L'ONU et l’Union Africaine déploient une force au Darfour
Le Conseil de sécurité de l'ONU a décidé mardi 31 juillet le déploiement d'une force ONU-Union africaine dans la province soudanaise du Darfour, théâtre d'un sanglant conflit entre le pouvoir central et des mouvements rebelles.
Peu de temps après l'adoption du texte à l'unanimité, l'ambassadeur américain à l'ONU, Zalmay Khalilzad, a prévenu que le Soudan s'exposerait à des sanctions "unilatérales et multilatérales" en cas de non respect de la résolution 1769.
Cette résolution autorise le déploiement d'une force hybride ONU-UA, baptisée Unamid constituée d'environ 26.000 soldats et policiers, dans la province soudanaise du Darfour déchirée depuis 2003 par la guerre civile. Le déploiement de cette force, dont le coût est estimé à environ deux milliards de dollars, est destiné à prendre le relais des 7.000 soldats de l'UA actuellement sur place, mal équipés et sous-financés.
La résolution a été soutenue par la Grande-Bretagne, la Belgique, le Congo, la France, l'Italie, le Pérou et la Slovaquie. Elle autorise la force ONU-UA à prendre "les mesures nécessaires" (impliquant l'usage de la force si nécessaire) prévues au chapitre VII de la Charte de l'ONU pour protéger son personnel, assurer la sécurité et la liberté de circulation des travailleurs humanitaires, prévenir les attaques et les menaces contre les civils et soutenir la mise en oeuvre de l'accord de paix du Darfour.
Les rédacteurs de la résolution ont renoncé à invoquer le chapitre VII pour donner pouvoir à la force mixte d'enquêter sur la présence éventuelle d'armes au Darfour, ce qui serait une violation des résolutions de l'ONU. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient au départ préconisé une ligne très ferme contre le Soudan mais il est vite apparu nécessaire d'adoucir le texte pour obtenir le soutien de certains membres africains du Conseil de sécurité et de la Chine.
Ainsi, le 24 juillet, la France et la Grande-Bretagne, soutenus par les Etats-Unis, ont retiré les menaces de sanctions du projet de résolution. Mais dans la matinée, le Premier ministre britannique Gordon Brown, dans un discours à l'ONU, avait brandi la menace de sanctions contre Khartoum "si rien n'est fait pour arrêter la violence" au Darfour.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a qualifié la résolution d'"historique et sans précédent".
Pour l'ambassadeur du Soudan à l'ONU, la résolution adoptée "constitue une amélioration" par rapport aux précédentes moutures et "contient de nombreux éléments positifs".
L’ambassadeur de Grande-Bretagne, Emyr Jones Parry, a pour sa part déclaré qu’il fallait maintenant porter tous les efforts sur les moyens d'"assurer un règlement politique" entre le gouvernement de Khartoum et tous les groupes rebelles du Darfour.
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé que la résolution "est porteuse d'un très grand espoir" mais "ne doit pas nous inciter à relâcher nos efforts".
Le déploiement de la force hybride "va nécessiter de la communauté internationale qu'elle se mobilise de manière durable et va exiger des ressources financières et humaines", a dit le numéro deux de la délégation française à l'ONU, Jean-Pierre Lacroix. "C'est le prix à payer pour pouvoir faire vraiment la différence sur le terrain et la France est prête à contribuer à cet effort", a-t-il ajouté.
Deux ONG positives, Oxfam et Christian Aid, ont salué mardi l'adoption de la résolution tout en exprimant leur inquiétude sur le temps nécessaire pour que celle-ci soit mise en oeuvre. L'Unamid sera, à ce moment-là, la plus importante mission de paix au monde.
Le déploiement de la force hybride, "pour une période initiale de 12 mois" n'est pas en effet attendu avant le début de l'année prochaine : encore cinq mois d’atrocités ! La guerre civile au Darfour a fait environ 200.000 morts et 2,1 millions de déplacés, selon l'ONU, des chiffres contestés par Khartoum.
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