Une provocation de journalistes militants de la CGT…
Faut-il tout supporter des paparazzi ? Certes, la candidate socialiste leur fait les yeux doux et les met constamment à contribution, mais ce n’est pas le cas de Nicolas Sarkozy qui –lui- est Président et doit s’en accommoder dans l’exercice de ses fonctions mais s’en défendre et protéger sa famille dans sa vie privée. Il a eu à cet effet l’initiative d’un point presse pour expliquer à la presse qu’il y a un temps pour chaque chose et qu’il souhaite le respect de sa vie privée. Des photographes d’agences sont passés outre la requête du président, qui n’a pas du tout apprécié.
Le Syndicat National des Journalistes CGT (SNJ-CGT) "exige" dans un communiqué en date de mardi 7 juillet que le président de la République, Nicolas Sarkozy, présente ses "excuses" aux deux photographes américains qui ont fait dimanche un reportage sur ses vacances, manifestant par cette intrusion dans la vie privé un manque de respect dû pourtant à tous : les journalistes, militants extrémistes, ont fait fi de la demande expresse du chef de l’Etat. On est en droit de parler de défi et de provocation.
L’agence de presse française, qui s’implique personnellement dans cette affaire, rapporte la scène avec un parti pris inouï. Le choix des termes et citations n’est pas anodin. Le SNJ-CGT, qui est en campagne permanente, "dénonce la violence" de la réaction d'un "président aux nerfs fragiles" qui "se complaît à solliciter plus qu'à son tour les médias sur le moindre de ses faits et gestes et s'est trouvé piégé en se brûlant aux feux de la rampe". Les militants du SNJ-CGT répondaient-ils précisément à l’une de ces soi-disant sollicitations ? Ou faisaient-ils des heures sup ? Les 35 heures ne s’appliquent pas aux militants dans l’exercice de leur profession …
Le respect des extrémistes s’exprime par le mépris : "L'homme aux nerfs d'acier a craqué pour des photos en menaçant des journalistes d'agence et non comme certains ont voulu le faire croire en ayant à faire à des 'paparazzi' en mal de scoop", souligne le syndicat avec dédain qui appelle le président à retrouver son "calme". La CGT établit au passage une distinction révélatrice entre la noblesse des journalistes de la CGT et le peuple des paparazzi … La lutte des classes, en interne, comme en externe ! Et puisque le syndicat des journalistes CGT en est à l’heure des leçons, est-il permis de rappeler les syndicalistes à la déontologie et au respect de la personne d’autrui ? Noblesse de plume et manants du numérique n’ont pas les mêmes valeurs. On retient qu’un paparazzi est donc un photographe qui n’adhère pas au SNJ-CGT.
"Zut alors! Le président français perd son sang froid", titrait lundi sur son site internet la feuille locale -le New Hampshire Union Leader-, les deux premiers mots en français dans le texte. D’autres journaux par choix militant ne sont pas cités, mais ils existent pourtant, tel le Boston Globe… On observe en outre que les journalistes américains peuvent connaître le français, quand ça les arrange. Invoquée par l’un des protagonistes, l’excuse du barrage de la langue ne tient pas ! Elle n’existe qu’au Proche Orient lorsque la candidate socialiste malencontreuse en tournée médiatique la prétextait dans son soutien pro-palestinien…
Le SNJ-CGT s’est découvert pour l’occasion une soudaine sympathie pour les Etats-Unis et approuve tout à coup les méthodes américaines : sa solidarité internationaliste ne connaît plus désormais de limites. La version papier de ce journal préféré à d’autres –mais on sait pourquoi–, dont le titre est plus mesuré --"Les appareils photos font enrager Sarkozy sur un lac du New Hampshire"-- publie à la Une une des photos du chef de l'Etat … en maillot de bain. Rien de commun donc avec un boulot de paparazzi... Il se trouve sur un hors-bord conduit par un des agents de sécurité français qui l'accompagnent, et pointe du doigt deux photographes postés non loin à bord d'un autre bateau. [On aurait pu écrire qu’il ‘montre du doigt’ pour être plus neutre, comme il sied à un journaliste, s’il est impartial, et moins agressif comme il sied à un journaliste qui ne milite pas dans l’exercice de sa profession…]
Dimanche en milieu de journée, vers 14H00 (18H00 GMT), M. Sarkozy a ‘violemment pris à partie’ (selon les termes de l'agence française...) l'un d'entre eux après être monté à bord de leur bateau, avait-on appris dimanche soir auprès de, Vincent DeWitt, l'un des deux reporters taquins qui ‘font enrager Sarkozy’. Les gentils journalistes qui pêchaient tranquillement par là virent donc leur frêle embarcation prise soudainement à l’abordage par un pirate inconnu dénommé Sarkozy-le-Rouge. Greenpeace, oui; Sarkozy, non!
