuse de notre pays".

"Sa personnalité était à l'image des épreuves que la vie lui avait fait traverser et qui furent d'abord celles de l'Europe au cours du 20ème siècle. Elles avaient forgé un homme de caractère, mais aussi d'engagement et de liberté d'esprit", dit-il dans un communiqué.

"Jean-Marie Lustiger était l'image même de l'homme de foi et de vie intérieure."

D'après Odon Vallet, spécialiste partial des questions religieuses, "c'était un homme de caractère, un caractère pas commode, qui a tout chamboulé à Paris". Il cite notamment l'accès à la prêtrise, la création de maison de séminaristes ou "une attitude très directive envers les prêtres parisiens".

Même s'il avait fait des erreurs, comme la création de la chaîne de télévision Kto, "devenue une catastrophe financière", selon Odon Vallet, Jean-Marie Lustiger savait à la fois entreprendre et "envoûter son auditoire et avait redonné un certain lustre à la cathédrale Notre-Dame-de-Paris".

Pourtant, Mgr Vingt-Trois, son successeur à l’archevêché de Paris, ne partage pas l’avis de Vallet et souligne que "pour les catholiques parisiens, c'est un archevêque exceptionnel qui les quitte", rappelant ses nombreuses initiatives, dont l'Ecole cathédrale, Radio Notre-Dame et la télévision KTO (lien internet), qui est toujours écouté et apprécié:

- En France, sur Canalsatellite, sur TPS, et sur le câble
- En Europe, via le satellite ASTRA et HOTBIRD
- Partout dans le monde, sur Internet en Real Video

Le diocèse de Paris annonce qu'une messe sera donnée en son honneur ce lundi par Mgr Vingt-Trois et qu'une chapelle ardente sera mise en place jeudi dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, où ses obsèques seront célébrées le lendemain.

Ses obsèques

Elles seront célébrées vendredi à 10H00 à la cathédrale Notre-Dame de Paris et une chapelle ardente sera organisée la veille, de 9h00 à 22h00, dans la cathédrale pour permettre "aux Parisiens et à ceux qui le voudront de prier près du cardinal ou de le saluer une dernière fois", selon l'archevêché.

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