"Un photographe d'Associated Press, Jim Cole, et moi, sommes sortis vers 13H00 en hors-bord et nous nous sommes dirigés vers la villa où réside le président", a précisé le photographe indépendant –c’est donc tout dire… "Il y avait du mouvement sur le pont, le président, une femme et des enfants ont pris place à bord d'un bateau", a-t-il poursuivi. Ces ‘jeunes’ ‘enfants’-là ne méritent donc pas le respect de leur intimité? Dans un lieu 'public' tel que la gare du nord, un resquilleur de 34 ans, interpellé par des controleurs dans l'exercice de leur profession, est pourtant qualifié de ‘jeune’, non ? Le respect lui est dû, mais plus qu’aux autres.
Le compte-rendu –neutre- continue. Le Président de la République française y est appelé M. Sarkozy, comme un simple péquin, car un président en vacances n’est plus président. Le respect dû à la personne ne s’applique pas à la personne du président ! Et si le Président est de gauche ? "C'est là que nous avons vu M. Sarkozy pointer du doigt vers nous. Je pouvais voir qu'il était furieux. Il a demandé au capitaine de se diriger vers nous, et lorsque son bateau s'est approché il est monté à bord", a précisé M. DeWitt. "Il a commencé à nous invectiver en français, avec véhémence. A bord du bateau tout le monde restait très calme. A un moment il s'est approché de moi et m'a pris mon appareil photo, il l'a tenu entre les mains un certain temps", a dit le journaliste. ‘Invectiver’ n’est déjà pas rien, mais ‘avec véhémence’, ça fait trop impartial !
"La femme à bord du bateau (...) nous a dit en anglais très calmement: ‘Le président vous avait demandé de ne plus faire de photos’", selon le photographe, qui a rapporté que M. Sarkozy s'était ensuite calmé et était reparti en répétant qu'il avait demandé que les journalistes cessent de faire des photos. Les photographes présents à Wolfeboro où réside le président sont tous anglophones, et ont assuré ne pas avoir compris le président lorsqu'il a demandé aux medias dimanche matin lors d'un point de presse de le laisser tranquille avec sa famille. Des reporters d’agences ne lisent donc pas la presse mais ont toutefois connaissance de la présence d’un président français à un endroit précis…
Les journalistes soulignent par ailleurs que les eaux du lac sont publiques –ce qui autorise tout- et qu'ils font leur travail, ce que le chef de l'Etat lui-même a reconnu dans un premier temps. Conciliant ! "Je vais répondre à toutes vos questions, et puis après peut-être que vous pourrez (...) me laisser avec ma famille tranquillement", avait-il dit au début du point de presse.
"Je suis venu chercher l'Amérique profonde, les forêts, les lacs, la tranquillité. J'ai trouvé les forêts et les lacs, la tranquillité on a veillé à ce que je ne puisse pas en bénéficier", avait dit M. Sarkozy.
Quelques réactions
Interrogé par l'agence de presse française, le responsable à Wolfeboro de la sécurité du président, Fabrice Chanudet, a répondu qu'il n'avait aucun commentaire à faire. "Je suis responsable de la sécurité, j'ai organisé la rencontre des médias avec le chef de l'Etat dimanche matin, c'est tout. Il faut s'adresser à l'Elysée pour une réaction", a-t-il dit.
Pour le député jospinien Jean Glavany (PS), la démarche consensuelle du président et ses propos ("Je vais répondre à toutes vos questions, et puis après peut-être que vous pourrez (...) me laisser avec ma famille tranquillement") justifient donc son commentaire outrancier : "On ne peut pas convoquer les gens (à un point de presse, auquel se rend qui veut) et leur intimer l'ordre, brutal, de ne pas faire leur métier". Glavany était-il sur place? Il s’est visiblement exposé trop longtemps au soleil. Il passe ensuite du particulier au général... "Cette République des médias menés à la botte finira mal, tôt ou tard", a-t-il dit lundi. Chacun jugera ici encore que ce qui est excessif et nul et non avenu. D’autant que, dans ce registre, le socialiste jospinien juge par ailleurs positif et respectueux que le Syndicat National des Journalistes CGT (SNJ-CGT) "exige" (sic) du président de la République qu’il présente ses "excuses" aux deux photographes américains et lui ‘intime l'ordre, brutal’ de s’exhiber à la presse avec sa famille et ses amis… Enfin, ce proche de Jospin a-t-il fait la même récupération politicienne lorsque Sa Cynique Majesté Royal se montrait en bikini turquoise aux photographes sur le territoire français? Ou l'a-t-il lâchée? La récup entre 'camarades', c'est un peu visible...
M° Mignard n’a pas réagi à ce harcèlement et n’a pas assigné les journalistes, comme à son habitude et avec l’assentiment du SNJ-CGT, mais il est vrai qu’il est l’employé de Sa Cynique Majesté Royal, et non de Nicolas Sarkozy, et que la lecture du droit n’est pas la même…
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